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amour et sentiment dans l'islam
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2 janvier 2009 18:30

Comment faire quand on veut se marier ?



De nombreuses personnes veulent savoir si l'islam permet, pour découvrir "l'âme sœur", de sortir ensemble, d'aller se promener main dans la main.

En somme, elles veulent savoir comment faire quand on désire se marier.


Celui ou celle qui veut se marier passe en général par les cinq étapes suivantes :

1- Je désire me marier ("urîdu an atazawwaja"winking smiley, mais je n'ai pas encore connaissance d'une personne susceptible de m'intéresser.

2- J'ai connaissance d'une personne susceptible de m'intéresser ("fî qalbî khitbatuhâ"winking smiley, mais ce n'est qu'une éventualité : je n'ai pas encore pris la décision de la demander en mariage.

3- J'ai pris ma décision. Je fais ma proposition de mariage ("akhtibuhâ"winking smiley. Cependant, je n'ai pas encore la réponse car un délai de réflexion m'a été demandé.

4- Ma demande est acceptée mais nous ne sommes pas encore mariés. (Si ma demande n'est pas acceptée, je recommence à l'étape 1.)

5- Nous nous marions ("na'qidu-n-nikâh"winking smiley.

Jusqu'avant l'étape n° 5, on n'est pas encore mari et femme et on doit donc respecter toutes les règles offertes par l'islam : la 'awra doit être recouverte, on ne doit pas se faire la bise, on ne doit pas être seuls ensemble dans une pièce, on ne doit pas sortir ensemble, etc., comme explicité sur plusieurs articles de notre site.


Entre l'étape 1 et l'étape 2 (je désire me marier mais suis pour le moment à la recherche d'une personne susceptible de m'intéresser) :


Ici entrent d'abord en jeu les critères que chacun et chacune devraient prendre en compte pour la recherche de la personne avec qui ils vont se marier. Lire à ce sujet mon article : Les critères pour choisir son conjoint.

Quant à la question de savoir comment faire pour rencontrer la personne voulue, avec les critères voulus, je dirai ceci : tous les moyens qui n'entrent en contradiction avec aucun principe de l'islam restent autorisés. On peut par exemple se renseigner auprès d'amis ; on peut aussi avoir recours aux services d'une agence matrimoniale qui respecte les principes éthiques musulmans.


Entre l'étape 2 et l'étape 3 (on a eu connaissance de quelqu'un et on pense à l'éventualité de se marier avec cette personne ; cependant, on n'a pas encore pris la ferme décision de le faire) :
# En ce qui concerne l'homme :


Le Prophète a dit : "Lorsque l'un d'entre vous a dans son cœur l('intention de) demander en mariage une femme, il n'y a pas de mal à ce qu'il la regarde" (Silsilat ul-ahâdîth as-sahîha, n° 98). "Lorsque l'un d'entre vous a (l'intention de) demander en mariage une femme, il n'y a pas de mal à ce qu'il la regarde s'il le fait en vue de la demander en mariage, même si elle ne sait pas (qu'il la regarde)" (Ibid., n° 97). "Lorsque l'un d'entre vous a (l'intention de) demander en mariage une femme, alors s'il a la possibilité de regarder ce qui l'amènera à l'épouser, qu'il le fasse" (Ibid., n° 99).

Il s'agit de l'étape où l'on connaît une personne avec qui on pourrait se marier, mais où on n'a pas encore pris la décision de se marier avec elle : il est alors permis de la regarder. La plupart des savants sont d'avis qu'il est permis de la regarder sans qu'elle soit au courant. An-Nawawî dit même qu'il est mieux qu'elle ne soit pas au courant, car demander aux parents d'une jeune fille la permission de voir celle-ci face à face dans l'éventualité d'un mariage puis signifier à eux ou à la jeune fille que cette dernière ne lui convient pas blesserait leurs sentiments (Shar'h Muslim). D'ailleurs Muhammad ibn Maslama, un Compagnon du Prophète, qui envisageait de se marier avec Thaniyya bint adh-Dhahhâk, l'avait regardée sans qu'elle le sache (Silsilat ul-ahâdîth as-sahîha, n° 98). Jâbir ibn Abdillâh avait de même regardé la femme qu'il envisageait d'épouser sans qu'elle le sache (rapporté par Aboû Dâoûd, n° 2082, authentifié par al-Albânî).
Qu'est-il alors permis de regarder chez cette femme ? Les avis des savants sont divergents sur le sujet. Certains savants disent qu'on ne peut alors regarder que le visage et les mains. Ibn Qudâma pense que l'avis suivant est le plus pertinent : cet homme peut voir de cette femme ce qui apparaît d'elle d'habitude quand elle est entre les siens : le visage, les mains, la chevelure.

On doit ici se rappeler que l'islam a fixé des principes pour la présence d'un homme et d'une femme qui ne sont pas proches parents et ne sont pas mariés (ou encore mariés).

Si cette personne convient apparemment à notre personne, elle peut lui faire connaître son intention et passe ensuite à l'étape 3 : elle la demande en mariage. Ces deux personnes pourraient ensuite convenir d'un rendez-vous (respectant les critères éthiques figurant dans l'article susmentionné).



Modifié 2 fois. Dernière modification le 02/01/09 18:58 par habib75.
assalam o alykoum
h
2 janvier 2009 18:35
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# En ce qui concerne la femme :

Ce que nous avons vu là est le cas classique : l'homme demande à la femme de l'épouser et celle-ci se renseigne sur cet homme, le regarde, etc., puis accepte ou décline sa demande en mariage. Mais l'inverse est tout à fait possible : une femme peut proposer à un homme le mariage. Une femme était ainsi venue se proposer en mariage au Prophète (sur lui la paix), mais celui-ci ne se maria finalement pas avec elle (rapporté par al-Bukhârî). Le savant musulman Abû Chuqqa écrit pour sa part : "Un ami m'a raconté comment, pendant son voyage [dans un pays], une femme s'est présentée à lui en lui proposant de se marier avec elle. Devant son ahurissement, elle lui dit : "Je ne te propose pas là de faire quelque chose d'interdit (harâm). Je te propose le mariage selon la voie du Prophète (sur lui la paix). Si tu es d'accord, nous nous rendrons auprès du juge et nous conclurons le mariage en présence de deux témoins" (Tahrîr ul-mar'a, tome 5 p. 33).


Entre l'étape 3 et l'étape 4 (la demande a été faite et nous n'avons pas encore pris de décision) :

Il faut rappeler qu'en islam, personne ne peut obliger une femme à se marier avec un homme si elle ne le veut pas. Deux cas sont rapportés qui montrent deux femmes venir se plaindre au Prophète (sur lui la paix) du fait que leur père les avait mariées contre leur gré : une de ces femmes avait, auparavant, déjà eu un autre mari, l'autre n'avait jamais été mariée avant cela. Dans les deux cas le Prophète leur donna le choix d'annuler le mariage. (Le premier cas est rapporté par al-Bukhârî et Aboû Dâoûd, le deuxième par Aboû Dâoûd, hadîth n° 2096, authentifié par al-Albânî.)

