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femmes Imazighen prostitue??
B
25 mai 2004 10:43
Le député de la région, Hassan Maouni, où a été tourné le film de Narjiss Nejjar veut calmer les esprits et affirme qu'il serait dangereux d'attiser le feu. M. Maouni donne sa version des faits. Pour lui, l'affaire des “ Yeux secs ” ne saurait être une question politico-amazigh. “ Quand une dizaine sur la quarantaine de figurants du film de Mme Nejjar sont venus me voir, je tombais des nues. Elles étaient consternées après avoir vu les “Yeux secs ”. Personne ne s'attendait à cela. Au début, tout le monde était content qu'un film se fasse dans cette région. Les femmes étaient convaincues que c'était un documentaire sur les coutumes de Tizi et plus particulièrement sur les femmes Imazighen. La preuve, même leurs prénoms n'ont pas été changés ”.



Hassan Maouni, le député MNP de la région, nous reçoit, à sa demande, en son domicile r'bati. D'une voix calme et faisant montre d'une sérénité –aux antipodes de la commune qu'il représente et que l'on dit en ébullition depuis la sortie dans les salles du très beau film de Narjiss Nejjar-, il explique ce qui, selon lui, est véritablement “ l'affaire N. Nejjar ”.

“ Ce n'est ni une affaire politique et encore moins une affaire d'amazighité. C'est une affaire d'exploitation et d'abus de confiance. Ces femmes qui ont été portées à l'écran et présentées comme des prostituées ont été blessées, leur dignité bafouée. Des drames sont en train d'être vécus. Il y a des mères de famille, des enfants qui désormais sont traités de tous les noms parce que leurs mères sont dans ce film. Que l'on soit amazigh ou arabe, la réaction aurait exactement identique. Si “Les yeux secs ” est un film de fiction, il aurait fallu que de vrais acteurs y jouent par des habitants d'Aghbala ”.

Une affaire politico-médiatique pour élus en mal de reconnaissance qui n'ont rien fait pour la région ? L'ancien ministre de l'artisanat s'en défend âprement. “La région est à l'image de 70% du pays, avec ses problèmes énormes de sous-développement. Comme partout ailleurs, c'est une question de moyens. D'ailleurs un programme de développement intégré, sur 5 ans, a été lancé avec la Banque Mondiale. Si la question sur ce film a été posée devant le parlement, cela ne procède sûrement pas d'une vacuité politique. Il fallait le faire pour rassurer et calmer les esprits d'Aghbala et de Tizi'N'Isli. Pour qu'ils ne pensent pas, comme certains le disent, que Rabat les a oubliés ”.

A en croire le député de cette région, il était bien obligé de “ se mêler de toute cette histoire ”. “D'abord parce que c'est mon devoir d'élu. Des personnes que je représente au parlement sont venues frapper à ma porte, me faisant part de leurs doléances qui se résument à une question de dignité. Que voulez-vous que je fasse ? Que je leur ferme ma porte et que je laisse les choses pourrir jusqu'au drame ? ”

Une plainte pour diffamation aussi

C'est un avocat originaire de la région, Me Khalles, qui est chargé de défendre les intérêts des figurants des “ Yeux secs ”. “ J'ai été mandaté par les 35 figurantes pour entamer les procédures nécessaires. Il y a d'abord une procédure devant le tribunal administratif pour annuler l'autorisation du CCM ”, nous explique cet avocat. Autrement dit, Me Khalles entend défendre l'indéfendable : un retrait des salles de cinéma des “Yeux secs ”. Il ne compte pas en rester là. Une deuxième action a été enclenchée contre Narjiss Nejjar. Une plainte pour diffamation vient d'être déposée contre cette réalisatrice pleine de talent devant le tribunal de première instance de Rabat.

“ En déclarant à un hebdomadaire de la place que la moitié des figurantes de son film étaient de vraies prostituées, Mme Nejjar les a diffamées et insultées. Mes clientes étaient obligées de saisir la justice. Tout cela ne nous empêche pas de souhaiter plein succès à Mme Nejjar dans sa carrière cinématographique”, déclare Me Khalles avant de nous apprendre que les audiences pour les deux dossiers (retrait des salles et diffamation) ont été fixés pour ce mois de juin.

Tout cela n'empêche pas le député Maouni d'affirmer haut et fort qu'il veut contribuer “ à calmer les esprits ”.
Dimanche 16 mai, il recevait longuement dans la maison familiale à Tagzirt, village de la région au cœur du Moyen-Atlas et de la polémique, les principaux concernés “ par toute cette histoire qui a même créé des conflits entre villages ”.
“ Pendant trois jours, j'ai tenté de calmer les esprits. Il ne faut surtout pas jouer avec le feu et encore moins l'attiser. Personne n'y gagnera et encore moins le pays ”, soupire Hassan Maouni.

Reste enfin la demande de ce député, érigé en porte-parole de figurants et de leurs familles : les excuses de la réalisatrice des “Yeux secs ” et la mention sur le générique du film qu'il s'agit bien d'une fiction, avec “ des personnages fictifs ”.
Quel est le plus insoutenable, l'ingérence dans une œuvre de création ou l'édification de bûchers ?.

Source : le Matin

 
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