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Grand Angle

Normalisation des relations avec l’Algérie : El Othmani modère son enthousiasme

Au fil des jours, le ministre des Affaires étrangères se rend à l’évidence qu’il a trop misé sur sa visite, en janvier en Algérie pour une normalisation des relations avec le voisin de l’Est. L’euphorie des premiers jours et les annonces de retrouvailles entres «frères» commencent à céder la place à la dure réalité.

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Presque trois mois après ce voyage, les frontières terrestres sont toujours fermées. Pire encore, aucun signe en provenance d’Alger ne laisse présager une telle issue. La date de la très attendue réunion de la Haute commission mixte n’est pas encore fixée. Seuls des visites ministérielles de moindre importance sont à relever. Et que dire encore du Sommet des pays du Maghreb en Tunisie ? Autant de rendez-vous suspendus, justement, à la normalisation des relations entre Rabat et Alger. C’est dans ce contexte de statut quo que El Othmani commence à modérer son optimisme. Lundi devant les membres de la commission des affaires étrangères à la Chambre des conseillers que le ministre a estimé que la fermeture des frontières est «une  situation anormale qui ne reflète guère les aspirations légitimes des deux peuples frères». Et d’ajouter que «le règlement du dossier des frontières fermées depuis près de vingt ans (…) doit se faire progressivement, s’accompagner d’initiatives visant à instaurer un climat de confiance et d’entente entre les deux parties selon une approche globale qui s’avère incontournable». Une semaine auparavant, le même El Othmani exprimait son pessimisme mais cette fois devant la commission des Affaires étrangères, de la défense nationale, des affaires islamiques et des Marocains résidant à l’étranger à la Chambre des représentants, estimant que les indicateurs actuels «ne permettent pas pour autant de prédire une normalisation imminente entre les deux pays».

En Algérie, les préoccupations sont autres

Si la question de la normalisation des relations avec l’Algérie figure en bonne place dans les travaux des commissions des deux Chambres du parlement marocain, de l’autre côté de Oujda les préoccupations sont différentes. Les élections législatives du 10 mai et les problèmes du FLN (Front de libération national) avec notamment la montée en force d’un courant réformateur réclamant de plus en plus le départ d'Abdelaziz Belkhadem du secrétariat général de ce parti, tiennent le haut du pavé. La presse locale s’en fait, d’ailleurs, l’écho quotidiennement. A ces deux sujets, est venu s’ajouter, depuis une semaine, l’enlèvement de diplomates algériens au Mali par une branche dissidente de AQMI. Hier, actualité oblige, le Maroc a eu un droit de traitement par les médias algériens, et ce, à l’occasion de la visite à Rabat de Rachid Harraoubi, le ministre de l’Enseignement supérieur.

Quid de la réouverture des frontières terrestres, fermées depuis 1994 ? Les officiels marocains n’ont qu’à prendre leur mal en patience et attendre l’issue du scrutin du 10 mai, une possible victoire des formations islamistes pourrait rapprocher cette échéance à condition, bien entendu, que les militaires, véritables tenants du pouvoir à Alger, le veuillent bien. En attendant ces législatives, Rabat et Alger s’apprêtent, dans les prochains mois, à s’affronter au Conseil de sécurité au sujet du Sahara.

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