Après que la demande en mariage ait été faite, la personne concernée pourrait se donner un éventuel délai pour réfléchir davantage, pour demander conseil à Dieu par la salât al-istikhâra, et pour que la femme obtienne l'avis favorable de ses parents (comme enseigné par le Prophète).

Si tous les deux se sont ensuite mis d'accord pour se marier, nous arrivons à l'étape 4 et les choses continuent.
Mais si la demande n'est pas acceptée d'un côté ou de l'autre, le processus que nous évoquons ici est interrompu et on remonte à l'étape 1 (il ne faut pas se décourager).


Entre l'étape 4 et l'étape 5 (ma demande a été acceptée mais le mariage n'est pas encore fait) :


Accepter une demande en mariage signifie faire la promesse de se marier. Nos deux personnes se sont donc promis de se marier, mais elles ne sont pas encore mariées. Elles doivent donc toujours respecter les règles données par l'islam pour la présence d'hommes et de femmes. (Voir les articles à ce sujet sur ce site).
Cependant, de façon modérée et dans le cadre de ces règles, elles peuvent se rencontrer (en compagnie de proches parents – mahram – de la femme), elles peuvent se faire des petits cadeaux, etc.


Etape 5 (le mariage est conclu) :

Arrive le "grand jour" : après le contrat (nikâh) verbal et/ ou écrit, ces deux personnes deviennent mari et femme, et elles peuvent dès lors vivre ensemble comme tels. C'est dans ce contrat et avant qu'il soit officialisé par mari et femme qu'il faut préciser les conditions éventuelles (par exemple la condition émise par la femme et disant que son mari ne devra pas contracter de second "nikâh", etc.).

Ces étapes et les règles qui s'y rapportent sont inspirées du livre Tahrîr ul-mar'a, par Abû Chuqqa (tome 5 pp. 29-40). Les sources de ces règles – avec avis de ulémas – y sont également visibles.

Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).
assalam o alykoum
h
2 janvier 2009 18:38
Les critères pour choisir son conjoint


Soucieux de voir les couples formés être le plus stables possible, l'islam a encouragé les jeunes gens à se marier avec des gens avec qui ils ont le plus de chances possibles de pouvoir vivre une vie conjugale ensemble. L'apparence physique compte bien sûr, et c'est bien pourquoi l'islam a permis et même exhorté à se voir avant le mariage, afin que les deux (éventuels) futurs conjoints voient s'ils se conviennent l'un et l'autre. Cependant, l'islam enseigne aussi que l'apparence physique ne doit pas être le premier et le seul critère du choix : vivre ensemble toute une vie demande que l'on recherche des qualités autres que la seule beauté...
Quels critères prendre en compte quand on recherche la princesse de sa vie ou le prince charmant de ses rêves ?


Premier point :


Un musulman et une musulmane devraient orienter leur recherche en fonction de l'important critère que constitue pour eux le fait de vivre réellement l'islam ("dîn"winking smiley : il ne s'agit pas d'un aspect bigot mais d'une réelle présence, au quotidien, de ce que l'islam demande d'actes cultuels mais aussi d'une conception précise de la vie, de valeurs particulières, de spiritualité, etc.
Le Prophète a dit : "On se marie avec une femme pour une de ces quatre choses : pour son argent, pour sa parenté, pour sa beauté et pour sa pratique de la religion. Réussis donc, pauvre de toi, en choisissant celle qui pratique la religion" (rapporté par al-Bukhârî et Muslim). L'apparence physique compte aussi, nous allons le voir, mais ce qui est dit ici c'est qu'il ne devrait pas constituer le premier critère sur lequel se basera notre choix.


Second point :


Quelque chose d'autre à prendre compte est le caractère de la personne : il faut choisir comme futur conjoint une personne avec le caractère de qui on a des affinités. Imaginez quelqu'un de caractère très "soft" se marier avec une personne au caractère très impulsif : comment feront-ils pour s'entendre ?
Le Prophète n'a-t-il pas dit : "Les meilleurs femmes à avoir utilisé comme moyen de transport les chameaux [euphémisme pour décrire les Arabes] sont les femmes qurayshites : elles sont celles qui accordent le plus d'attention à l'enfant pendant son enfance, celles qui font le plus attention à ce que possède le mari." (rapporté par Al-Bukhârî). "Les gens sont comparables à des minerais, comme les minerais d'or et d'argent. Ceux qui étaient les meilleurs avant la venue de l'islam sont les meilleurs dans l'islam à condition qu'ils comprennent (l'islam)" (rapporté par al-Bukhârî et Muslim).

Il ne faut cependant pas oublier que la vie n'est pas un conte de fées, et que lorsqu'on se mariera, il y aura toujours quelques petits points pour lesquels on sera quelque peu déçu. Il faut faire avec. Le Prophète (sur lui la paix) avait dit : "Un croyant ne devrait pas détester une croyante [sa femme] : s'il n'apprécie pas un de ses traits de caractères, il en apprécie un autre" (rapporté par Muslim). Le Prophète nous a donc montré que plutôt que de se focaliser sur le trait du caractère de notre conjoint, qui ne nous plaît pas, il fallait porter son attention sur toutes les qualités de ce conjoint, sur tous les points que l'on a en commun.


Troisième point :


Le mieux serait d'éviter autant que possible de rechercher une personne avec qui on a de trop grandes différences au niveau de l'âge, du niveau culturel, etc.
Ainsi, Aboû Bakr et 'Umar avaient demandé en mariage Fâtima, la fille du Prophète (sur lui la paix). Il leur dit : "Elle est petite" (rapporté par Al-Hakim). Il la maria ensuite à 'Alî, qui était beaucoup plus jeune.
Mustafâ as-Sibâ'î a écrit des lignes très pertinentes au sujet de point dans son livre Al-Mar'a bayn al-fiqh wal-qânûn, pp. 63-65. Il y dit également que si tout mariage est valide entre deux personnes consentantes, quelle que soit la différence d'âge entre les deux, en Syrie le juge aux affaires familiales peut refuser le mariage d'un homme très âgé avec une très jeune femme quand il estime, au vu de la réalité, que ce mariage n'a comme objectif que des intérêts contraires à l'esprit des règlements musulmans (par exemple que le seul objectif du mariage est de permettre à la famille de la jeune femme de profiter de la richesse du vieillard, etc.). Cette mesure est destiné à protéger les jeunes femmes et à leur garantir une vie conjugale heureuse.


