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L'heure n'a pas sonné
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21 janvier 2005 00:41
Plus loin dans ce numéro (pages 18-23), vous trouverez le dossier de l'élection présidentielle palestinienne que nous avons rassemblé pour vous : une dissection du scrutin, complétée par les analyses de très bons connaisseurs des arcanes du conflit israélo-palestinien.
Mahmoud Abbas a été démocratiquement élu président de l'Autorité palestinienne le 9 janvier*, et il occupe désormais le fauteuil laissé vacant par Yasser Arafat.

Bush et Sharon lui ont ouvert les bras (et les portes de leurs bureaux), disant qu'ils voyaient en lui « le partenaire pour la paix » qu'ils attendaient depuis quatre ans. Alors, un peu partout, on se pose légitimement une double question : « Les Israéliens et les Palestiniens sont-ils sur le point d'entrer, comme en 1993, dans un processus de paix ? Si c'est bien le cas, quelles chances ce nouveau processus a-t-il d'aboutir ? »

Beaucoup pensent que nous sommes à la veille d'un apaisement des tensions et des esprits pouvant conduire à l'arrêt des violences et à l'ouverture de négociations.

Je crois, moi aussi, que c'est ce qui va se passer et que nous allons connaître quelques mois de répit : les pouvoirs israélien et palestinien vont « se tâter » pour savoir ce qu'ils peuvent obtenir l'un de l'autre.

Mais les deux peuples et les deux gouvernements sont-ils suffisamment las de la guerre pour faire les concessions nécessaires à la paix ? La solution de cet interminable conflit, qui s'est dérobée jusqu'ici, est-elle cette fois en vue ?

Non, hélas ! trois fois hélas ! En tout cas, je ne le pense pas, et voici pourquoi.

Pour éclairer le présent, faisons un retour en arrière.

À mes yeux, le conflit israélo-palestinien (et israélo-arabe) a connu, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, trois phases successives d'une vingtaine d'années chacune, la dernière étant toujours en cours.

1) 1947-1967 : par une résolution du 29 novembre 1947, l'ONU a décidé que le territoire palestinien doit être réparti entre Juifs et Arabes, et elle a procédé au partage.

Ces derniers, qui occupent le pays depuis des siècles, se sont sentis spoliés ; ils ont refusé le partage et sont partis en guerre contre les Juifs en qui ils voyaient des intrus.

Ils ont perdu la partie militairement et, en outre, se sont mis hors de « la légalité internationale », celle que fixent les résolutions de l'ONU.

À partir de 1949, Israël s'installe, s'édifie, se consolide avec le soutien de la France, relayé, à partir des années 1960, par celui, plus puissant encore, des États-Unis.

Lorsque, en mai 1967, le président Nasser, qui était alors le héros de tous les Arabes, commet la faute d'acculer Israël à la guerre sans y avoir préparé ni son pays ni son camp, l'État hébreu remporte en six jours sur les Arabes une éclatante victoire qui les laisse assommés.

2) 1967-1987 : vaincus militairement et diplomatiquement, dominés sur tous les autres plans, les Arabes, dont les territoires sont occupés, n'ont plus de chef reconnu. En guise de stratégie, ils clament, en août 1967, au sommet de Khartoum : « Non à la reconnaissance (d'Israël), non à la négociation, non à la paix »...

Ils ne se résignent pas pour autant et tentent successivement la guerre d'usure (1969-1970), la guerre tout court (1973), l'arme du pétrole (1974), la négociation, mais sans parvenir à un résultat : tout ce qu'ils entreprennent les enfonce encore davantage.

Dans la région elle-même, ils s'aliènent les deux pays qui comptent : l'Iran et la Turquie. Et lorsque l'Égypte, qui est le pays arabe le plus peuplé et le plus puissant, signe, en 1979, un accord de paix séparée avec Israël, elle inflige au « refus arabe » un coup mortel.

Elle quitte le champ de bataille en laissant le camp dont elle était le chef dans le désarroi.

3) 1987-2007 ? : Israël n'est plus le petit pays menacé et encerclé qu'il était en 1967, mais une puissance nucléaire et... occupante. Les territoires qu'il a occupés lui ouvrent l'appétit : il colonise à tour de bras et à coups de millions ; il peuple à outrance et annexe quand ça lui chante.

Créé par l'ONU, juridiquement en tout cas, il indispose l'Organisation internationale (et un nombre croissant de ses membres) en refusant d'exécuter les résolutions qu'elle vote à son encontre, et même de les prendre en considération. À son tour, il se met hors de « la légalité internationale », et ce sont désormais les Arabes qui invoquent à tout bout de champ celle-ci contre lui.

