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Gaza et le Hamas : rétablir la vérité
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29 janvier 2009 11:43
Henri Siegman, ancien directeur de l´American Jewish Congress, conteste la version israélienne des évènements qui ont précédé le conflit de Gaza, communément reprise par les médias Citations et témoignages de responsables de l´armée et du renseignement israélien à l´appui, il rappelle que l´accord de trêve prévoyait un allègement du blocus qui n´a jamais été appliqué, et que c´est Israël qui rompu la trêve le 4 novembre, au lieu de mettre à profit cette accalmie pour la consolider. D´autre part, note-t-il, la description du Hamas comme un mouvement terroriste ayant pour objectif la destruction d´Israël ne correspond pas à la réalité. Le Hamas est depuis plusieurs années entré dans le jeu politique, abandonnant le recours aux attentats terroristes, et il défend désormais la solution des deux états dans les frontières de 1967. Au delà de ces rappels factuels, Siegman juge que la politique de confrontation choisie par Israël, si elle peut amener des succès tactiques, aura sur le long terme l´effet inverse, en renforçant les tendances les plus radicales au détriment des perspectives de paix.

Par Henry Siegman, London Review of Books, 15 janvier 2009

Les gouvernements et la plupart des médias occidentaux ont accepté nombre d´assertions israéliennes justifiant l´assaut militaire sur Gaza : que le Hamas avait constamment violé puis ensuite refusé de prolonger la trêve de six mois qu´Israël avait respectée ; qu´Israël n´avait donc d´autre choix que de détruire la capacité du Hamas de lancer des missiles sur les villes israéliennes ; que le Hamas est une organisation terroriste, appartenant au réseau jihadiste mondial ; et qu´Israël a non seulement agi pour sa propre défense mais au nom de la lutte internationale que mènent les démocraties occidentales contre ce réseau.

Je n´ai connaissance d´aucun journal, station de radio ou de TV américains d´importance dont la couverture de l´assaut sur Gaza ait interrogé cette version des événements. Les critiques dirigées contre les actions d´Israël, si tant est qu´il y en ait eu (et il n´y en a eu aucune émanant de l´administration Bush), ont plutôt convergé sur le fait de savoir si le carnage des forces armées israéliennes est proportionnel à la menace qu´elles tentaient de contrer, et si elles prenaient des mesures suffisantes pour éviter les victimes civiles.

Les questions concernant la paix du Moyen-orient sont en général décrits en termes d´euphémismes trompeurs. Je voudrais au contraire déclarer ici sans ambages que chacune de ces assertions est un mensonge. C´est Israël, et non pas le Hamas, qui a violé la trêve : le Hamas avait accepté d´arrêter ses tirs de roquettes vers Israël ; en retour, Israël devait alléger sa pression sur Gaza. En fait, pendant la trêve, elle s´est accrue. Ceci a été confirmé non seulement par tous les observateurs et ONG internationaux neutres présents sur place mais aussi par le brigadier général de réserve Shmuel Zakai, un ancien commandant de la Division de Gaza des forces armées israéliennes. Dans un entretien accordé au Ha´aretz le 22 décembre, il a accusé le gouvernement d´Israël d´avoir fait une « erreur majeure » pendant la tahdiyeh, la période de six mois de trêve relative, en « empirant nettement la situation économique catastrophique des Palestiniens de la bande de Gaza, au lieu de profiter du calme pour l´améliorer. . . Quand on établit une tahdiyeh, et que la pression économique sur la Bande se poursuit, » déclarait le Général Zakai, « il est évident que le Hamas essaiera d´obtenir une tahdiyeh améliorée, et que leur façon de l´atteindre est la reprise des lancers de Qassam. . . On ne peut pas simplement donner des coups, maintenir les Palestiniens de Gaza dans leur détresse économique, et s´attendre à ce que le Hamas se contentera simplement de s´asseoir sans agir ».