Quatrième point :


C'est dans le cadre des critères précédents que l'on tiendra compte de l'apparence physique. Car ce critère-là a aussi son importance. Le Prophète avait dit à un homme qui pensait épouser une femme ansârite : "Regarde-la. Les Ansâr ont quelque chose de particulier dans les yeux" (rapporté par Muslim). A al-Mughîra ibn Shu'ba, le Prophète dit de même : "Va et regarde-la. Cela sera plus à même de faciliter l'affinité entre vous deux" (rapporté par at-Tirmidhî).
assalam o alykoum
h
2 janvier 2009 18:39
Cinquième point :

Il ne faut enfin pas oublier que les sources de l'islam enseignent que la jeune femme a le devoir de demander l'avis de ses parents (en fait son père, mais celui-ci doit de toute façon consulter la mère de sa fille). Quels sont les critères que le responsable (walî) qu'est le père peut prendre en compte, et quels sont les critères qu'il ne peut pas prendre en compte ? Nous allons le voir ensemble…

Ici entre en jeu la notion de kafâ'ah, qui signifie "être de même niveau". Cette notion n'est pas prise compte en ce qui concerne la femme : celle-ci peut ne être d'un niveau en-deçà de celui avec qui elle désire se marier. C'est l'homme, lui, qui doit être au moins d'un niveau comparable à celui de la femme avec qui il projette de se marier. On dit alors qu "'il est kufu' pour elle". C'est là une mesure destinée à mettre davantage de chances pour que la femme soit heureuse auprès d'un mari qui est d'un niveau comparable au sien.

En islam, la notion de comparabilité du niveau est connue du droit musulman et a été citée dans certains Hadîths du Prophète : "Ne retarde pas trois choses : (…) et le mariage d'une femme célibataire lorsque tu rencontre quelqu'un qui [veut l'épouser, qu'elle veut épouser, et qui] est d'un niveau comparable au sien" (rapporté par at-Tirmidhî, n° 171, n° 1075, hadîth hassan d'après al-Albânî). "Lorsque celui dont vous agréez la religion et le caractère vous demande (la main de votre fille), mariez-les [quand votre fille veut se marier avec elle]. Si vous ne le faites pas, il y aura une tentation et un grand mal sur la terre" (rapporté par at-Tirmidhî, n° 1084, 1085, hadîth hassan d'après al-Albânî).

La prise en compte de cette notion de "niveau" signifie que le tuteur de la jeune femme (walî) peut tenir compte de cette notion avant de donner son accord au mariage de sa fille et du jeune homme. Car étant jeune on ne connaît pas autant les choses de la vie que ses parents, et on pourrait se laisser charmer par des paroles mielleuses mais en réalité pleines de fourberie. "Ce jeune homme ne convient pas à ma fille et je m'oppose donc au mariage", peut dire le tuteur.

Quels critères entrent en jeu pour que le tuteur établisse si le jeune homme qui lui demande la main de sa fille est d'un niveau comparable à celui de celle-ci ou pas ?

Les avis des savants sont divergents à propos de ces critères.

# D'après l'avis de Mâlik (repris par Ibn Qayyim), les seuls critères que le tuteur peut prendre en compte sont les deux choses qui ont été mentionnées dans le Hadîth déjà cité plus haut : le degré de pratique de la religion et le caractère. "Lorsque celui dont vous agréez la religion et le caractère vous demande (la main de votre fille), mariez-les [si la fille veut se marier avec lui]. Si vous ne le faites pas, il y aura une tentation et un grand mal sur la terre" (rapporté par at-Tirmidhî, n° 1084, 1085, hadîth hassan d'après al-Albânî).
Une musulmane ne peut donc être mariée à un non-musulman, et une musulmane pieuse ne doit pas être donnée en mariage à un musulman qui n'est pas pieux. De même, une musulmane de bon caractère ne doit pas être donnée en mariage à un musulman de mauvais caractère.
# Le savant syrien Mustafâ as-Sibâ'î écrit quant à lui qu'en Syrie, le code des affaires familiales avait, sur la base de l'avis de Abû Hanîfa, gardé comme critère sur lequel le responsable (walî) pouvait se baser pour dénoncer un mariage, la notion de comparabilité (kufu') du niveau du mari par rapport à celui de la femme. Cependant, la loi syrienne avait établi que la notion de niveau était laissée à l'appréciation du juge de la région dans laquelle le mariage était conclu (Al-mar'a bayn al-fiqh wal-qânûn, p. 66).

En cas d'abus du responsable (père par exemple), que faire ?

Cette disposition du droit musulman a pour objectif, je l'ai dit, de protéger la jeune femme des escrocs charmeurs, en faisant en sorte que l'accord du tuteur soit nécessaire en plus du désir de la jeune femme. Cependant, il peut arriver qu'un père fasse une utilisation abusive de cette disposition et empêche injustement sa fille de se marier. Le droit musulman a prévu cette difficulté, et les juristes musulmans ont émis l'avis qu'au cas où elle s'estime victime d'un abus de ce genre, la jeune femme doit s'en référer au juge musulman (qâdhî), qui examinera l'affaire : si le refus du responsable (walî) est effectivement abusif, le juge mariera lui-même cette jeune femme. (Pour plus de détails, se référer à Fiqh us-sunna, Sayyid Sâbiq, tome 2 pp. 410-411.)

Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).
assalam o alykoum
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2 janvier 2009 18:46
Pourquoi l'islam ne permet pas les relations sexuelles hors mariage ?


Question :


[Certaines religions] considèrent que la sexualité est marquée négativement ; la sexualité, dernier recours, a comme objectif la procréation, et la contraception est en temps normal une mauvaise chose ; on peut ne pas être d'accord avec [ces religions], mais elles vont jusqu'au bout de leur logique.
D'un autre côté, l'Occident contemporain considère que la sexualité est une chose tout à fait normale, participant de la vie physique de l'humain, et qu'elle peut être vécue entre deux personnes consentantes, même dans le cadre d'une rencontre d'un soir ; on peut ne pas être d'accord avec cet aspect de la civilisation occidentale, mais celle-ci va également jusqu'au bout de sa logique.
Par contre, ce que je ne comprends pas avec l'islam c'est qu'il considère que la sexualité n'est pas une chose marquée négativement mais tellement normale qu'on peut même avoir recours à des moyens contraceptifs et rechercher le seul plaisir sexuel (c'est ce qu'un de vos articles dit) et qu'on peut vivre sa sexualité pleinement (c'est ce qu'un autre de vos articles dit). Tout cela est très beau, mais pourquoi l'islam ne permet-il cette sexualité que dans le cadre du mariage (comme vous le dites aussi) ? Après tout, quelle différence y a-t-il vraiment entre une sexualité épanouie, vécue comme un don partagé de soi, dans le cadre d'une rencontre d'un soir, et la même sexualité épanouie, vécue elle aussi comme un don partagé de soi (puisque vous dites aussi qu'une femme ne peut être donnée en mariage contre son gré) dans le cadre du mariage (qui – et vous le dites aussi – n'est pas un sacrement car il peut être rompu par un divorce) ?! C'est ce que je ne comprends pas avec l'islam.


