Suite au confinement sanitaire entré en vigueur au Maroc depuis mars dernier, les habitants de la résidence Forest Park dans la Ville verte de Bouskoura sont ressortis de leurs domiciles en découvrant un nouveau paysage. Il ne s’agit finalement pas de celui qui leur a été promis, en retrait du trafic routier du centre de Casablanca. Ils ont ainsi découvert le lancement de chantiers pour la mise en place d’un centre de beauté, d’un complexe sportif et d’une clinique. Mais ce qui a surpris les habitants, c'est que le tout prendra la place des espaces verts prévus initialement dans le plan.
Les protestations se sont multipliées auprès du promoteur immobilier, Y.S., à qui ils rappellent les obligations du contrat de vente. Organisés en association des propriétaires, ils tentent de trouver une solution à l’amiable, mais le promoteur refuse de revenir sur son projet de reconversion des espaces verts. Dans un courrier parvenu à Yabiladi, les membres de l’association affirment que «ni le contrat de vente, ni le plan d’aménagement de la résidence sur la base duquel les propriétaires ont acheté les villas ne prévoient la construction de telles structures».
Il s’agit, pour eux, d’«une violation grave du contrat», ce qui les interpelle quant aux conditions dans lesquelles le promoteur «a pu obtenir l’autorisation pour construire une clinique». Dans ce sens, ils affirment aussi que «le ministère de la Santé a été saisi par l’association pour lever le voile sur cette question».
Le dialogue avec le promoteur resté au point mort depuis des mois, les riverains ont décidé par ailleurs de saisir le gouverneur de la province de Nouaceur, la commune, l’Agence urbaine de Casablanca ainsi que la gendarmerie royale. «En plus de ces nombreuses plaintes, nous avons également décidé de saisir la justice», déclare à Yabiladi Me Adil Majdi, avocat représentant la partie plaignante.
La justice saisie du dossier
Chargé du dossier par l’association, il affirme ainsi que ce cas est examiné par les juges des affaires foncières, au tribunal de première instance de Casablanca. «Il n’a jamais répondu à nos sollicitations pour nous présenter les autorisations, s’il les a réellement obtenues ; aucun document n’a été présenté par le promoteur et ces appels sont restés lettre morte», souligne l’avocat au barreau de Casablanca.
Pour sa part, l’association a lancé un appel aux autorités pour «agir vite» et sauvegarder les intérêts matériels et moraux des familles acheteuses. Dans ce sens, elle espère obtenir un «arrêt immédiat des travaux de ces nouveaux bâtiments», le temps que l’affaire soit traitée pour enfin finaliser les infrastructures de la résidence, «à commencer par les espaces verts».
Ces péripéties ne semblent représenter que la goutte qui a fait déborder le vase. En effet, l’acte de vente prévoit une livraison de villas semi-finies, sur 400 m², à partir de 4,4 millions de dirhams. Dans le projet, les habitations sont situées dans une résidence sécurisée avec des espaces verts et un centre commercial. «Les premières villas ont commencé à être livrées à partir de l’année 2015. Le promoteur n’a pas tenu sa promesse, celle de livrer des villas semi-finies, tel que le prévoit le contrat de vente. Il n’a pas voulu rectifier le tir malgré nos multiples rencontres et relances», indiquent les propriétaires.
Depuis, «le promoteur n’a toujours pas remis le permis d’habiter aux propriétaires, et ce en dépit des multiples relances» et contrairement à ce que prévoit le contrat de vente. Yabiladi a tenté également d’entrer en contact avec le promoteur en question, en vain.