Je t'ai vu t'enfoncer dans la nuit profonde. Subjuguée par le tapis d'étoiles constellant le firmament, Je n'ai pu te suivre. J'en ai vu une filer une sur l'horizon, Peut-être te rejoindra t'elle dans ton obscurité.
La fraîcheur du soir s'infiltre en moi. J'aurais tant aimé qu'il pleuve, Mais le ciel est resté sec.
Te souviens-tu quand je tenais ta main dans la mienne ? Je voulais t'emmener aux confins de ma lumière, Là où s'évanouissent toutes les douleurs, Là où s'égrainent toutes les couleurs.
Je les ai emportées avec moi, Tu sais, les deux clés qui avaient scellés nos cœurs ? Nous avions la certitude qu'elles nous liaient au-delà de l'espace et du temps, Nous avions la certitude qu'elles nous délivreraient de tous nos tourments. Mais tu as laissé la tienne, juste là, tout à côté de la mienne, sur la petite table de bois sombre. Je les ai glissées dans ma poche, Je les entends tinter à chacun de mes pas.
Je ne sais plus aujourd'hui la couleur de tes jours, Comme je ne sais pas où te porteras ta nuit, Je sais seulement que tu pleures encore souvent.
Te souviens-tu quand je recueillais tes larmes à la naissance de tes yeux ? Entre mes mains je les retenais précieusement. Je te promettais de les changer en étoiles filantes, en perles d'arc-en-ciel ou en papillons scintillant, Je les posais contre mon cœur, et je pleurais avec toi.
Et puis tu as laissé la clé, juste là, tout à côté de la mienne, sur la petite table de bois sombre. Je les sens contre ma paume. Elles me brûlent, Comme brûle l'amour quand il fait mal.