Réponse :


Ce que vous avez rapporté concernant la façon qu'a l'islam de voir la sexualité est vrai : la sexualité n'y est pas marquée négativement, elle peut être vécue pleinement et de façon épanouie, et on peut – à condition que l'objectif et le moyen utilisé ne contredisent aucun principe de l'islam – avoir recours à une contraception (voir mon article concernant la contraception). Il est vrai aussi que cette sexualité doit être vécue dans le cadre du mariage, qui n'est pas un sacrement mais un contrat conclu entre deux personnes consentantes devant des témoins, qui peut, en cas de raison valable, être rompu. Quelle différence, me demandez-vous, entre une telle sexualité vécue dans le cadre du mariage et la sexualité totalement libre qu'autorise l'Occident ?


Dans l'éthique occidentale :


L'éthique occidentale est une éthique sécularisée. Le lien vertical – qui est un lien spirituel vis-à-vis de Dieu – a dû s'effacer de l'espace public pour permettre un lien transversal qui soit réellement basé sur l'équité ; ce lien transversal est donc désormais le seul digne d'attention (voir mon article : Pourquoi l'Occident a-t-il adopté la laïcité ?). Aussi, tout est permis ou presque dès qu'on ne fait ni directement ni indirectement du tort à quelqu'un d'autre. C'est ce qui explique qu'en matière de sexualité également, tout est permis ou presque dès lors : 1) que le ou la partenaire est consentant(e), 2) que l'on ne lui fasse pas de mal, 3) que l'on prend ses précautions pour éviter de transmettre des maladies, 4) et qu'on évite les grossesses causes de problèmes (quand les jeunes sont encore étudiants ou lycéens, etc.).
L'Occident fixe quand même un âge minimum pour qu'une jeune fille ait des relations intimes mêmes consenties : il s'agit de l'âge de 15 ans en France. En deçà de cet âge, le consentement de la jeune fille n'est pas considéré comme valable car la jeune fille est supposée n'avoir pas atteint suffisamment de maturité au moins sur le plan psychique pour consentir à des relations intimes : il s'agit, en clair, d'une protection de l'enfance, ce qui rejoint le point 2) : ne pas faire du mal à autrui.


Dans l'éthique musulmane :


L'éthique musulmane interdit elle aussi, bien entendu, les viols, le mal fait à sa partenaire, la volonté de transmettre des maladies. Mais elle interdit également les relations sexuelles hors mariage. "(Les croyants,) ceux qui préservent leur sexe [de tout rapport] si ce n'est avec leur épouse…" (Coran 23/5-6). Ceci s'explique par le fait que si l'éthique musulmane tient elle aussi compte du lien transversal, elle entend également et dans le même temps tenir compte du lien vertical – le lien spirituel avec Dieu. Or, certes, dans le cadre du mariage comme dans les rencontres d'un soir ou l'union passagère, l'homme et la femme vivent de façon consentie leur sexualité. Mais, parallèlement à ce point que mariage et fornication ont en commun, c'est par rapport à la spiritualité vécue comme un lien vivant avec Dieu qu'une différence essentielle existe entre eux.
assalam o alykoum
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2 janvier 2009 18:47
Dans les rencontres d'un soir ou d'un weekend et dans l'union temporaire, l'objectif est unique : la satisfaction pure de l'instinct sexuel. Or, la nature humaine ne se résume pas à de la sexualité. Et une fois qu'on a rendu permises les relations sexuelles dans le cadre du simple consentement mutuel, sans besoin d'être mariés, rien n'empêche des êtres humains d'avoir comme objectif la recherche de toujours plus de plaisir sexuel avec de toujours nouveaux partenaires (voire même plusieurs à la fois). Il s'agit alors, clairement, de l'instinct vécu en excès car vécu sans prise en compte des autres aspects de la nature humaine. Or, si l'islam n'enseigne pas que vivre sa corporalité serait une entrave à la spiritualité, par contre il enseigne que l'excès dans la corporalité est une entrave à la spiritualité. Si on laisse son instinct dominer, on est en déséquilibre par rapport aux exigences de son âme. C'est bien pour exprimer cette réalité que le Prophète a dit : "Celui qui a des relations sexuelles hors du cadre voulu ne le fait pas en ayant la foi" (rapporté par Al-Bukhârî, n° 6424). Bien évidemment, cela ne veut pas dire que le musulman qui le fait a complètement perdu la foi et quitté l'islam (Kitâb ul-îmân, Ibn Taymiyya, p. 283). Cela veut dire, comme l'a dit Ibn Abbâs, qu'au moment de commettre cet acte, il n'a pas "la lumière de la foi" (cité par al-Bukhârî, kitâb ul-hudûd, bâb n° 2). En effet, il s'agit d'un acte de pure recherche de la satisfaction de l'instinct, qui exprime un déséquilibre par rapport à la spiritualité (Hujjat ullâh il-bâligha, tome 1 p. 471).
Voilà pour les méfaits des relations extra-matrimoniales sur le lien vertical, avec Dieu. Mais même sur le plan transversal les méfaits sont là, discrets mais visibles pour qui y réfléchit. En premier sur les valeurs familiales, qui tendent à se diluer au profit de valeurs individualistes (puisqu'on n'a plus besoin de former un couple stable pour vivre sa sexualité). Et de nouvelles et curieuses formes de familles apparaissent : monoparentales, homosexuelles… au détriment des droits des enfants, qui ont besoin d'un cadre établi et de repères paternels et maternels pour se développer pleinement sur le plan affectif et psychologique. Une telle sexualité ne peut non plus ne pas avoir des répercussions sur l'échelle des valeurs de chaque individu. Elle appelle plus de liberté des mœurs, plus de libertés des corps, permet toujours plus d'appels à l'endroit des regards pour plus de libertés par rapport aux fidélités. Enfin, une telle sexualité se fait souvent aux détriments de… la femme. En effet, combien de femmes se plaignent d'avoir été d'abord séduites par un homme qui leur avait tout promis, puis, après avoir offert à celui-ci ce qu'il attendait d'elles, s'être vues jetées par lui, au profit d'une autre femme ! Et combien de femmes qui, suite à une relation non suffisamment protégée, sont tombées enceintes, se sont vues proposer par celui qui les avait séduites d'avorter. Combien de femmes, qui ont alors refusé de détruire l'être qu'elles portaient en elles, se sont vues être totalement abandonnées par celui qui avait dit les aimer du fond du cœur. Une femme n'est pourtant pas un kleenex qu'on jette après usage !
Sexualité sans cadre, sexualité sans sentiments, sexualité sans engagement, sexualité sans responsabilités. Jouissance d'une nuit suivie du gris de l'aube et de la journée, quand on se retrouve seul(e). Nouvelle quête pour trouver un nouveau moment de plaisir l'instant d'une nuit ou d'une fin de semaine. Avant, de nouveau, la solitude affective. "L'union des deux cœurs avant l'union des deux corps, comme cela se fait dans le mariage, n'est-elle pas chose bien meilleure que la seule union de deux corps lors de la fornication ?" (d'après Majmû' ul-fatâwâ, Ibn Taymiyya, tome 15 p. 362).

