Retour au devant de la scène politique remarquable pour deux Belgo-marocaines. Refusée d’accéder à la Cour constitutionnelle en mai dernier, après des longs débats tendus entre parlementaires et sous la pression du Mouvement réformateur (MR), Zakia Khattabi revient par la grande porte. Ce jeudi matin, elle a prêté serment devant le roi Philippe de Belgique, après sa nomination en tant que ministre de l’Environnement et du climat au sein du gouvernement fédéral d’Alexander De Croo.
L’ancienne co-présidente d’Ecolo n’aura ainsi pas reculé devant les protestations du MR et des partis d’extrême-droite, bien qu’elle avait exprimé sa déception du refus de sa candidature à la Cour, à l’issue du rejet exprimé par la majorité.
Un retour en force
Née de parents marocains, Zakia Khattabi est en effet issue d’une génération de mixité, qui a façonné la ville de Bruxelles à travers les décennies. Chercheuse et employée à la politique scientifique, elle a également été remarquée sur le plan politique pour ses positions qu’elle a défendues avec hargne.
RTL rappelle d’ailleurs qu’en 2017, elle a échappé aux «tentatives du président du cdH de créer un front de gouvernance aux dépens d’un PS qui serait peu enclin à se départir des affaires». «Ce sera un fait marquant de son avènement politique et de l’émergence de l’alliance avec les socialistes bruxellois et DéFI», indique le média.
Au Parlement comme dans le milieu associatif, Zakia Khattabi a défendu les questions d’égalité, de jeunesse, des femmes et des personnes issues de l’immigration, notamment au sein du Centre pour l’Egalité des chances. Sa première élection remonte à 2009, lorsqu’elle a accédé au parlement bruxellois, avant de rejoindre l’assemblée de la Fédération Wallonie-Bruxelles et le Sénat, pour faire partie de la commission de la Justice.
Après dix ans d’action politique et sociale, Zakia Khattabi se met en place une coalition PS-Ecolo-DéFI à la Ville de Bruxelles. En mai 2019, elle participe aux négociations pour la formation du gouvernement bruxellois. L’année d’après, les libéraux ne soutiennent pas sa candidature à la Cour constitutionnelle, rejetée définitivement par le Sénat. Ses soutiens dénoncent un clientélisme communautaire.
Meryame Kitir n’est finalement pas retournée au Maroc
Aux côtés de Zakia Khattabi, une seconde députée belgo-marocaine a accédé au gouvernement fédéral belge. Il s’agit de la socialiste Meryame Kitir, nommée ministre de la Coopération au développement et la politique de la ville, après avoir été cheffe de son groupe au parlement fédéral.
Ancienne ouvrière à l’usine Ford, Meryame Kitir a grandi avec ses parents marocains à Maasmechelen. RTL rappelle que son père avait émigré en Belgique dans les années 1960, pour rejoindre les mines du Limbourg. Au sein de cette famille d’onze frères et sœurs, la mère décède quant Meryame avait deux ans. Elle perd son père à l'âge de 18 ans, puis elle devient ouvrière chez Ford à partir de 1999.
Au sein de l’usine automobile, Meryame Kitir devient déléguée du syndicat socialiste. Alors président du parti socialiste flamand, Steve Stevaert la remarque et l’intègre à son équipe. En 2006, elle est élue au conseil communal de Maasmechelen, puis accède à la Chambre après les élections fédérales de l’année d’après.
Connue pour ses positions fermement opposées aux politiques du gouvernement de Charles Michel (MR), Meryame Kitir a fait l’objet d’une attaque raciste en 2016, au cœur de l’Hémicycle. A l’issue d’une intervention devant les parlementaires et les représentants de l’exécutif, elle regagne son banc, sous les propos du député Luk Van Biesen (Open VLD), qui lui lance un «retourne au Maroc». Entendu par des collègues, il a été sommé de présenter des excuses.
Le retour au Maroc n’étant pas dans son programme, Meryame Kitir intègre dès ce jeudi la nouvelle formation gouvernementale, en charge d’un dossier qui rejoint ses engagements en faveur des questions sociales et des politiques locales inclusives.