L'une des priorités de Washington est aujourd'hui d'empêcher l'Iran, pays numéro 1 de l'axe du mal, de se doter de l'arme nucléaire. Pourtant, selon un nouveau livre émaillé de révélations, la CIA a peut-être aggravé le problème, il y a six ans, en fournissant à Téhéran, à l'occasion d'une hallucinante opération d'intoxication, des informations cruciales pour construire la bombe. Le livre, State of War (1), est une enquête sur le rôle de l'agence d'espionnage pendant ces dernières années. Il est signé par James Risen, 50 ans, la nouvelle star du New York Times. Risen est devenu instantanément célèbre en révélant, le mois dernier, l'existence d'écoutes téléphoniques ordonnées par George Bush sans mandat judiciaire.
«Apeuré». L'affaire iranienne qu'il relate se passe en février 2000, à la fin des années Clinton. Cela commence comme un roman de John Le Carré : «Un scientifique russe apeuré marchait dans le froid hivernal des rues de Vienne.» Ce piéton a de bonnes raisons de ne pas être tranquille : il transporte sur lui les plans d'un système de mise à feu d'une bombe nucléaire, l'un des secrets les mieux gardés au monde. Le Russe travaille pour la CIA. Celle-ci lui a fourni les plans, en lui demandant de se faire passer pour un scientifique russe au chômage et de les vendre aux représentants iraniens auprès de l'Agence internationale de l'énergie atomique, l'organisme mondial chargé de lutter contre la prolifération de telles armes. Pourquoi une telle opération (nom de code «Merlin»), a priori aux antipodes des intérêts américains, a-t-elle été décidée ?
Avant qu'il parte pour Vienne, la CIA a expliqué au Russe que l'opération visait à en savoir un peu plus sur le degré d'avancement du programme nucléaire iranien. Selon l'officier, que le Russe a rencontré dans un hôtel à San Francisco, il n'y avait aucun risque, les Iraniens ayant déjà en leur possession une telle technologie. L'objectif ultime de l'opération Merlin est de mettre le programme iranien sur de mauvais rails, en fournissant aux experts iraniens des informations truffées d'erreurs. Le Russe a jeté un coup d'oeil aux plans et, à la surprise des agents de la CIA, a repéré de lui-même, et rapidement, une des erreurs. L'agence a néanmoins maintenu son plan.
A Vienne, le Russe n'est pas très tranquille. Le plan de ses employeurs ne lui plaît pas et il décide de ne pas le suivre à la lettre. Selon lui, l'erreur qu'il a trouvée est si évidente qu'elle risque d'éveiller les soupçons des Iraniens. Il ouvre donc l'enveloppe scellée et y glisse, dans une note, un correctif de son cru. Lorsqu'il arrive au bureau des Iraniens, dans un immeuble sur Heinstrasse, il décide de ne pas se montrer. Il glisse l'enveloppe dans le courrier et décampe. Selon James Risen, l'opération Merlin, «l'une des plus casse-cou de l'histoire moderne de la CIA», a été ensuite poursuivie par l'administration Bush. Plusieurs anciens agents de la CIA lui ont déclaré que ce genre de manoeuvres d'intoxication, classiques pendant la guerre froide, deviennent extrêmement déraisonnables lorsqu'elles sont appliquées à des systèmes d'armement nucléaire. Elles peuvent en effet, si les fausses informations sont repérées, aider les adversaires à accélérer leur programme. «C'est peut-être ce qui est arrivé avec Merlin», soupçonne Risen, sans pour autant le démontrer.
«Arrêtés». State of War raconte également comment, à la suite d'une énorme boulette, le réseau entier de la CIA en Iran a été grillé, en 2004. Au siège de l'agence à Langley (Virginie), une agente a un jour envoyé par erreur, par courrier électronique crypté, une série d'informations ultraconfidentielles à un Iranien travaillant pour la CIA à Téhéran. Un malheur n'arrivant jamais seul, cet Iranien était un agent double... «Des sources à la CIA affirment que plusieurs agents ont été arrêtés et mis en prison, alors que le sort d'autres est encore inconnu», écrit Risen. Son réseau étant pulvérisé, ajoute-t-il, la CIA s'est retrouvée «virtuellement aveugle» en Iran, à une période où elle a un besoin critique d'informations. La CIA n'a pas commenté ces deux épisodes, se bornant à dénoncer les «graves inexactitudes» que contient «chaque chapitre» du livre.
(1) State of War : The Secret History of the CIA and the Bush Administration, de James Risen, éd. Free Press, janvier 2006.
Dans celui-là,non mais fais une petite recherche dans la presse anglo-saxonne.C'est en anglais,c'est pour ça que je n'ai pas voulu poster.Mais ne t'inquiète pas,le Mossad y est et jusqu'auuuuuuuu cou...