L'OMS et l'Onusida prônent la circoncision comme prévention Des études ont montré ses effets positifs contre la transmission du virus. Par Eric FAVEREAU QUOTIDIEN : jeudi 29 mars 2007
C'est un oui certes prudent, avec des recommandations précises de bonnes pratiques, mais il a le mérite d'être clair. L'OMS et l'Onusida donnent leur feu vert à des politiques de circoncision. Des études récentes en ont montré l'effet bénéfique pour l'homme au regard de la transmission du virus du sida. Hier, dans un communiqué commun, les deux organismes notaient que la «circoncision [devait] être reconnue comme une mesure efficace de prévention du VIH». Et que, de plus, «il [fallait] considérer la promotion de la circoncision comme une nouvelle stratégie importante de prévention de la transmission hétérosexuelle du VIH de la femme à l'homme». Enfin, si la «circoncision ne protège pas complètement contre l'infection au VIH, elle représente une stratégie additionnelle». Une prise de position qui ne devrait pas clore la polémique tant la problématique est délicate. Certains craignent en effet un relâchement des pratiques classiques de prévention. D'autres pointent le risque de circoncisions mal faites qui pourraient, à l'inverse, augmenter la probabilité de transmission. Reste que cette annonce marque un tournant. Elle s'intègre à la nécessité de multiplier les outils de prévention et de ne pas se contenter d'une stratégie centrée sur le préservatif. Avec 4,3 millions de nouvelles contaminations en 2006, il y a urgence. Tout a débuté il y a dix ans avec le constat d'une prévalence plus faible de l'infection au VIH chez les hommes circoncis. Et cela, en particulier, dans plusieurs pays africains. Les explications sont multiples. D'abord, la face interne du prépuce est une muqueuse très fine qui peut récupérer et retenir le virus contenu dans les sécrétions vaginales, cette face pouvant fonctionner comme une porte d'entrée pour le virus. Ensuite, un pénis circoncis sèche très rapidement après un rapport sexuel, or le VIH est fragile à la sécheresse. Mais ce ne sont que des hypothèses. En décembre 2006, deux essais où l'on comparait deux groupes d'hommes (les uns circoncis, les autres non) montraient une réduction du risque d'infection par le VIH d'au moins 50 % chez les hommes circoncis. Ces résultats confirmaient les conclusions d'un essai en Afrique du Sud, financé par l'Agence nationale française de recherches sur le sida, démontrant une diminution d'au moins 60 % du risque de transmission du VIH chez les hommes circoncis. Faut-il, désormais, circoncire à tout-va ? Nullement, note le communiqué de l'OMS, qui indique que cette mesure doit être envisagée dans les «pays qui connaissent des taux élevés d'infection au VIH par transmission hétérosexuelle et une faible prévalence de la circoncision». Dans ces pays-là, selon le docteur Kevin De Cock, directeur du département sida à l'OMS, «élargir l'accès à la circoncision apportera un bénéfice direct aux individus. Néanmoins, il faudra attendre quelques années pour observer un effet positif de cet investissement sur l'épidémie». Certaines études prospectives indiquant, par exemple, que la circoncision universelle en Afrique subsaharienne pourrait éviter 5,7 millions de nouveaux cas d'infection et 3 millions de décès sur vingt ans. L'OMS et l'Onusida posent, enfin, des garde-fous. «La circoncision doit faire partie d'un ensemble complet de prévention du VIH.» Et ajoutent : «La circoncision a de fortes connotations culturelles... Les pays doivent veiller à ce qu'elle soit pratiquée dans le respect des principes des droits de l'homme.» Avec quelques conseils : «Il faut souligner que la reprise des relations sexuelles avant la cicatrisation complète peut accroître le risque de contracter l'infection au VIH... Les hommes doivent s'abstenir de tout rapport pendant au moins six semaines après l'intervention.»