Dans le mariage, l'objectif de la satisfaction sexuelle est intégré à un cadre plus général : les deux personnes font non seulement un consentement mutuel mais font également l'engagement mutuel de vivre perpétuellement ensemble, de s'entraider, d'être responsables des conséquences de la relation sexuelle qu'ils vont avoir (naissance d'enfant) et d'élever ensemble cet ou ces enfant(s). Pour l'islam, le mariage n'est pas un sacrement mais un contrat d'un type particulier qui est convenu entre deux personnes consentantes devant des témoins, et qui peut être rompu ou résilié. Il n'est nullement obligatoire que ce contrat particulier soit conclu en présence d'un théologien ou d'un imam, ni même qu'il soit conclu dans une mosquée. Le mariage n'est que l'extériorisation de l'engagement et de la prise des responsabilités. Dès lors, dire que le mariage est le seul cadre où s'exprimera la sexualité entre un homme et une femme, c'est dire que cet homme et cette femme devront, avant de profiter chacun du corps de l'autre, s'engager et prendre leurs responsabilités.


a suivre ------>
assalam o alykoum
h
2 janvier 2009 18:53
Il n'y a pas ici recherche de la satisfaction pure de l'instinct, il y a une recherche de la satisfaction de l'instinct qui est englobée dans un cadre de responsabilités et de solidarité. La différence avec la fornication (zinâ) est patente. Et elle explique pourquoi le Prophète (sur lui la paix) a dit que les relations sexuelles entre époux sont un acte rapportant récompense auprès de Dieu. A ses Compagnons qui s'en étonnaient, il dit que puisque celui qui le faisait dans l'interdit faisait un acte interdit, celui qui le faisait de la façon permise faisait un acte méritant récompense de la part de Dieu (rapporté par Muslim).

Par le contrat que constitue le mariage (devant être conclu devant deux témoins au minimum), l'homme témoigne de son engagement dans sa relation avec cette femme. Par le douaire (mahr), il témoigne de son affection pour la femme avec qui il est en train de se marier (le mahr est un présent – nihla, comme le dit le Coran 4/4) ; de même, l'homme témoigne ainsi de son engagement dans cette relation (qui n'est pas temporaire mais perpétuelle) ; enfin, en donnant ce présent, il montre qu'il va, conformément à ce que dit l'islam, continuer à dépenser de ses biens pour subvenir aux besoins de la femme qu'il va épouser, qui sera nourrie, logée, blanchie et soignée à ses frais à lui, même si elle possède des biens qui lui sont propres (cf. Fatâwâ mu'âssira, tome 2 pp. 343-345).

Ce cadre du mariage, Dieu l'a décrit comme étant un cadre où il y a engagement pour l'autre, où il y a amour et tendresse. "Et parmi ses signes il y a le fait qu'Il a créé pour vous, de vous-mêmes, des épouses afin que vous éprouviez la tranquillité auprès d'elles, et le fait qu'Il a mis entre vous de l'amour et de la tendresse. Il y a en cela des preuves pour des gens qui réfléchissent" (Coran 30/21). "Et Dieu a créé pour vous, de vous-mêmes, des épouses, puis vous a donné par vos épouses des fils et des petits-fils, et vous a donné à manger des choses délicieuses" (Coran 16/72). "Et Il est Celui qui a créé à partir de l'eau une espèce humaine, puis lui a donné une filiation et un lien de mariage…" (Coran 25/54).

Vous avez raison : le divorce est possible en islam ; mais sachez qu'au moment où les deux personnes se marient, elles font un contrat prévu normalement pour durer de façon perpétuelle. C'est bien pourquoi le mariage explicitement conclu avec une durée temporaire ("nous nous marions pour un an"winking smiley a été strictement interdit par le Prophète en l'an 8 de l'hégire (rapporté par Muslim, n° 1406). De même, comme Shâh Waliyyullâh l'a écrit, si deux personnes ont recours au mariage à durée officiellement perpétuelle mais, dans leur cœur, ont comme seul objectif de profiter d'un nouveau partenaire pendant quelque temps et de divorcer juste après, alors certes elles respectent la forme du cadre juridique voulu, mais sur le plan spirituel – entre elles et Dieu – il n'y a pas de différence entre elles et les personnes qui vivent leur sexualité sans avoir du tout recours au mariage (Hujjat ullâh il-bâligha, tome 1 p. 367). Et c'est encore pourquoi certes, le divorce est entièrement possible, mais il est perçu comme le dernier recours, quand la vie commune n'est plus possible. Cela ressort de ce qu'ont écrit Ibn Taymiyya, Ibn Hajar et Shâh Waliyyullâh ; cliquez ici pour lire mon article au sujet du divorce.

(Les autres explications, données plus haut, sont inspirées de Hujjat ullâh il-bâligha, tome 2 pp. 341-342 et tome 1 p. 319.)


Différentes façons de percevoir la sexualité :


En résumé, on peut percevoir la sexualité de deux façons différentes :

A) Soit on dit qu'il s'agit d'une chose marquée négativement, d'un vestige animal dans l'être de l'homme. C'est l'attitude de certaines religions, comme vous l'avez souligné.

Cool Soit on dit qu'il s'agit de quelque chose de naturel et que les êtres humains peuvent la vivre de façon épanouie. Ce cas B peut ensuite lui-même être perçu de deux façons différentes :
B.1) soit on dit que la sexualité épanouie c'est une sexualité sans frein et sans limites, et on confond alors liberté et permissivité, de même qu'on perçoit la liberté comme étant le fait de réussir à reculer le plus possible les normes et les limites. C'est l'attitude de l'Occident contemporain ;
B.2) soit on dit que la sexualité permissive est en excès par rapport aux autres aspects de la nature humaine, et que la sexualité épanouie ne doit pas empêcher les autres aspects de la nature humaine – dont la spiritualité – d'être épanouis ; pour cela, cette sexualité doit être vécue dans un cadre d'engagement et de responsabilités : celui qu'exprime le mariage, qui n'est qu'un contrat en islam. A l'intérieur de ce cadre, la sexualité est libre dans la mesure où, si elle doit respecter certaines limites, elle ne dépend pas de formes imposées une fois pour toutes mais est laissée à la discrétion et à l'imagination des deux partenaires. C'est là l'attitude de l'islam.
assalam o alykoum
h
2 janvier 2009 18:55
Droits et devoirs du mari et de l'épouse en islam


Le mariage n'est pas en islam un sacrement mais un contrat verbal (pouvant également être écrit) fait entre deux personnes qui déclarent vouloir vivre ensemble. Ce contrat est d'un type un peu particulier car il préside à la fondation d'une famille.

