Dans le cadre du bras de fer entre Mosaic Company contre l'OCP et le groupe russe PhosAgro, des entreprises américaines expriment leurs oppositions au plaidoyer du producteur américain pour instaurer des taxes sur le phosphate importé par les Etats-Unis.
Ainsi, dans une déclaration à la presse, Kent Kaiser, directeur exécutif de la Trade Alliance to Promote Prosperity (TAPP), une coalition d'entreprises américaines, de travailleurs, d'associations professionnelles, a déclaré lundi qu’il pense que Mosaic veut «créer une sorte de monopole» sur ce marché à travers sa bataille juridique contre les deux entreprises.
«S'il y a des taxes sur les phosphates en provenance d'autres pays, cela fera grimper le prix», a-t-il mis en garde, déclarant que «cela signifie malheureusement que les agriculteurs auraient un coût d'engrais plus élevé».
Les phosphates sont utilisés sur environ 60% des terres cultivées du pays, rappelle le média. Kent Kaiser ajoute que les agriculteurs paieraient des coûts supplémentaires aux agriculteurs. «L'impact est vaste en termes de géographie et en termes de produits finaux qui seraient touchés. Nous pensons vraiment que ces taxes sont une mauvaise idée», fait-il savoir.
En conséquence, une campagne a été lancée aux Etats-Unis, intitulée «No On Farm Tax». Son objectif est «d’appeler à l’arrêt de l'enquête sur le Maroc et la Russie non seulement pour les agriculteurs et les consommateurs, mais aussi pour les relations commerciales internationales», rappelle le directeur exécutif de TAPP.
«Ces types de partenariats commerciaux que nous avons avec la Russie et le Maroc sont bons pour notre pays (…) La plupart des réserves de phosphates dans le monde se trouvent au Maroc. Notre accord commercial avec le Maroc remonte à 1786 : c'est le plus long accord ininterrompu des Etats-Unis», conclut-il.
En juillet, le Département américain du commerce a annoncé l'ouverture de nouvelles enquêtes en matière de droits compensateurs (CVD) pour déterminer si les producteurs d'engrais phosphatés au Maroc et en Russie reçoivent des subventions injustes aux Etats-Unis.
Un mois auparavant, Mosaic Company, entreprise américaine produisant du phosphate et de la potasse, avait saisi les autorités américaines avec une requête visant les engrais phosphatés importés aux Etats-Unis depuis les deux pays. Pour elle, le but des plaintes serait de «remédier aux distorsions que les subventions étrangères provoquent sur le marché américain des engrais phosphatés et de rétablir ainsi une concurrence loyale».
En réaction à la récente décision des autorités américaines, «la Russie et le Maroc ont réduit presque entièrement l’approvisionnement des Etats-Unis en phosphate», rapportait fin août l’agence Rossia Sevodnia. Des sources de l’Office chérifien des phosphates avaient d'ailleurs déjà menacé de «suspendre» les exportations de produits fertilisants vers les Etats-Unis et de «réorienter ses exportations vers d'autres marchés».