Pour choisir qui sera licencié dans le cadre d'un plan social, la société Nina Ricci a inventé un barème qui attribue des points en fonction de la situation personnelle de chaque salarié. Les malchanceux qui ont le moins de points prennent la porte.
ON CONNAISSAIT le permis à points qui régit le comportement des automobilistes sur la route. Voici le licenciement à points. Lors de l'annonce de son plan social en fin de semaine dernière, la direction des Parfums Nina Ricci (PNR) basée à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine) a proposé de s'appuyer sur un texte qui a laissé sans voix les syndicats.
Ces derniers dénoncent aujourd'hui ce qu'ils considèrent comme « un système arbitraire et à la tête du client ». Ce plan concerne 212 des 781 salariés que compte le groupe espagnol en France : 113 à Ury, 83 à Neuilly et 16 à Chartres (124 ouvriers). S'inspirant au départ de la réglementation du Code du travail, le fabricant de parfums de luxe (l'Air du temps, Love in Paris...), concurrent des grandes marques comme Christian Dior, a présenté un document « revu et corrigé », d'après les syndicats, qui attribue des points en fonction de la situation du salarié.
Des syndicats scandalisés
Exemple : si le futur licencié est célibataire, veuf, divorcé, marié, concubin et sans enfant à charge, il écope de 4 points. Si le salarié est veuf avec deux enfants ou marié avec quatre enfants et plus, sa cote monte jusqu'à 22. Ajoutez à cela son ancienneté, son âge, s'il est handicapé ou non et vous obtiendrez le total qui déterminera son sort.
« C'est honteux ! Qu'est-ce que nous sommes exactement ? Des bêtes que l'on vend aux enchères ?, s'insurge un syndicaliste. Nous refusons que ce document serve de base de discussion. » Un argument d'autant plus justifié que le principal site de production de PNR qui se situe à Ury (Seine-et-Marne) va fermer et les machines déménagées à Chartres.
Seule la distribution continuera à fonctionner. Or ce texte ne s'applique ni aux délocalisations ni aux fermetures d'entreprises, d'après les syndicats. Confirmation faite par un spécialiste du droit du travail. « Et comment va être comptabilisée notre expérience alors que nous sommes passés d'un poste à l'autre sans réellement obtenir de véritable qualification ? », demande Marie-Claude, 52 ans. « Avec ce système, une salariée avec trente ans d'ancienneté devrait partir avec 10 000 ou 12 000 €. Ce n'est pas acceptable », regrette un cadre qui rappelle que le salaire moyen tourne à 1 200 €.
Pour l'heure, la direction du groupe se refuse à tout commentaire sur ce plan « tant que les discussions avec les partenaires sociaux n'ont pas complètement abouti ». Il n'empêche qu'elle souhaite en finir au plus vite. D'après les syndicats, « le groupe veut que tout soit terminé à la mi-mars ».
hum les pers. agées, mariés avec des enfants et handicapés vont etre content!
avec ou sans point en générale les boites regardent ces critères kd il s'agit d'un licenciment économique par exemple.. non? je vois pas ce que ca change...