En islam, c'est le mariage qui rend permises les relations intimes. En cela il constitue une responsabilisation de l'homme, car il ne se limite pas à la jouissance que l'on tire de l'autre l'instant d'un moment, d'une soirée sans lendemain. Il engendre, avant même de permettre la jouissance, une série de droits et de devoirs.
Ces devoirs, quels sont-ils ? Chacun, époux et épouse, se doit de les connaître avant même de se marier.


Certains devoirs sont communs aux deux, mari et épouse :


1) Avoir de l'amour pour l'autre :
Dieu, dans le Coran, dit : "Et parmi Ses signes figure le fait qu'Il a créé pour vous, de vous-mêmes, des épouses afin que vous éprouviez le repos auprès d'elles et qu'Il a mis entre vous amour et tendresse" (Coran 30/21).
L'amour est parfois présent dès le début du mariage (parfois même avant), et parfois ne l'est pas dès le début. Mais en tous les cas il faut l'entretenir et le développer par tous les moyens qui entrent dans le cadre éthique de l'islam : des sourires, des petits cadeaux, un petit tour entre amoureux de temps à autre…
"Quel est l'humain que tu aimes le plus ?" demanda-t-on un jour au Prophète. "C'est Aïcha" [épouse du Prophète], répondit-il. "Parmi les hommes ?" demanda celui qui avait posé la question. "C'est le père de Aïcha" (rapporté par al-Bukhârî).

2) Avoir de la bonté pour l'autre :

Avoir de la bonté pour son conjoint, c'est avoir de la miséricorde pour lui, s'occuper de son bien-être, partager ses peines et ses joies, en un mot : vivre ensemble, à deux.
Le Prophète n'était-il pas venu ainsi se réfugier auprès de son épouse Khadîdja lorsqu'il avait été effrayé par la première manifestation de l'ange ? Et Khadidja n'avait-elle pas pris le temps de le réconforter par des paroles apaisantes, puis de l'emmener plus tard auprès de son cousin Waraqa ? (rapporté par Al-Bukhârî).
Une nuit, alors que le Prophète ne trouvait pas le sommeil, son épouse Aïcha lui dit : "Que t'arrive-t-il ô Messager de Dieu ?" (rapporté par Ahmad). Le Prophète lui-même, raconte Aïcha, "prenait soin de moi de façon particulière (al-lutf) lorsque j'étais malade" (rapporté par al-Bukhârî). Le Prophète faisait des courses à pied avec son épouse Aïcha, lui montrait le jeu des Abyssiniens.

3) S'embellir pour l'autre (autant que possible) :
Ibn Abbâs disait : "J'aime m'embellir pour ma femme comme j'aime qu'elle s'embellisse pour moi…" (rapporté par at-Tabarî).

4) Vivre ensemble sa sexualité :
Cela est un devoir qui incombe à tous deux, et non pas seulement à la femme. Les Hadîths sont dans les deux sens (notamment celui de Ibn Amr, auquel le Prophète, énumérant les devoirs qu'il avait et lui demandant de ne pas exagérer : "… et ta femme a des droits sur toi…", rapporté par al-Bukhârî). D'après Ibn Taymiyya, en susbtance : "La femme a le droit à une sexualité épanouie, autant qu'elle le désire" (Majmû' fatâwâ Ibn Taymiyya, tome 28 pp. 383-384 et tome 32 p. 271).
Cependant, pour l'un et pour l'autre, il ne s'agit pas de vivre l'acte sexuel comme un devoir seulement, mais comme une preuve d'intimité, comme le prolongement naturel de l'amour, de la bonté, de l'embellissement et de l'intimité que chacun connaît vis-à-vis de l'autre.

5) Avoir une juste confiance en l'autre :
C'est un devoir que de rester fidèle à l'autre (en ne tombant pas dans les relations extra-matrimoniales - az-zinâ), et l'autre est naturellement porté à exprimer son attention sur ce fait. Un équilibre se crée ainsi qui conduit chacun des partenaires à contribuer à la fidélité de l'autre. Mais l'attention que l'on porte à l'autre ne doit pas être étouffante au point qu'il y ait des suspicions inutiles ou qu'il y ait un climat de manque de confiance. C'est une juste confiance qui doit régner. Le Prophète a dit : "Il y a une jalousie (ghayra) que Dieu aime et une jalousie qu'Il n'aime pas. La jalousie que Dieu aime est celle qui apparaît au moment d'un problème réel (rîba). Et la jalousie que Dieu n'aime pas est celle qui existe alors qu'il n'y a pas de problème (rîbah)" (rapporté par Abû Dâoûd). Quant au fait de tuer son épouse sur la base d'une simple suspicion (cela se passe dans certaines régions où la tradition tribale et l'ignorance priment sur l'islam), cela n'a aucune place en islam.
assalam o alykoum
h
2 janvier 2009 18:58
Le mari, un dictateur ?

Comme nous l'avons vu plus haut, le mari est chef de famille. Et l'islam demande certes à l'épouse d'obéir à son mari. Mais il serait faux de voir dans cette demande le droit pour le mari d'être un dictateur. En effet, d'abord l'islam rappelle qu'il n'y a aucune obéissance dans la désobéissance à Dieu, ce qui limite les prérogatives du mari. Ensuite, comme nous l'avons dit ci-dessus, le mari doit consulter son épouse et non pas prendre toutes les décisions seul. Le mari doit également se souvenir de la règle de la priorité dans le rappel : combien de maris, trop pressés, obligent leur femme à pratiquer davantage de règlements de l'islam, provoquant par là une sorte de cassure. Enfin, l'islam demande au mari de passer sur les petits défauts de sa femme. Le Prophète a ainsi dit : "Prenez de moi ce conseil de bien agir envers les femmes. Car la femme a été créée d'une côte : elle ne restera jamais pour toi toujours sur une ligne. Si tu cherches à la redresser, tu la briseras. Et si la laisses comme elle est, elle restera courbée. Acceptez donc de moi le conseil de bien agir envers votre femme" (rapporté par Muslim). Dans une autre version : "La briser, c'est divorcer" (rapporté par Muslim). "S'il n'aime pas un des traits de son caractère, qu'il considère le trait qu'il aime" (rapporté par Muslim). Le Prophète (sur lui la paix) a voulu montrer aux maris que la femme est, sur certains aspects, d'une nature différente de celle de l'homme : il ne faut pas lui en vouloir mais être patient. Celui qui en veut à sa femme pour des détails et qui n'arrive pas à passer sur ceux-ci, celui-là risque de la briser, dit le Prophète (sur lui la paix). En effet, la femme ne donne pas priorité à sa raison comme l'homme, mais donne priorité à ses sentiments : c'est pourquoi le fait d'argumenter ne mène à rien lors de disputes conjugales.

