Les rêves ne sont pas toujours vrais, mais certains, notamment ceux des Prophètes et des gens pieux, le sont.
Un jour, ‘Abdullah ibn Mubârak partit faire le Hajj. Après l’avoir accompli, se sentant fatigué, il s’allongea. Alors qu’il dormait, il vit deux anges descendre du ciel. Ils discutaient du pèlerinage. L’un dit :
-« Combien de gens sont-ils venus au pèlerinage cette année ? » -« 60.000. » -« Et combien d’entre aux ont-ils été chanceux ? » -« Aucun. Aucun pèlerin n’a eu la chance que son pèlerinage soit accepté par Allah » répondit le second ange.
-« Quelle affaire ! » se dit ‘Abdullah ibn Mubârak. Il fut chagriné pour tous ces gens qui avaient peiné et fait de longues distances pour accomplir le pèlerinage. Les anges discutaient encore. Il entendit le deuxième ange dire :
-« A Damas, il y a un cordonnier, du nom de ‘Ali ibn al-Muwaffiq. Bien qu’il n’ait pas accompli son pèlerinage, ce dernier a été accepté par Allah et grâce à lui, tous les pèlerins ont reçus la bénédiction d’Allah. »
Quand ‘Abdullah se réveilla, il se souvint de la conversation qui s’était déroulée entre les deux anges. Il se rappela aussi le nom de ‘Ali ibn al-Muwaffiq. Il décida d’aller à sa rencontre. Et ainsi, ‘Abdullah partit pour Damas. Là, il s’enquit auprès des gens à propos d’un cordonnier nommé ‘Ali ibn al-Muwaffiq. Quand il trouva enfin la maison, il frappa à la porte. Un homme ouvrit. Abdullah demanda :
-« Mon frère, quel est ton nom ? » -« ‘Ali ibn al-Muwaffiq » répondit l’homme. -« Que fais-tu pour gagner ta vie ? » -« Je répare les chaussures. Je suis cordonnier » répondit-il.
Abdullah poursuivit alors en racontant à Ali son rêve à propos du pèlerinage, et la conversation entre les deux anges.
-« Maintenant, dit-il, parle-moi de toi ».
Tout d’abord Ali était hésitant, mais encouragé par ‘Abdullah, il se sentit finalement à l’aise et commença à raconter son histoire :
-« Depuis 30 ans, je faisais des économies pour le pèlerinage. J’ai économisé de la sorte 3.000 dirhams, et j’avais pour projet de partir cette année. Mais ma femme fut enceinte. Un jour, elle me demanda d’aller chez nos voisins demander un plat qu’ils avaient cuisiné. J’allai donc chez le voisin et le lui demandai.
Il me répondit :
-« Cela fait 7 jours que mes enfants n’ont rien mangé. Je ne pouvais pas les regarder mourir de faim ! C’est alors que j’ai trouvé un âne mort, étendu sur le côté de la rue ; j’ai alors coupé un morceau de viande et je l’ai cuisiné. Mais je ne peux pas vous offrir ce plat ; il n’est pas halâl et il n’est pas permis pour vous et votre femme ».
En entendant cela j’ai eu honte de moi-même. J’étais là avec mes 3.000 dirhams, alors que mon propre voisin n’avait pas mangé depuis 7 jours. Je rentrai chez moi, pris cet argent et les donna à mon voisin.
-« Prends-le, lui dis-je, utilise tout cet argent pour nourrir tes enfants ; ce sera mon hajj ».
‘Abdullah rentra chez lui, satisfait. -« Les anges de mon rêve avaient raison » se dit-il.