Sept longs mois après sa suspension pour des raisons de sécurité sanitaire, la Oumra va reprendre à partir du mois prochain, a annoncé mardi le ministre saoudien de l’Intérieur dans un communiqué, repris par l’agence de presse officielle SPA.
Les Saoudiens et les étrangers résident en Arabie saoudite pourront ainsi accomplir cette Sounna dès le 4 octobre, tandis que les musulmans de l’extérieur seront autorisés à entrer en Arabie saoudite à partir du 1er novembre, avec l’augmentation progressive du nombre de pèlerins admis.
Une bonne nouvelle qui exhausse les vœux des fidèles du monde entier et réjouit partiellement les agences de voyages spécialisées dans le Hajj et la Oumra. «C’est encore assez flou mais ça porte toujours l’espoir», nous confie ce mercredi un responsable de l’agence parisienne Meridianis Voyages, spécialisée dans le Hajj et la Oumra. «Pour nous, le plutôt sera le mieux et nous aimerons bien que les voyages reprennent le plus rapidement possible», reconnaît-il.
En effet, à la différence des agences généralistes, qui couvrent plusieurs destinations et qui «se débrouillent un peu», les autres spécialisées dans le pèlerinage «sont dans l’arrêt total et impactées à 100% par la pandémie», ajoute-t-il.
Une bonne nouvelle pour le secteur
«Nous commencerons prochainement à afficher des offres provisoires, en mentionnant qu’elles sont sous réserve de confirmation des visas pour la Oumra. Mais nous recevons déjà beaucoup d’appel de pèlerins qui veulent partir et qui attendent», décrit notre interlocuteur.
Mais il dit penser que «l’Arabie saoudite va durcir les conditions d’accès, avec des tests PCR et des conditions un peu contraignantes». «Il y a aura des déçus pour les premiers départs mais les pèlerins seront au rendez-vous et il y en a même qui voudront être parmi les premiers à vouloir partir après cette longue fermeture», insiste-t-il, faisant savoir que «vu que la crise a été longue, la reprise sera forcément lente aussi».
Cette information est également qualifiée comme «très bonne nouvelle» par un autre voyagiste de la place, présent à Paris, Lille et à Lyon, bien que l’agence dit être «toujours en manque de communication». «Nous ne savons pas si la France fera partie des pays autorisés par l’Arabie saoudite, compte tenu du nombre de cas de covid-19, enregistrés actuellement», explique l’un de ses responsables.
«De plus, concernant le nombre de personnes autorisées à partir pour la Omara, l’Arabie saoudite parle de 20 000 pèlerins par jour pour le monde entier. Nous ne savons pas comment ce chiffre va être partagé entre les pays. A l’heure actuelle, nous ne pouvons pas programmer de voyage pour les pèlerins français car nous n’avons pas de visibilité.»
Image d'illustration. / Ministère saoudien des médias via AP
Un vaccin contre la covid-19 pour mettre fin à la réticence
Mais si certains applaudissent une bonne nouvelle pour ce segment, d’autres voyagistes préfèrent encore attendre, tandis que certaines ne cachent pas leur réticence. «Ils disent qu’il faut même prendre un créneau pour la prière à travers une application mobile. Vous imaginez ? Cela va être un peu difficile pour nous», confie un conseiller de l’agence Solair Voyages, basée à Lille.
Il affirme que le voyagiste ne programmera pas de voyageurs avant février prochain, car «cela ne sera pas confortable» pour ses clients. «Nous leurs conseillerons de ne pas partir plus tôt pour différentes raisons», enchaîne-t-il.
Et d’affirmer que l’agence espère «bien une reprise» qui peut dépendre d’un vaccin contre le coronavirus. «Cela pourra régler le problème, car tout le monde est encore réticent à voyager», déclare le responsable.
Un avis partagé aussi par l’agence parisienne Safar Muslim, contactée par nos soins. «La mise sur le marché d’un vaccin contre la covid-19 d’ici la fin de l’année sera primordiale pour l’activité de la Omra et du tourisme en général», nous déclare-t-on. Et d’ajouter que «ces dernières informations reçues donnent espoir qu’au début de l’année prochaine, le plus dure sera derrière nous».
Le plus dur, car l’arrêt d’activité a contraint plusieurs petites agences à mettre la clé sous la porte, selon certains responsables. «Nous avons pu résister grâce aux aides de l’Etat français mais c’est vrai qu’étant une agence spécialisée sur le Maghreb, nous avons pu reprendre grâce à l’ouverture des frontières marocaines et tunisiennes», déclare-t-on auprès de l’agence Solair Voyages, actuellement en activité partielle.
Photo d'illustration. / DR
Les prix de packs augmenteront
En effet, en plus du chômage partiel, les voyagistes ont pu bénéficier d’une aide de 1 400 euros par mois jusqu’à la fin de l’année dans le cadre du soutien de l’Etat français au secteur du tourisme, ce qui a permis à certaines de couvrir une partie des charges fixes. «Financièrement, ce sont des moments difficiles pour tout le monde et hormis les agences qui peuvent résister pendant deux ou trois ans, d’autres sont en difficulté», reconnait le responsable d’une cinquième agence parisienne spécialisée dans les voyages entre la France et l’Arabie saoudite.
Ce dernier ne manque pas de rappeler qu’il y a des chances que les prix des produits proposés par les agences de voyages augmentent. «Nous avons des prestataires, notamment sur place (en Arabie saoudite, ndlr) et nous attendons à voir leurs nouvelles tarifications», fait-il savoir.
«Déjà, il y a une hausse de la TVA décidée à partir de juillet 2020 en Arabie saoudite, qui passe de 5 à 15%. Cette augmentation va se répercuter sans doute sur les prix. Il y aura certainement d’autres facteurs. Mais dès la reprise, il y aura naturellement des périodes creuses où les prix seront corrects et des périodes de la haute saison où les prix grimperont.»
Pour cette agence aussi, la reprise ne se fera qu’à partir du début de l’année prochaine. Pèlerins ayant déjà réservé leurs billets depuis l’année dernière et agences doivent ainsi prendre encore leur mal en patience.