C'est bien pourquoi Dieu dit dans le Coran : "Quant à elles (les femmes), elles ont des droits comme elles ont des devoirs, conformément à la bienséance. Les hommes ont cependant une préséance sur elles." (Coran 2/228). Cette "préséance de l'homme sur la femme" signifie, d'après Ibn Abbâs, "le fait que l'homme est capable de laisser tomber une partie des droits qu'il a sur sa femme, tout en s'acquittant, pour sa part, de tous les droits que sa femme a sur lui" (at-Tabarî, qui pense que, de tous les commentaires de cette phrase, celui-ci est le plus proche de la vérité). Ibn Abbâs disait donc : "Je ne veux pas réclamer tous les droits qui me reviennent, car Dieu dit : "Les hommes ont une préséance sur elles."" (rapporté par at-Tabarî).

Tout mari voudrait, lorsqu'il rentre le soir chez lui fatigué, de trouver son épouse joyeuse, faisant disparaître sa fatigue d'un seul de ses sourires. Mais tout mari sait aussi qu'il arrive des jours où ce n'est pas le cas et où, au contraire, il se voit reprocher des choses qu'il n'a pas faites, ce qui rajoute à sa fatigue et accroît sa tension. Il faut alors être patient, se dire que demain tout ira mieux inshâ Allâh, et se souvenir que… le Prophète lui-même a connu ce genre de choses avec ses épouses et a fait preuve de patience : c'est rapporté par al-Bukhârî et Muslim.

Il est vrai cependant qu'une épouse ne devrait pas – comme cela se voit parfois – aller raconter à sa mère les petits problèmes du couple. Mais un mari ne devrait pas non plus aller raconter à ses amis – cela se voit aussi, malheureusement – ses petits problèmes conjugaux. Ce n'est qu'en cas de problèmes graves (imaginez qu'un mari roue un jour sa femme de coups) qu'on devrait aller se plaindre à qui prendra les mesures nécessaires. A l'époque du Prophète, les femmes étaient bien venues se plaindre auprès des épouses du Prophète du fait que leur mari les frappaient, et le Prophète était ensuite intervenu à ce sujet (cité dans Riyâd us-sâlihîn). Mais en cas de petits problèmes (que tout couple connaît), il faut faire preuve de patience.

L'amour s'entretient toute la vie. Un sourire, complice, une caresse, un clin d'œil, un petit cadeau de temps à autre, une petite promenade entre amoureux... n'est-ce pas dans le droit fil des principes laissés par le Prophète ? Celui-ci n'a-t-il pas dit que le mari était récompensé pour la bouchée qu'il portait (par jeu) jusqu'à la bouche de son épouse (rapporté par al-Bukhârî et Muslim) ?

Enfin, chacun doit se souvenir qu'il faut considérer ses devoirs avant ses droits. Et qu'il ne faut pas considérer les relations de son couple sous le seul angle "droit-devoirs", mais aussi et avant tout sous l'angle "affection-amour-pardon".

Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).
assalam o alykoum
h
2 janvier 2009 19:05
Le Coran permet-il à un musulman d'épouser une non-musulmane ?


Question :


Salâm 'alaykum. Est-il vrai que le Coran donne au musulman le droit de se marier avec une non-musulmane ?

Réponse :

Wa 'alaykum us-salâm. Il faut tout d'abord bien cerner le cadre de votre question. Et il faut pour cela rappeler une chose que beaucoup de musulmans et de musulmanes ignorent ou oublient lorsqu'ils emploient le terme "mariage mixte" : être musulman, ce n'est pas être d'origine orientale ou africaine. L'islam est une religion universelle, et quelqu'un qui est de type européen peut tout à fait être musulman, autant musulman que quelqu'un qui est né dans une famille musulmane. Aussi, une femme qui était non-musulmane et qui choisit de se convertir à l'islam n'est pas une non-musulmane, mais une musulmane à part entière, quels que soient son pays et sa famille d'origine et quelle que soit son ancienne religion. Le mariage d'un homme né dans une famille musulmane avec une femme convertie à l'islam (quels que soient son pays et sa famille d'origine et quelle que soit son ancienne religion) n'est donc pas concerné par votre question, car il s'agit bien là du mariage d'un musulman avec une musulmane. La question que vous posez concerne le mariage (nikâh) d'un homme musulman avec une femme qui garde sa religion non-musulmane. Et vous voulez savoir si l'islam permet ce type de mariage (nikâh).

Pour ce qui est du mariage d'un musulman avec une femme athée, agnostique ou polythéiste (mushrika), il n'est pas possible selon l'islam. Le Coran dit : "Et ne vous mariez pas avec les femmes polythéistes tant qu'elles ne deviennent pas croyantes" (Coran 2/221).

En revanche, un verset du Coran a rendu possible en soi le mariage d'un musulman avec une femme juive ou chrétienne : "Et [il vous est permis de vous marier avec] les femmes vertueuses parmi les croyantes et les femmes vertueuses parmi les gens qui ont reçu le Livre avant vous, si vous leur donnez leur douaire, ceci étant sous la forme d'un mariage et non en gens de mauvaise vie ni en preneurs d'amantes" (Coran 5/5).

Cette référence textuelle fait que le mariage d'un musulman avec une juive ou une chrétienne est en soi permis. Cette permission est cependant assortie des conditions suivantes :
1) Il faut que la femme soit réellement juive ou chrétienne, c'est-à-dire qu'elle croit réellement en Dieu, etc.… Car il existe des hommes et des femmes qui, même s'ils portent un prénom chrétien par tradition, sont en fait athées ou agnostiques.
2) Il faut que la femme soit vertueuse, comme l'a souligné le verset : "les femmes vertueuses parmi les gens qui ont reçu l'Ecriture avant vous". Le verset n'entend donc pas permettre le mariage avec une femme de mauvaise vie.
3) Il faut que la femme ne fasse pas partie d'un peuple qui soit en guerre contre les musulmans. En effet, comme l'a dit Ibn Abbâs, si elle fait partie d'un peuple en guerre contre les musulmans (harbî), le mariage n'est pas possible (Tafsîr Ibn Kathîr).

