Lorsqu’il avait intégré en 2010, une formation de trois ans à l’Université International de Casablanca, Khalid M. rêvait de devenir ingénieur en réseaux et télécommunication. A l’époque, il ne savait pas que son cursus, devant se terminer en 2013, le mènera directement, non pas vers le marché du travail, mais plutôt devant les tribunaux afin de poursuivre son école pour «publicité mensongère».
Car pour lui, le choix de l’UIC «fut la conséquence d’une campagne de publicité» de l’université affirmant que ses diplômes disposaient des «autorisations nécessaires auprès du ministère de tutelle», soit le département de l’enseignement supérieur.
A la fin de son cursus universitaire en 2013, le futur ingénieur découvre ce qu’il qualifie d’«arnaque». «Malheureusement, j’ai découvert, à la fin de ma formation, que les diplômes qui nous ont été délivrés ne sont ni reconnus ni autorisés par l’Etat marocain et qu’ils ne valent quasiment rien», déplore-t-il.
Remonté contre son école, il intente ainsi un procès à l’encontre l’UIC et sa société-mère auprès du tribunal de première instance de Casablanca, en octobre 2016. Après plusieurs audiences, la Cour rendra son jugement, «en acceptant la plainte, à l'exception du dépôt contre la société Laureate Education», société mère de l’UIC. Sur le fond de la plainte, le juge condamne l'Université internationale de Casablanca à «verser au plaignant une indemnité de 100 000 dirhams, en plus des intérêts légaux et des frais de justice».
Une condamnation que l’étudiant marocain considère alors comme «injuste et partiale du fait que le dédommagement imposé à l’UIC ne représente qu’une petite fraction des sommes colossales investies dans [sa] formation». Considérant aussi que «les autres parties poursuivies, en l’occurrence le ministère de l’enseignement supérieur marocain et Laureate Somed Holding Education» ont été acquittés, il interjette appel en juin 2018.
Le département de l’enseignement supérieur également visé
S’en suivent alors plusieurs audiences, marquées notamment par la demande d’une expertise, en mars 2019, sa présentation en mai de la même année et son rejet par l’avocat du plaignant en juillet 2019. Ce n’est qu’en janvier 2020, après les remarques des deux parties, que l’expert rendra sa copie, qualifiée par le plaignant de «partielle» et «donnant raison» à l’UIC. Cela poussera ainsi le juge à demander une deuxième expertise sur l’affaire.
Aujourd’hui, et à l'approche de l'audience prévue la semaine prochaine, Khalid M. tient à impliquer le département de l'Enseignement supérieur dans cette affaire. «Il est chargé de superviser les établissements d'enseignement privés et de faire respecter la loi. Cependant, le ministère de l'Enseignement supérieur refuse de comparaître et de fournir des réponses ou tout document concernant l'affaire», dénonce-t-il.
D’ailleurs, à travers son avocat, Khalid M. a appelé à saisir l’Agence nationale d’évaluation et d’assurance qualité de l’enseignement supérieur et de la recherche, organisme relevant du ministère de l'enseignement supérieur, pour demander son expertise. Une demande à laquelle le juge chargé de l’affaire n’a pas donné suite.
Cependant, dans une réponse adressée à l’étudiant, le département de l’Education nationale a indiqué avoir «transféré auprès du tribunal administratif de Rabat les éléments» de ce dossier. D’ailleurs, dans cette même affaire, un document envoyé par le ministère de tutelle à l’UIC, cité par Al Akhbar, précise qu’«au moment du contrat et l'année académique précitée, elle (l'UIC) n'avait pas de licence du ministère de l'Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de la formation des cadres pour ouvrir le cursus susmentionné». L’école n’aurait obtenu le feu vert qu’en février 2013 pour la rentrée universitaire 2013-2014.