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Grand Angle

Vaginisme : Quand l’amour devient douleur

Aucune statistique n’existe sur le vaginisme. Et pourtant, plusieurs femmes disent souffrir le martyre pendant l’acte sexuel. Si certaines vivent le vaginisme dit «primaire», c'est-à-dire pendant leurs premiers rapports sexuels, d’autres femmes passent soudainement d’une vie sexuelle épanouie au vaginisme «secondaire». Pourquoi ? Comment reconnaitre un vaginisme ? Et surtout, comment se soigner ?

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Médicalement parlant, le vaginisme est une contraction péri-vaginale spontanée qui rend impossible l’acte sexuel. Pour celles qui en souffrent, c’est une douleur qui les oblige à arrêter la pénétration ceci bien sûr non sans conséquences sur leur mental, leur vie de couple et leur santé gynécologique.

Et si c’était psychologique ?

Quand on souffre de vaginisme, il n’y a aucune anomalie au niveau des organes génitaux. Ils se contractent involontairement lors d’un acte sexuel, et parfois aussi lorsqu’on essaie simplement d’insérer un tampon ou quand le gynécologue essaie d’examiner les parties génitales extérieures. Les médecins comparent cette maladie à la réaction que nous avons tous lorsqu’on met un doigt dans l’œil : on le ferme par reflexe.

«Avec mon mari, j’avais une vie sexuelle épanouie avant mon accouchement. Quand ma fille est arrivée, mon corps disait non à mon mari, ce qui nous frustrait et mettait des tensions entre nous», témoigne Souad. Elle a souffert de vaginisme pendant presque un an, a consulté plusieurs gynécologues avant de se rendre compte que c’était plus dans sa tête. «Comme je n’aimais plus mon corps après la grossesse avec toutes ses vergetures et ses varices, j’étais convaincue de ne plus être désirable, ça me bloquait». Une thérapie de couple et des mots doux de son mari ont fini par régler le problème.

Souad a un vaginisme secondaire. Mais lors d’un vaginisme primaire, la femme ne connait pas très bien son partenaire, ni son corps d’ailleurs. L’éducation sexuelle est encore taboue au Maghreb.  Certaines jeunes filles souffrant de vaginisme affirment avoir une idée très négative de l’acte sexuel. «Petite, on me disait que l’acte sexuel est un grand péché, que certaines femmes mouraient de douleur dans le lit de leur amant» se souvient Nadia. Résultat : son subconscient ne veut pas risquer de mourir en faisant l’amour.

La cause la plus répandue est celle d’une légère malformation, certaines femmes viennent au monde avec un hymen plus épais que la normale.  Vient ensuite la peur, ou au contraire, le désir top fort d’avoir un enfant. Une première fois douloureuse peut aussi causer ce problème. Plus rare, mais pas impossible, le vaginisme peut être une conséquence d’une agression sexuelle ou d’attouchements. «J’ai refoulé certains souvenirs, ce n’est que quand je ne suis pas arrivée à faire l’amour, et que j’ai consulté un psy que ça m’est revenu : Le maître nageur de mon école me touchait d’une drôle de façon !», se désole Hasna.

Que faire ?

Il est vrai que la plupart des femmes souffrant de vaginisme disent «ne plus se sentir femme», mais ce n’est pas une raison pour ne pas consulter, ou du moins en parler. Le vaginisme ne disparait pas seul.  Dans le cas de l’hymen trop épais, un bistouri peut régler le problème et la jeune femme pourrait reprendre une activité sexuelle au bout de deux à trois semaines. C’est lorsque la cause est psychique qu’il est plus difficile de surmonter le problème. Heureusement, ce n’est pas impossible de voir le bout du tunnel. Lorsque le trouble est plutôt superficiel, c'est-à-dire quand la femme n’a pas connaissance de son corps et de son anatomie, une information sur le vagin, ou une sexothérapie peut l’aider. L’exploration du vagin à l’aide d’un miroir peut vite réduire le vaginisme à un mauvais souvenir.

Et il y a un autre moyen de guérir le mal, simplement apprendre à contrôler et relaxer les muscles qui se serrent. C’est ce qu’on appelle les exercices «Kegel», ces mêmes mouvements qui aident à préparer l’accouchement. Le principe est de contracter les muscles du vagin, comme si on se retenait d’uriner, et de les relâcher. Il faut faire le plus souvent possible une série de 20 contractions. Attention, n’espérez des résultats immédiats ! Il va vous falloir des semaines, voire des mois pour arriver à un résultat. Quelque soit le traitement que vous choisirez, il y a deux règles d’art à respecter : Pas de rapports sexuels pendant le traitement. Si vous ressentez la moindre douleur, le corps pourrait se fermer à nouveau et vous reviendrez à votre point de départ. Deuxième mot clé : le soutien et la compréhension de votre conjoint. Il doit faire preuve de patience, et surtout vous encourager. Au bout de quelques semaines, vous pourrez tenter une pénétration millimètre par millimètre, sans aller trop vite.

Les femmes qui vivent avec ce problème en parlent très peu. Elles ont honte, se renferment ce qui impacte sur leur vie de couple. C’est là le premier pas à franchir, oser en parler, car elles ne sont pas moins femmes, et les encourager. 

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