Al-Qardhâwî (Fatâwâ mu'âsira, tome 1, pp. 462-476), lui, rajoute une quatrième condition : qu'il n'y ait ni la certitude ni la forte présomption d'un mal qu'entraînerait pareil mariage d'un musulman avec une femme faisant partie des Gens du Livre. Ceci conformément au principe général édicté par le Prophète (que la paix soit sur lui) : "Pas de tort ni de tort fait à autrui" (rapporté par Ibn Mâja). Or, poursuit al-Qardhâwî, de tels mariages peuvent, dans certains contextes, entraîner certains maux. En effet, imaginez, écrit-il, que, dans une communauté musulmane telle que celles installées en Europe, aux Etats-Unis ou dans certains pays d'Asie, les musulmans se mettent en grand nombre à se marier avec des chrétiennes. Cela signifie que de nombreuses femmes musulmanes de cette communauté ne pourront plus se marier. En effet car, d'une part, il est rare, voire exceptionnel qu'un musulman puisse avoir plusieurs épouses lorsqu'il vit dans ces pays, et, d'autre part, d'après l'islam, la musulmane, elle, ne peut se marier qu'avec un musulman. Un grand nombre de musulmanes se retrouveront alors sans la possibilité de se marier dans le cadre offert par l'islam. Omar ibn al-Khattâb comprit parfaitement ce risque lors de son califat, et c'est pourquoi, ayant appris que Hudhayfa ibn al-Yamân avait, à Ctésiphon, épousé une femme d'entre les Gens du Livre, il lui écrivit cette lettre : "Je te demande de ne pas déposer ma lettre que voici avant d'avoir divorcé d'elle. Car ce que je crains c'est que les musulmans prennent exemple sur toi et se mettent à se marier avec les femmes non-musulmanes (…). Cela sera alors suffisant pour causer des difficultés (fitna) aux femmes musulmanes." Il ne s'est pas agi, ici, d'une annulation (ilghâ'), par Omar, de la permission donnée par le Coran, mais d'une demande de n'avoir pas recours à cette permission dans un contexte donné, et ce au nom de la fidélité aux autres principes généraux de l'islam.
assalam o alykoum
h
2 janvier 2009 19:06
Al-Qardhâwî conclut en disant que s'il est en soi permis à un musulman d'épouser une femme qui garde sa religion juive ou chrétienne, le contexte aujourd'hui fait qu'il donne la fatwa (qui est ce qui fait le lien entre les textes des sources et le contexte) suivante : bien sûr, un tel mariage resterait valide, mais il convient, par principe de précaution devant les difficultés que cela ne manquerait d'engendrer, de le déconseiller fortement.

Tout ceci s'explique par le fait que le mariage est quelque chose de très important, qui demande beaucoup plus que l'amour. En effet, en plus d'être fondé sur l'amour, un couple est aussi un équilibre qui se maintient au jour le jour, à force de compréhension mutuelle, de concessions, de dialogue et de volonté. Or, le fait de partager exactement les mêmes croyances, les mêmes valeurs, de pouvoir pratiquer ensemble les mêmes actes de culte et d'avoir le même cadre de référence n'est-il pas à même de parvenir plus facilement à cet équilibre ?


Synthèse de la réponse :

Le mariage d'un musulman avec une femme athée ou agnostique ou polythéiste est interdit en islam. Seul le mariage avec une femme issue des Gens du Livre est permis, mais ce aux conditions que nous avons vues.

Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).
assalam o alykoum
a
2 janvier 2009 19:35
salam alikoum

barak allah fik , c'est très bien détaillé, même s'il y en a qui vont pas trop aimer ton post, mais bon c'est une vérité absolue, elle est à prendre ou à laisser. malheureusement quand on fait le constat sur le terrain on s'aperçoit qu'elle a été mise de côté, ce qui nous amène à des situations un peu compliquées.
h
2 janvier 2009 20:12
j'aurais voulu que ce post reste dans la rubrique amour et sentiments, pour qu'il soit plus par la majorité des yabiladiens, qui ont besoin de lire ceci....

bonne lecture...
assalam o alykoum
K
7 janvier 2009 12:05
as salam alaykoum

baraka Allahou fik

et ouai la vie de couple serait simple ca se saurait lol a nous de faire de notre mieux incha'Allah (facile a dire je suis seule confused smileyptdr)

Salam
h
8 janvier 2009 15:29
Citation
Klissa a écrit:
as salam alaykoum

baraka Allahou fik

et ouai la vie de couple serait simple ca se saurait lol a nous de faire de notre mieux incha'Allah (facile a dire je suis seule confused smileyptdr)

Salam

elle est tres simple, tout est tracé par l'islam, pas besoin d'inventer des stratégies émotionnels ou je ne sais quoi ...

les gens ne veulent plus de la religion,

ou font leur propre decoupage... Oups
assalam o alykoum
8 janvier 2009 15:43
Citation
habib75 a écrit:
j'aurais voulu que ce post reste dans la rubrique amour et sentiments, pour qu'il soit plus par la majorité des yabiladiens, qui ont besoin de lire ceci....

bonne lecture...

salam
baraka allaho fika incha allah
oui j'ai fait l'experience avant toi de poster une partie et rediger les gens vers le lien et je te raconte pas.Cool
ils disent que ce forum est pour Amour et Sentiments et y a pas de place a la religion et si jamais les gens cherchent un conseil religieux ils vont le faire sur Religion ou chez un imam.
on a beau repete que l'islam doit etre un mode de vie, pas une vie a la mode, mais rien a faire.
Allah ihdi makhle9.
en tout jazaka allaho khayran pour ce rappel et pour tous ceux qui vont suivre meme un point de ce que tu as mis.
Salam
[b]*[/b] 'Celui qui croit en Allâh et au Jour Dernier, qu'il dise du bien ou qu'il se taise'. [color=#3333CC]Hadith[/color] [b]*[/b] Il n'y a que les grands cœurs qui sachent combien il y a de gloire à être bon. [b]*[/b] La bonté d'un seul homme est plus puissante que la méchanceté de mille; le mal meurt en même temps que celui qui l'a exercé; le bien continue à rayonner après la disparition du juste.
L
8 janvier 2009 23:14
salam,
barakalah oufik, très bien détaillé tbarkallah.
si seulement tout le monde pouvait appliquer tout ça, j'en suis persuadé que le nombre de divorce et de déception serait réduit à 0.00000000000000000001 % mais tant qu'on aura pas compris rien ne changera
Inchallah j'essaierai de l'appliquer pour ma vie future, en tout cas au fond de moi c'est ce que je veux.
Oui elham a déjà essayé meskina, je vous raconte pas comment on est tombé dessusOups
Comme tu dis allah ihdi makhla9( et nous y compris)
b
16 janvier 2009 19:59
barak allah ofik, magnifique rapel a ceux et celles qui ont la chance de lire ceci
s
20 janvier 2009 23:13
salam o3alycoum

merciii pour ce rappel

salam
... "HAN IMA LMAL N DOUNIT AD A WINW ORAK IKISS I LMOUTE ORAD IKSS AZAR OMLIL IR ILA RI GUIN IKHF":A: TASSOUSSITE OUI C’EST MOI :A:
h
20 janvier 2009 23:18
merci,

je compléterai inchallah par d'autres rappels ... *

sont bienvenus vos rappels sur le meme sujet, "amour et sentiment dans l'islam"
assalam o alykoum
Emission spécial MRE
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