L'agence spatiale iranienne s'efforce d'importer des technologies étrangères aussi rapidement que possible pour son programme de satellites, de crainte qu'à l'instar des activités nucléaires nationales, elle ne se voit imposer des restrictions par l'Occident. Téhéran, qui ne cache pas ses ambitions spatiales, fait ainsi la démonstration de ses capacités technologiques, de son aptitude à surveiller ses voisins, Israël en tête, et de sa volonté d'être une puissance régionale en la matière. Officiellement, l'Iran n'entend utiliser ses satellites qu'à des fins de surveillance sismique et d'amélioration de ses infrastructures de télécommunications. "Nous ne sommes pas encore soumis à de réelles restrictions en matière de technologie spatiale", admet Mohammad Reza Movaseghinia, un responsable de l'agence spatiale iranienne. "Mais cela ne veut pas dire que le programme spatial a moins d'importance que le programme nucléaire." "Quand ils auront le sentiment que l'Iran a réussi une percée, ils imposeront des restrictions plus importantes encore que celles décidées contre le programme nucléaire iranien", s'empresse-t-il d'ajouter. La république islamique a rejoint le club des nations spatiales le mois dernier en lançant Sina-1, son premier satellite, à l'aide d'une fusée russe. Si Sina était de fabrication russe, le prochain satellite sera entièrement iranien, même si sa fabrication bénéficie de l'aide de la société italienne Carlo Gavazzi Space. Mesbah doit être lancé dans environ deux mois depuis une plateforme russe. Ces satellites offrent à l'Iran une capacité de reconnaissance, certes limitée mais réelle, sur l'ensemble du Moyen-Orient. Pour Téhéran, la prochaine étape sera d'avoir son propre lanceur. Ce qui pourrait prochainement devenir réalité, un missile Shahab-4 étant en préparation à cette fin. L'Iran a déjà augmenté les capacités de son missile Shahab-3, dont la portée dépasse désormais les 2.000 kilomètres. Les autorités n'ont pas précisé quand le Shahab-4 serait opérationnel. "Nous devons agir rapidement pour atteindre nos objectifs spatiaux, faute de quoi nous serons confrontés à des menaces politiques, économiques et sécuritaires", analyse Movaseghinia. Rien ne filtre sur les technologies et autres expertises dont aurait besoin le programme spatial iranien. Reste que les scientifiques iraniens apprennent aussi vite que faire se peut. En l'espace de 20 ans, l'Iran ambitionne de devenir une puissance technologique, son but à plus long terme étant de parvenir au statut de puissance régionale d'ici 2025. Pour cela, des facultés aérospatiales ont fait leur apparition ces dernières années dans les grandes universités iraniennes. Des techniciens sont formés en Italie, en Russie et en Chine pour apprendre à concevoir et fabriquer des satellites. Le gouvernement a en outre alloué 500 millions de dollars sur cinq ans aux projets spatiaux du pays, comme l'annonçait la semaine dernière le ministre de la Communication, Mohammad Soleimani. L'Iran est ainsi le 43e pays au monde à posséder un satellite. Mais le régime de Téhéran n'entend pas s'arrêter là: "Nous devons construire nos propres satellites et nos propres lanceurs", souligne Ahmad Talebzadeh, le patron de l'Agence spatiale iranienne. "Nous devons être l'une des huit nations maîtrisant la technologie spatiale." Ce programme ne manque pas de préoccuper au Moyen-Orient et au-delà. Israël, qui dispose du satellite espion Ofek-5, s'inquiète ainsi des transferts de technologies en direction du programme de missiles balistiques iranien. Il est vrai que le Shahab-3 est déjà capable d'atteindre