Sa puissance militaire et financière, le soutien sans faille que lui prodigue la plus grande puissance du monde, les faiblesses et les erreurs de comportement des dirigeants arabes qui ont perdu, avec la disparition de l'URSS en 1991, leur principal allié, éloignent les dirigeants israéliens, peu à peu, des réalités : ils écoutent moins leurs amis, ne se préoccupent plus guère des urgences, font moins attention aux évolutions, s'interdisent rarement les manifestations publiques de mépris à l'endroit des hommes et des organisations qui ne soutiennent pas leurs thèses...


Dès la fin des années 1980, les Palestiniens et les autres Arabes ont évolué dans l'autre sens, celui du réalisme : ils ont accepté au fond d'eux-mêmes les Israéliens comme voisins et se sont résignés à leur abandonner 78 % de la Palestine, pour se contenter des 22 % restants. Parmi eux est même née l'idée d'un « package deal » : la paix et des relations normales entre Israël et l'ensemble des vingt-deux pays de la Ligue arabe contre l'évacuation par l'État hébreu des territoires occupés par lui en 1967, le tout en application des résolutions de l'ONU qui traitent de la question.


L'idée est devenue une proposition. Élaborée au cours d'un sommet arabe à Amman, elle a été formulée publiquement lors d'un autre sommet, tenu l'année suivante (27 et 28 mars 2002), à Beyrouth.


Le Premier ministre israélien, qui était déjà Ariel Sharon, a dit qu'il n'était pas intéressé ; son allié et protecteur, qui était déjà George W. Bush, n'a prêté aucune attention à la proposition, ni ne s'est dit étonné ou choqué par le dédain avec lequel elle a été accueillie.

L'opinion israélienne, elle-même traumatisée, il est vrai, par les attentats-suicides de la seconde Intifada, n'a réagi ni à l'offre ni à son rejet.

Qu'en conclure, sinon qu'entre Arabes et Israéliens, entre Palestiniens et Israéliens, on n'en est pas à rechercher l'entente, la coopération et la paix. On en est encore à se disputer, à se battre, à tuer et mourir pour des territoires.

« Il n'est pas question de revenir aux frontières de 1967, dit Sharon, je veux garder pour Israël 58 % de la Cisjordanie. »

Il les gardera donc par la force, et tant qu'il sera au pouvoir ; quant à George W. Bush, d'ici à 2009, il tiendra la promesse qu'il lui a faite (par écrit) de ne l'obliger à rien.

Mais ni Mahmoud Abbas, ni Mohamed Dahlan, ni même un Iyad Allaoui palestinien ne pourront apposer leur signature sous un accord territorial qui s'éloignerait un tant soit peu de ce que les résolutions de l'ONU reconnaissent aux Palestiniens.

Alors, ne nous voilons pas la face et ne prenons pas nos désirs pour des réalités : un accord mettant fin au conflit israélo-palestinien et/ou israélo-arabe n'est pas (encore) de saison. Son heure viendra, je pense, lorsque Sharon et Bush - les vrais obstacles à la paix - auront quitté le pouvoir.

* Il a réuni sur son nom 62,32 % des votes exprimés. Mais cela ne fait que 483 000 voix sur les 1 623 000 Palestiniens des territoires en âge de voter, et sur les 1,106 million d'inscrits. Dès que l'on inclut les Palestiniens réfugiés dans les pays voisins et autres expatriés, le nombre total des Palestiniens passe des 3,7 millions des territoires (Gaza et Cisjordanie) à environ 8 millions.

Les Arabes israéliens, plus de 1 million, sont décomptés, eux, parmi les Israéliens (qui sont au total près de 7 millions).

BÉCHIR BEN YAHMED

[www.jeuneafrique.com]
La liberté des autres étend la mienne à l'infini.
21 janvier 2005 04:54
c'est bizarre que les arabes deviennent démocrates juste quand ils sont dans la M....
:o
b
be
21 janvier 2005 08:13
Bonjour
L'article de Jeune Afrique est très bien. je pense qu'à cours terme oui c'est vrai il n'y aura pas de paix et même si Sharon et Bush dégagent. Je ne crois pas que les travaillistes sont mieux.
A long terme les paestiniens et les palestiniens seuls sont capables d'infliger aux sionistes une dfaite d'abord diplomatique et ensuite militaire je suis sûr. Les USA ne peuvent plus continuer à être derrière eux. D'abord le pétrole s'épuisera un jour et en plus ça leur coute très cher. l'Intifada a couté enormément à l'état sioniste d'abord au niveau de l'économie et en plus et en n'est plus la maison de retraite au soleil des juifs riches. J'ai lu dans beaucoup de magazines que les juifs commencent leur retour dans leur pays d'origine par peur.Et la c'est une victoire des palestiniens.
Rappelons de l'afrique du sud.
 
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