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17 mars 2018 09:25
Etre mère célibataire au Maroc, un long calvaire
Dans le royaume, où les relations extraconjugales et l’avortement sont interdits, 50 000 enfants naissent chaque année hors mariage.

Par Ghalia Kadiri (Casablanca, envoyée spéciale)

LE MONDE Le 16.03.2018 à 18h19

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image: [img.lemde.fr]

Dans une maternité de Rabat, au Maroc, en octobre 2011.
Smahane* lisse de sa petite main potelée le drap du bébé. Yassir* est né il y a quatorze jours. « Il ne devait pas exister », murmure la maman, qui ne quitte pas des yeux le nourrisson endormi. « Je voulais me tuer. Moi et l’être qui grandissait dans ce ventre. Pour le protéger », ajoute-t-elle d’une voix tremblante. Il y a quelques semaines, la Marocaine de 20 ans s’est retrouvée à la rue, enceinte de sept mois, prête à mettre fin à ses jours. « Par chance, j’ai croisé une femme qui m’a parlé du foyer de l’Insaf et je suis venue ici, en dernier recours. »
Nichée dans un immeuble de Casablanca, l’Institution nationale de solidarité avec les femmes en détresse (Insaf) accueille depuis près de vingt ans les mères célibataires rejetées par leur partenaire, leur famille et la société. Elles sont logées et prises en charge pendant plusieurs mois, au moins jusqu’à la naissance de l’enfant. « La plupart ont été violées ou ont cru à une promesse de mariage et, lorsqu’elles sont tombées enceintes, ont été livrées à elles-mêmes, raconte la présidente de l’association, Meriem Othmani. Certaines vont jusqu’à se suicider. »

Lire aussi : Des Marocaines racontent harcèlement et agressions sexuelles dans une minisérie web

Au Maroc, où les relations extraconjugales sont passibles de prison ferme et l’avortement interdit, 50 000 naissances hors mariage sont enregistrées chaque année. Par crainte des autorités, mais aussi par peur des représailles de leur propre famille, beaucoup de jeunes mères finissent par se débarrasser de leur enfant. Selon les associations, vingt-quatre nourrissons sont abandonnés chaque jour dans le royaume et trois cents cadavres de bébés sont retrouvés tous les ans dans les poubelles de Casablanca. « Ces femmes sont terrorisées. Elles n’ont pas forcément le courage de se rendre dans un orphelinat, où elles risquent d’avoir affaire à la police, et ne savent pas où aller », explique Mme Othmani.

« Acide »


« Celles qui trouvent la force de garder l’enfant vont devoir affronter l’agressivité des gens », avertit-elle. La militante de 69 ans, qui travaille dans le domaine social depuis trente-huit, a fondé l’Insaf en 1999 : « Nous voulons changer le regard sur ces mamans, qui sont rejetées, bafouées et humiliées. » Dans une société où le conservatisme religieux reste très fort, devenir mère célibataire est le début d’un long calvaire : le rejet de la famille, le regard des autres, les difficultés administratives et, parfois, les menaces de mort. « J’en reçois moi-même sans arrêt. Les mouvements extrémistes veulent que nous disparaissions, mais nous ne lâcherons jamais », affirme la présidente.

Lire aussi : Le Maroc légifère contre les violences faites aux femmes

Pour Smahane, le calvaire a commencé il y a bien longtemps. Originaire d’un douar (petit village) pauvre de la campagne marocaine, elle est employée comme femme de ménage à l’âge de 6 ans dans une famille de Beni Mellal, au nord-est de Marrakech. « Chaque fois que je faisais mal la vaisselle ou que le lavabo ne brillait pas assez, ma patronne me tabassait. » A seulement 20 ans, son visage strié de petites cicatrices est déjà abîmé par une vie en mille morceaux. Ses mains minuscules, qui ont longtemps servi à « frotter les escaliers à l’acide », ont gardé les traces du travail acharné. Seuls ses yeux en amande trahissent sa jeunesse sacrifiée.

A 14 ans, l’adolescente parvient à s’échapper et rentre chez elle. « Je n’ai pas reconnu mes frères et sœurs, continue-t-elle dans un sanglot. Je n’ai pas eu d’enfance. Je ne suis pas allée à l’école et je suis incapable de lire ne serait-ce qu’une pancarte dans la rue. » A peine est-elle de retour que son père menace de l’« égorger » si elle ne repart pas travailler. Comme beaucoup de jeunes filles privées d’instruction, Smahane décide de se rendre à Casablanca, la capitale économique, pour chercher du travail comme femme de ménage. « Mon employeur a essayé de me violer, alors je me suis enfuie. Je n’avais pas d’argent car j’envoie tout ce que je gagne à mes parents. »

« S’empoisonner à l’arsenic »
Livrée à elle-même dans une ville de 5 millions d’habitants, elle rencontre, après des semaines passées « à dormir dans les cages d’escalier », un homme qui promet de l’aider. « Au début, il était gentil. Il m’hébergeait gratuitement et se comportait comme un père. Un jour, il est rentré saoul et m’a violée. » Les violences sexuelles se poursuivent jusqu’au jour où elle lui annonce la nouvelle : « Quand je lui ai dit que j’attendais un e
17 mars 2018 10:49
J'ai l'impression que ces situations sont la faute à tout le monde concerné par l'histoire. Le violeur ou ex amant, la fille qui s'est embarquée dans une relation ou un isolement pourtant interdit et enseigné depuis petite, les parents qui rejettent/meprisent/menacent/humilient la fille au lieu de l'aider et lui apprendre le repentir, un gros manque de sagesse et de piété et cette fameuse société moyenne ageuse qui n évolue pas dans sa mentalité et son ouverture d'esprit !!
17 mars 2018 11:52
Pourquoi vous ne dites rien sur certains parents qui placent leurs filles mineures comme bonne en sachant tous les dangers auxquels ils les exposent? Vous ne dites rien à propos de ces hommes qui abuse de ces petites bonnes. A vous lire ce sont les victimes qui sont à blâmer.
17 mars 2018 13:22
Salam

Ce que je ne comprends pas c'est que le roi mohamed 6 a fait voter une loi interdisant le travail des mineurs sous peine de prison et d'amende. Mais cette loi n'est que de la theorie mais pas mise en pratique selon bcp de témoignages au bled.

Ensuite pourquoi ces violeurs sont ils impunis ? Que font les policiers, gendarmes au bled?
À part bouffer les pots de vins à longueur de journée ??

Des générations d'enfants sacrifiées pour quelques dirham, tout se réglera lyom al qiyama.
Subban'Allah-alhamdulilah-la ilaha ila Allah-Allah akbar
17 mars 2018 13:47
Même chose concernant la loi interdisant le mariage des mineures, depuis que cette loi existe, les mariages concernant des mineures ont augmentés. à cause de la corruption comme vous l'avez dit ou le manque de moyens. Les lois ne suffisent pas , il faut aussi se donner les moyens de les appliquer
 
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