L’alliance des partis de l’opposition, conclue à la veille de la présentation d’un mémorandum commun sur les réformes politiques et électorales à la veille des élections de 2021, se fragilise davantage. Après la prise de bec entre l’Istiqlal et le PPS, en juillet dernier, la dernière sortie médiatique du chef de file du PAM, proposant de supprimer la liste nationale des jeunes lors des prochaines élections, crée la polémique.
Lors d’une réunion du ministre de l'Intérieur Abdelouafi Laftit avec les dirigeants des partis politiques tenue vendredi, Abdellatif Ouahbi a ainsi proposé de supprimer ladite liste pour la fusionner avec la liste nationale des femmes. Le Tracteur a déjà proposé en juin de remplacer cette même liste par une «liste des compétences» tout en veillant au principe de parité.
Sans leur liste, «les jeunes n'auront aucune chance devant les notables»
Une suggestion qui fait déjà réagir plusieurs jeunesses, et à leurs têtes celles de l’Istiqlal et du PPS. «Lorsque les partis d’opposition ont soumis un mémorandum conjoint, ils ont parlé de maintenir la liste des jeunes, d’ajouter des sièges à la liste des femmes et de créer une autre pour les compétences et de cadres», rappelle Othmane Tarmounia, secrétaire général de la jeunesse du Parti de l’Istiqlal, contacté par Yabiladi.
Pour lui, «Abdellatif Ouahbi s’est désengagé de ce qui a été indiqué dans la présentation conjointe et nous déplorons cette position». «Comment un parti gagnera-t-il la confiance de la jeunesse, s'il ne les défend pas et cherche pas une place pour eux dans le champ politique ?», s’interroge-t-il.
«En cas de suppression de la liste, les jeunes n'auront aucune chance devant les notables, et ils seront exclus de la participation à la prise de décision politique au niveau local et national. Cette liste est une forme de discrimination positive qui existe dans des pays européens.»
Pour le secrétaire général de la jeunesse de la Balance, «la suppression de cette liste signifie l’achèvement de l'aspiration des jeunes à s'engager dans l'action politique, d'autant plus que seulement 1% d'entre eux sont impliqués dans le travail politique».
De son côté, une source partisane bien informée, proches des jeunesses des partis politiques, rappelle à Yabiladi que la proposition n’est pas «exclusive» au PAM. «Lors de leurs réunions avec le ministre de l’Intérieur, les chefs des partis politiques ont présenté plusieurs scénarios pour cette liste», ajoute notre source.
Des répercussions sur la participation des jeunes à la politique
Elle cite à cet égard «la transformation de cette liste nationale en liste régionale, sa fusion avec la liste des femmes ou encore l’augmentation des sièges accordés aux femmes en supprimant cette liste», entre autres.
«Le problème est que l'évaluation du travail parlementaire révèle que ce sont bien les jeunes qui ont été les plus présents lors des réunions au cours deux mandats récents du Parlement. Si nous supprimons cette liste, qui animera les réunions de l’institution ?»
Et les autres jeunesses semblent aussi approuver ce rejet de la proposition formulée par le secrétaire général du PAM. Ainsi, dans une déclaration à la presse cette semaine, le secrétaire général de la Jeunesse Socialiste (PPS), Younes Siraj a lui aussi exprimé son opposition à cette suppression. «Les mêmes visages électoraux contrôlent toujours les districts dans les régions et les provinces, alors comment les jeunes trouveront-ils leur place face à eux ?» s’est-il interrogé.
Younes Siraj a également rejeté la critique selon laquelle cette liste constituerait une forme de rentre politique, en critiquant aussi la proposition visant à créer une liste des compétences.
Pour sa part, Abdellah Sibari, secrétaire général de la Jeunesse ittihadie (USFP) a mis en garde contre les répercussions de la suppression de la liste nationale des jeunes sur le taux de participation de ce groupe aux futures élections. Pour lui, «convaincre les jeunes de participer à la politique nécessite la présence de jeunes voix au sein de l’institution parlementaire».