le port est la première « station-service » du globe: lesechos.fr [ 23/02/10 ]
C'est une vieille histoire. Depuis la signature, en 1713, du traité d'Utrecht accordant à la Grande-Bretagne le contrôle du « rocher », l'Espagne n'a jamais cessé de réclamer ce qu'elle considère comme son territoire. Une source régulière de tensions entre les deux pays... Qui se déchirent ces temps-ci pour la souveraineté des eaux territoriales.
Avec sa petite église anglicane, ses nombreux pubs, ses cabines téléphoniques rouges, l'inévitable magasin Marks & Spencer et une odeur caractéristique de « fish and chips » flottant dans l'air, Main Street pourrait être la rue principale de n'importe quelle petite commune balnéaire anglaise. Seules les persiennes aux fenêtres des maisons, et quelques balcons en fer forgé peuvent déconcerter tout sujet de Sa Gracieuse Majesté. Un coup d'oeil dans les rues adjacentes, au style très méditerranéen, conforte le soupçon... Le passant n'est pas en Grande-Bretagne, mais à Gibraltar, à la pointe de l'Andalousie, possession de la couronne britannique depuis le traité d'Utrecht, en 1713.
L'Union Jack flotte certes quelques mètres plus haut mais c'est sur le Moorish Castle, une fortification construite par les Maures il y a huit siècles et demi. Autre particularité, le coquet petit cimetière au bout de Main Street est presque entièrement dédié aux héros de la bataille navale de Trafalgar, dont le cap est situé à quelques milles nautiques, et qui a vu « la grande victoire de Nelson » sur la flotte franco-espagnole, le 21 octobre 1805. Ce qui contraindra Napoléon à abandonner ses projets de débarquement au Royaume-Uni et assurera une longue domination britannique sur toutes les mers du globe. « The Rock », comme l'appellent les Anglais, devient, dans ce cadre, une pièce clef du dispositif.
Dénommé « mont Calpé » dans la mythologie grecque, et présenté comme l'une des deux Colonnes d'Hercule avec le rocher Abyla, de l'autre côté du détroit, Gibraltar -qui tire son nom de « djebel Tarik », référence au général Tariq ibn Ziyad, chef de la première invasion musulmane (711) -se trouve en effet à un endroit stratégique. L'Afrique n'est qu'à 14 kilomètres de ses côtes et la péninsule surplombe l'unique voie maritime entre l'océan Atlantique et la mer Méditerranée. Depuis trois siècles, la Grande-Bretagne refuse donc d'abandonner ce « caillou », qui fut une importante base navale. A la grande colère des Espagnols, qui se trouvent aujourd'hui dans la même situation bancale avec leurs enclaves marocaines de Ceuta et Mellila, mais n'en dénoncent pas moins cette « colonisation ». La manière forte mise à part, Madrid a tout tenté pour récupérer « el Pinon ». Il y a d'abord eu la main tendue. Huit ans après la signature du traité d'Utrecht (voir encadré), Philippe V lie la restitution de la péninsule à la ratification d'un accord de paix entre les couronnes espagnole et britannique. Le roi George I er n'y semble pas opposé de prime abord, mais oublie sa promesse, une fois le traité paraphé. Le sujet revient épisodiquement aux XVII e et XVIII e siècles. « Chaque fois que la Grande-Bretagne s'est trouvée en difficulté sur le plan international et qu'elle a eu besoin de l'amitié ou de la bienveillante neutralité de l'Espagne, elle lui a fait des offres plus ou moins explicites », relève un document du ministère espagnol des Affaires extérieures sur « La Question de Gibraltar ».
Décolonisation: Dans le cadre du mouvement de décolonisation de l'après-guerre, l'affaire atterrit sur le bureau des Nations unies au début des années 1960. Sur fond de guérilla judiciaire incessante, alternent négociations et moments de tension. Pour maintenir la pression, l'Espagne, passée entre-temps de la dictature franquiste à la démocratie, ferme la frontière avec la péninsule entre 1966 et 1985. Le contrôle de l'espace aérien et des eaux territoriales est l'objet de nombreuses frictions. Alors qu'un accord est proche, en 2002, sur un partage de la souveraineté entre Londres et Madrid, les électeurs de Gibraltar (30.000 habitants), invités à se prononcer par référendum, votent à 99 % contre le projet. D'origine andalouse, portugaise, italienne, maltaise et marocaine, la population locale, dont les Britanniques ne représentent que 13 % du total, s'invite dès lors dans le débat. Douée pour les affaires, elle a pris son indépendance économique. La construction et la réparation navales, qui représentaient 60 % du produit intérieur brut en 1984, ne contribuent plus désormais qu'à 7 % de l'activité domestique. La péninsule a su aussi délier son avenir de celui de la base militaire, dont les effectifs sont tombés de 1.800 personnes à la grande époque à quelque 400 aujourd'hui.
C'est vrai que l'Espagne paraît plus que ridicule dans cette affaire quand on sait qu'elle refuse en même temps de restituer les enclaves de Sebta et Melilla au Maroc !
Le ridicule ne tue point...mais si chacun tient autant a ses "cailloux" c'est que les enjeux sont importants!
Ce n'est pas tant le controle du rocher de gibraltar qui est important....mais la possibilité d'affirmer la souveraineté anglaise sur une bonne partie du détroit....une route commerciale nevralgique. Meme raisonnement pour l'Espagne...en controlant deux villes sur le territoire marocain...elle controle ce qui se passe dans le détroit !
Il faudrait qu'il y ait un accord tri partite entre les anglais, les marocains et les espagnols pour denouer le noeud gordien qu'est le détroit de gibraltar ...et ca...il ne faut pas rever...ce n'est pas pour demain !
hassan 2 avait dit que dès que gibraltar sera rendu à l'espagne, il en sera de même pour ( au moins ) l'enclave de sebta; car personne au monde n'accepterait que l'espagne puisse contrôler ce détroit des deux côtés !
la vie est éphémère, mieux vaut bien la vivre avant de la perdre.