Ce jeudi, au moins deux arrestations ont été annoncées concernant des faits de pédophilie et de viol sur mineures au Maroc. Dans la province d’Al Fahs Anjra près de Tanger, la Gendarmerie royale a annoncé, en fin d’après-midi, l’interpellation d’un imam de mosquée. Agé de 43 ans, il est soupçonné d’avoir exploité sexuellement plusieurs de ses élèves filles sur plusieurs années. Au moins quatre familles ont porté plainte auprès du procureur.
Plus tôt dans la journée, la police a confirmé l’interpellation, la veille, du conducteur d’un véhicule de transport scolaire à Taroudant. L’homme a été pris en flagrant délit de tentative de viol sur une élève de 17 ans.
Mercredi également, la section de l’Association marocaine des droits humains (AMDH) à Marrakech a révélé des faits de pédophilie survenus à Tamansourt. En effet, une mère a saisi l’ONG pour une tentative de viol sur sa fille de 8 ans, rapport médical à l’appui. L’association a adressé, de son côté, une plainte au procureur général du roi près la Cour d’appel de la ville.
Tour de vis sur les pédophiles depuis samedi
Le même jour à Fquih Bensalah, la police judiciaire a rendu publique l’interpellation, lundi soir, d’un homme de 42 ans pour soupçons d’inceste. Sa fille mineure, âgée de 17 ans, a enregistré sa plainte en disant avoir été victime de sévices sexuels infligés par son père, qu’elle accuse notamment de viol.
Une annonce qui a suivi celle, lundi, de l’arrestation d’un trentenaire à Safi, pour détournement d’une mineure de 14 ans et attentat à la pudeur. Selon les premiers éléments de l’enquête, la jeune fille «avait quitté le domicile familial depuis vendredi 11 septembre», sans qu’un avis de disparition ne soit déposé auprès des services de police. Son père a fini par signaler l’avoir retrouvée dans un parc public, d’après la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN).
Dimanche à Fès, la police judiciaire a interpellé un individu de 20 ans, pour son implication présumée dans le détournement et l’attentat à la pudeur d’une mineure de 15 ans. La veille, la mère de la jeune fille a signalé l’absence de cette dernière, qui a quitté le domicile familial dans des circonstances suspectes.
Samedi soir dans le quartier tangérois de Bni Makada, la police a par ailleurs arrêté un homme âgé de 36 ans, soupçonné de détournement et tentative de viol d’un garçon de 11 ans, qu’il aurait abordé via Facebook avant de le convaincre d’une rencontre dans un jardin public à Mghogha.
Cette arrestation à Tanger est survenue le même jour où la ville a été prise d'effroi, après l’identification du corps sans vie d’Adnane Bouchouf, âgé également de 11 ans et enlevé depuis son quartier de Bni Makada. Dans la nuit de vendredi à samedi dernier, la découverte macabre a été suivie de l’interpellation du principal suspect et de ses colocataires.
Une tragédie qui questionne le silence et impunité autour de la pédophilie
L’affaire et son dénouement aussi tragique que douloureux pour les parents de l’enfant a mis en émoi le Maroc. En effet, l'indignation populaire s’est accompagnée d’appels à la levée de l’impunité sur les personnes impliquées dans des affaires de pédophilie. C’est également dans ce contexte que les communiqués de la DGSN se sont multipliés, annonçant des opérations dans différentes villes.
Peu avant la succession de ces annonces, des acteurs de la société civile et de la protection de l’enfance ont appelé à un durcissement des peines à l’encontre des prévenus, voire à les priver de toute remise de peine ou de grâce royale. Alors que d’autres ont appelé à la restauration des exécutions de la peine capitale dans les affaires de pédophilie.
C’est au lendemain de ce débat remis en avant par la tragédie d’Adnane que le tribunal de première instance de Tanger a condamné, mardi, un homme à 15 ans de prison ferme. Il a été reconnu coupable du viol d’une mineure de 12 ans, d’attentat à la pudeur, de détournement de mineure et de traite d'êtres humains à des fins d’exploitation sexuelle. La mère de la victime avait saisi la justice en 2017.