La trêve, qui a commencé en juin l´an dernier et devait être renouvelée au mois de décembre, exigeait des deux parties qu´elles s´abstiennent de toute action violente l´une contre l´autre. Le Hamas devait cesser ses tirs de roquettes et empêcher les tirs des autres groupes comme le Djihad Islamique (même les agences de Renseignement d´Israël ont reconnu que ceci avait été exécuté avec une efficacité étonnante), et Israël devait mettre fin à ses assassinats ciblés et ses incursions militaires. Cette entente a été sérieusement violée le 4 novembre, quand les forces armées israéliennes sont entrées à Gaza et ont tué six membres du Hamas. Le Hamas a répondu en lançant des fusées Qassam et des missiles Grad. Même alors, il avait offert d´étendre la trêve, mais seulement à condition qu´Israël mette fin à son blocus. Israël a refusé. Il aurait pu remplir son devoir de protection de ses citoyens en consentant à alléger le blocus, mais il n´a même pas essayé.
S
29 janvier 2009 11:44
SUITE ET FIN :

On ne peut affirmer qu´Israël ait lancé son attaque pour protéger ses citoyens des roquettes. Il l´a fait pour protéger son droit à poursuivre l´étranglement de la population de Gaza.

Tout le monde semble avoir oublié que le Hamas avait déclaré mettre fin aux attaques suicide et aux lancers de roquettes lorsqu´il a décidé de se joindre au processus politique palestinien, et avait pour l´essentiel respecté ses engagements pendant plus d´un an. Bush avait publiquement bien accueilli cette décision, la citant comme un exemple du succès de sa campagne pour la démocratie au Moyen-orient. (Il n´en avait aucun autre à revendiquer). Quand le Hamas a surpris en gagnant les élections, Israël et les Etats-Unis ont immédiatement cherché à délégitimer le résultat et ont pris le parti de Mahmoud Abbas, le leader du Fatah, qui avait été jusque - là mis écarté par les dirigeants d´Israël qui le traitaient de « volaille plumée ». Ils ont armé et entraîné ses forces de sécurité pour renverser le Hamas ; et quand le Hamas a anticipé - brutalement, sans conteste - cette tentative de renversement par la violence du résultat de la première élection démocratique honnête au Moyen-orient, Israël et l´administration Bush ont imposé le blocus.

Israël cherche à contredire ces faits indiscutables en maintenant qu´en retirant les colonies israéliennes de Gaza en 2005, Ariel Sharon a offert au Hamas la chance de prendre le chemin de l´indépendance, une chance qu´il aurait refusé de saisir ; au lieu de cela il aurait transformé Gaza en un base de lancement de missiles sur la population civile d´Israël. L´accusation est doublement mensongère. D´abord, quelque soient ses défauts, le Hamas avait restauré à Gaza, pour la première fois depuis plusieurs années, un niveau de loi et d´ordre inconnu, et y avait réussi sans les grandes sommes d´argent que les donateurs ont fait pleuvoir sur l´Autorité palestinienne menée par le Fatah. Il a éliminé les bandes et les chefs militaires violents qui terrorisaient Gaza sous le règne du Fatah. Les musulmans non pratiquants, les chrétiens et les autres minorités ont une liberté religieuse sous la direction du Hamas plus grande qu´ils ne l´auraient en Arabie Saoudite, par exemple, ou dans beaucoup d´autres régimes arabes.

Le plus grand mensonge est que le retrait de Sharon de Gaza ait été voulu comme un prélude a de plus amples retraits et à un accord de paix. Voici comment le conseiller principal de Sharon, Dov Weisglass, qui était aussi son négociateur principal avec les Américains, avait décrit le retrait de Gaza, dans un entretien avec le Ha´aretz en août 2004 :

L´accord auquel je suis en réalité parvenu avec les Américains était qu´une partie des colonies [c-a-d les principaux blocs de colonies en Cisjordanie] ne ferait pas du tout partie d´éventuelles négociations, et que le reste ne serait traité que lorsque les Palestiniens deviendraient des Finlandais. . . La signification [de l´accord avec les Etats-Unis] est le gel du processus politique. Et quand vous gelez ce processus, vous empêchez l´établissement d´un état palestinien et vous empêchez une discussion sur les réfugiés, les frontières et Jérusalem. En réalité, la totalité de ce qui est appelé l´état palestinien, avec tout qu´il signifie, a été enlevé de notre programme indéfiniment. Et tout ceci avec l´autorité et la permission [du Président Bush]. . . Et la ratification des deux Chambres du Congrès.

La suite de l'article: [www.info-palestine.net]
 
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