Dans son livre «Bienvenue au Front - Journal d'une infiltrée» paru en février, la journaliste Claire Checcaglini relate une rencontre avec Philippe Pemezec, maire UMP du Plessis-Robinson et vice-président du conseil général des Hauts-de-Seine. Ce dernier lui aurait confié : «Je participe aux commissions d'attribution des logements sociaux à l'office départemental des Hauts-de-Seine. Et je peux vous dire qu'au Plessis, il n'y a pas beaucoup d'Arabes. Je fais très gaffe». Des propos jugés graves, puisque l’article 40 du code pénal français proscrit toute discrimination en raison d’une appartenance vraie ou supposée à une ethnie ou une religion, rapporte le site du Figaro.
Enquêtes
Dès la parution du livre, la présidente du groupe socialiste au conseil général des Hauts-de-Seine, Martine Gouriet, a saisi le procureur de Nanterre, Philippe Courroye, lui demandant d'ouvrir une enquête. Début mars, le procureur a confié cette affaire à la brigade de répression de la délinquance à la personne (BRDP). Une enquête préliminaire a été ouverte pour déterminer la culpabilité du maire.
De son côté, le journal en ligne Mediapart a mené son investigation. Partant du principe selon lequel Philippe Pemezec, n’aurait pas d’autres méthodes que l’identification des arabes via leurs patronymes, Mediapart s’est procuré l’ensemble des noms des demandeurs de logements candidats au Plessis et présentés en commission d’attribution de logements sociaux à l’office départemental (OPDH 92) depuis environ un an [avril 2011-février 2012]. Il en ressort que «moins de 5 % des dossiers présentés comportent un nom à consonance maghrébine». Pour Patrick Simon, Chercheur à l’Institute national d’études démographiques [Ined], ce chiffre est «ridiculement bas». «La discrimination ethnique dans les attributions de logement est toujours très compliquée à démontrer. Cependant, moins de 5 % de personnes ayant un nom à consonance maghrébine parmi les attributions est un chiffre ridiculement bas, même pour les Hauts-de-Seine, affirme-t-il à Mediapart. On est dans une très nette sous-représentation qui signale probablement une sélection sur l'origine.»
Le maire dément
«Je suis la cible d'attaques purement politiciennes. Martine Gouriet, qui est à l'offensive, veut se faire de la publicité, déclare à l'AFP Philippe Pemezec. Pour lui, «ces attaques visent à créer un écran de fumée pour masquer les propres turpitudes du PS alors qu'une enquête préliminaire pour corruption vise le sénateur-maire de Clamart Philippe Kaltenbach et que le président de la fédération des Hauts-de-Seine, Pascal Buchet, a été condamné en première instance pour harcèlement moral».
Concernant les conditions d'attribution des logements sociaux, M. Pemezec dément toute discrimination. Il l’estime «impossible techniquement». «Ma ville est très équilibrée et très mixte. Il n'y a pas de communautarisme. C'est sûrement pour ces raisons qu'elle suscite les envies de nuire», affirme l’élu UMP.