Logiciel Pegasus : qui a espionné le Premier ministre Pedro Sanchez ? L’Espagne en pleine confusion
Les données des portables du chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez et de sa ministre de la Défense ont été « aspirés » par le logiciel Pegasus, en 2021. Mais par qui ? Le Maroc, déjà impliqué dans une tentative de piratage du portable d’Emmanuel Macron ? Ou des barbouzes des services secrets espagnols, comme le soupçonnent des indépendantistes catalans eux-mêmes victimes de Pegasus ? Le chef du gouvernement socialiste espagnol Pedro Sanchez. Le chef du gouvernement socialiste espagnol Pedro Sanchez. | AFP Ouest-France Patrick ANGEVIN. Modifié le 03/05/2022 à 17h21 Publié le 03/05/2022 à 16h59 Écouter
Pedro Sanchez est le premier chef de gouvernement à reconnaître avoir été piraté par le célèbre logiciel espion Pegasus. Les données du téléphone portable du Premier ministre socialiste espagnol et celui de sa ministre de la Défense Margarita Robles ont été aspirées en mai et juin 2021. Selon le quotidien El País, les pirates ont extrait "une énorme quantité d’informations". Rien n’a filtré sur leur caractère sensible ou non. Le Maroc sur la liste des suspects
Madrid évoque une attaque "externe", sans préciser s’il s’agit d’un pays étranger et encore moins lequel. Le Maroc ? À l’époque du piratage, Madrid et Rabat étaient en plein bras de fer au sujet de l’ex-Sahara espagnol, annexé par les Marocains.
Or, Rabat a bien acheté le logiciel espion à la société israélienne NSO qui ne le vend qu’aux États, en théorie, uniquement pour lutter contre mafias et terroristes. Sauf que le Maroc a été pris en flagrant délit d’espionnage sur ses opposants, des journalistes et des responsables étrangers. En juillet, Paris avait révélé que le téléphone d’Emmanuel Macron avait subi une tentative d’intrusion par Pegasus, venue du Maroc… La piste des services secrets espagnols
Cette piste marocaine ne convainc pas les indépendantistes catalans. Eux pointent le CNI, les services de renseignements intérieurs. Car l’Espagne aussi a acquis Pegasus auprès de NSO. Et, comme par hasard, peu après, pas moins de 63 figures de l’indépendantisme catalan ont découvert que leurs portables avaient été infectés entre 2017 et 2020, grâce aux révélations des cracks du Citizen Lab de l’université de Toronto qui pistent les méfaits de Pegasus dans le monde entier
Madrid nie farouchement toute responsabilité. Mais le gouvernement du socialiste Sanchez est déstabilisé. S’est-il fait déborder par des extrémistes au sein de ses propres services, mécontents de sa dépendance au Parlement vis à vis de petits partis catalans ? Les moins charitables évoquent une manipulation de l’exécutif pour transformer les "espionneurs" en "espionnés". Logiciel Pegasus : qui a espionné le Premier ministre Pedro Sanchez ? L’Espagne en pleine confusion