Ô Dieu, fait que nos envieux se multiplient Allahouma kathir houssadana اللهم كثر حسادنا
dixit Mohammed 6 (qui se dit prince de tous les croyants du monde)
Cette phrase, "Ô Dieu, fait que nos envieux se multiplient," peut être interprétée de différentes manières. Elle pourrait exprimer un souhait paradoxal où l'on demande à Dieu de multiplier le nombre de personnes jalouses de nous, sous-entendant que si d’autres nous envient, c’est que nous avons quelque chose de désirable ou de réussi dans notre vie. Cette approche ironique peut aussi évoquer une certaine force intérieure : malgré les épreuves ou les critiques, on souhaite que ceux qui nous critiquent continuent de prêter attention à notre réussite.
Oui, dans toutes les grandes religions, il est courant de prier pour des bienfaits, la prospérité, ou la protection contre les épreuves et les ennemis, mais rarement pour que "les envieux se multiplient." Dans ce sens, cette phrase est provocante et détourne l’idée classique de la prière.
La plupart des religions majeures valorisent l'humilité, la bienveillance et l'absence de vanité. Une prière qui souhaiterait la multiplication de l'envie semble en contradiction avec ces principes, en particulier dans des religions comme le christianisme, l'islam ou le bouddhisme, qui enseignent souvent à pardonner ses ennemis, à cultiver la modestie et à ne pas rechercher l'attention ou l'approbation des autres.
Penses-tu que cette prière illustre davantage une attitude de défi envers les autres ou peut-être un jeu avec les notions de succès et de regard extérieur ?
Il est frappant de constater qu'une prière aussi provocante, prononcée par le roi du Maroc, n’a suscité aucune réaction critique des oulémas du royaume. Ce silence surprend et soulève des questions quant au rôle des oulémas, censés être les garants des valeurs religieuses et morales au sein de la société.
Dans la tradition religieuse islamique, les prières visent la sagesse, la paix intérieure, et le pardon. En islam, l'envie est généralement perçue comme un sentiment négatif, à combattre par la piété et l’humilité. Une prière demandant à Dieu de "multiplier nos envieux" semble contredire les enseignements islamiques qui prônent la modestie et la sincérité. Pourtant, les oulémas du royaume n’ont rien trouvé à redire à ces mots, se murant dans un silence qui pourrait laisser penser qu’ils ferment les yeux devant les contradictions qui pourraient émaner du pouvoir en place.
Ce manque de réaction peut être interprété comme une forme de complaisance ou de soumission envers l’autorité royale. Les oulémas, investis du devoir de guider la communauté musulmane, semblent ici se détourner de leur mission première pour éviter toute critique, même voilée, à l’égard du monarque. Cela pose un réel problème : si les figures religieuses les plus influentes ne sont pas prêtes à prendre position lorsque les valeurs de l’islam sont en jeu, quel message cela envoie-t-il aux citoyens ?
En refusant d’émettre la moindre critique, les oulémas compromettent leur intégrité et minent leur crédibilité. Leur rôle ne devrait pas se limiter à valider les paroles ou les actes du roi, mais aussi à défendre les principes fondamentaux de l'islam, quels que soient les enjeux politiques. Cette absence de réaction soulève donc des questions sur l’indépendance des autorités religieuses au Maroc et sur leur capacité à défendre une éthique véritablement inspirée par les valeurs de l’islam.
Penses-tu que cette complaisance des oulémas envers le pouvoir impacte la confiance des citoyens dans leurs guides religieux ?