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Grand Angle

La reprise des rapatriements de dépouilles au Maroc a soulagé les pompes funèbres

Après des mois d’interdiction, les dépouilles de Marocains du monde peuvent être rapatriées au royaume. C’est un soulagement pour les familles qui peuvent enfin organiser des funérailles à leurs proches, dans un processus suivi de près par les services de pompes funèbres musulmanes, particulièrement en France.

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Photo d'illustration / DR.
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L’attente aura duré cinq mois, voire plus, pour certaines familles. Depuis que le Maroc a suspendu les rapatriements des dépouilles de MRE à cause de la pandémie du nouveau coronavirus, des cercueils un peu partout dans le monde sont mis sous scellé mais sans être enterrés.

En France, qui compte une importante communauté marocaine, les proches des défunts ont été nombreux à prendre cette dure décision, bien qu’elle ait compliqué le deuil. Après être restés dans l’espoir de pouvoir inhumer les leurs sur la terre d’origine, ils ont reçu avec soulagement la levée de cette interdiction, il y a deux mois maintenant.

Ce sentiment est également partagé par les services des pompes funèbres musulmanes, après des mois de saturation des morgues. A Gennevilliers, en banlieue parisienne, Djamel Abennay est gérant de l’une de ces agences qui ont vécu cette situation. Il confie à Yabiladi que cette possibilité de retour représente désormais une délivrance, autant pour les familles concernées que pour les défunts, qui pourront reposer en paix dans leur pays d’origine. «La période de confinement strict et de suspension des vols a été très dure pour tout le monde, mais les choses commencent heureusement à rentrer dans l’ordre», nous a-t-il déclaré.

Des services mortuaires qui commencent à se désengorger

Djamel s’exprime avec un grand apaisement aujourd'hui. Pour cause, il se trouve dans une région française qui a fortement été touchée par la pandémie et il ressent doublement ce retour à la normale. «Les familles font des demandes de rapatriement, nous nous occupons des dépouilles de leurs proches défunts, les services consulaires et les transporteurs aériens font également un bon travail, donc les choses semblent enfin rentrer dans l’ordre», nous décrit-il.

Mais ce retour a également dû s’opérer dans un temps long. Selon Djamel Abennay, «les deux à trois premières semaines qui ont suivi la levée de l’interdiction ont été marquées par un important dépôt de demandes de rapatriement, entre les cercueil restés en attente depuis des mois et les nouveaux décès». Au fur et à mesure du rapatriement des dépouilles mises sous scellés depuis mars dernier, la pression se ressent beaucoup moins.

Il y a cinq mois, Djamel Abennay a décrit à Yabiladi des «journées interminables». Cercueils entassés, gestion des morts naturelles, des décès en raison de maladies chroniques mais aussi ceux liés au nouveau coronavirus, son service s’est mis à travailler de jour comme de nuit. La pression s’est accentuée, d’autant plus que les carrés musulmans n’ont plus suffi à inhumer tous les défunts. «La moindre des choses dans ces conditions, c’est que les pays concernés nous aident à gérer les décès hors-coronavirus», s’était-il désolé.

C’est ce qui s’est opéré depuis deux mois, puisque ce rapatriement de dépouilles est en effet conditionné par le fait que le défunt n’ait pas été touché par la covid-19. En juillet dernier, un avis du consulat général du Maroc à Bruxelles a d’ailleurs annoncé la levée de l’interdiction des rapatriements de dépouilles, mais a précisé que le décès devait être «survenu suite à une cause autre que la covid-19 (mort naturelle, maladie non infectieuse)». Les frais de ce rapatriement, possible «uniquement par voie aérienne», doivent être pris en charge par l’assurance ou la famille du défunt.

Après l’attente d’une autorisation, l’attente d’un vol disponible

A Montreuil, les pompes funèbres Ennour confirment également à Yabiladi que «tout dossier de rapatriement doit être accompagné d’un certificat, attestant que la dépouille n’est pas celle d’un patient mort de complications du nouveau coronavirus».

Dans cette zone d’Île-de-France qui a aussi connu un important nombre de morts dans le contexte de la pandémie, «la plupart des familles ont fait le choix de sceller les sépultures de leurs morts, mais sans les inhumer ici, en attendant autant qu’il faut la possibilité de les rapatrier au Maroc», nous dit le gérant d’Ennour. Ainsi, «les premiers jours ayant suivi la levée de l’interdiction des rapatriements ont connu presque une saturation en termes de demandes».

Cet impact s’est ressenti également auprès des services consulaires, qui ont reçu un grand nombre de dossiers d’un coup, ce qui a nécessité plus de temps pour tous les traiter. Maintenant que «les choses reviennent presque à la normale» au sein des représentations comme chez les pompes funèbres musulmanes, il faudra gérer une autre difficulté.

«Les dépouilles sont reconduites au Maroc, certes, mais les vols qui reprennent tout en restant moins réguliers que d’habitude rallongent aussi les délais d’inhumation.»

Pompes funèbres musulmanes Ennour (Montreuil)

Pour le cas de certaines familles dont il a pris en charge des proches décédés, ce gérant indique qu’«il faut attendre parfois jusqu’à 15 jours entre une demande traitée et la possibilité de trouver un vol de rapatriement de dépouille». En effet, notre interlocuteur souligne que «les vols spéciaux d’Air Arabia ou de la Royal air Maroc (RAM) sont souvent complets, donc le temps d’attente pour les cercueils reste un peu long».

Article publié avec le soutien de Google News Initiative

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