Une étude publiée récemment par une dizaine de scientifiques suggère qu’«une distance physique de deux mètres ne suffit pas pour empêcher la transmission du SARS-CoV-2 dans des conditions environnementales» particulières.
Intitulée «Enquête sur un événement de super propagation du SRAS-CoV-2 dans la plus grande usine de transformation de viande en Allemagne», elle évoque clairement les usines agro-alimentaires, ce qui rappelle l'apparition au Maroc de foyers d'infection dans des usines de conditionnement de fraise et de poisson, à Lalla Mimouna comme à Safi ou Laâyoune.
En effet, l’étude a été élaborée à partir de données recueillies dans deux usines de transformation de viande et de désossage des truies, situées à Rheda-Wiedenbrück (Rhénanie du Nord-Westphalie). Ses rédacteurs y rappellent que d’après ce que l’on sait, «la transmission du SRAS-CoV-2 se produit principalement par absorption respiratoire de gouttelettes ou d'aérosols». «Les aérosols sont considérés comme particulièrement importants dans les cas où une seule source transmet le virus à un grand nombre d'individus, ce que l'on appelle des événements de super propagation», soulignent les chercheurs allemands.
Des facteurs supplémentaires favorisant la transmission du SRAS-CoV-2
Mais alors que les gouttelettes «ne parcourent généralement pas plus de deux mètres, les aérosols peuvent rester dans l'air pendant de longues périodes et peuvent délivrer des particules virales infectieuses bien au-delà de deux mètres de distance, en particulier dans les environnements intérieurs avec de faibles taux de renouvellement d'air frais», estime-t-on.
Partant du constat effectué dans des usines de transformation de viande, où des clusters sont apparus dans plusieurs pays, ils pensent que «cela résulte non seulement des pratiques opérationnelles (par exemple, la proximité des travailleurs dans la chaîne de production combinée à un travail physiquement exigeant qui favorise la respiration lourde), mais aussi du partage du logement et du transport qui peuvent faciliter la transmission virale».
«L'obligation d'opérer à basse température dans un environnement à faible taux de renouvellement de l'air est un autre facteur qui peut favoriser la propagation du virus parmi les travailleurs.»
Des mesures supplémentaires contre le coronavirus
L’étude se concentre sur un foyer dans une usine de transformation de viande en Allemagne, dans lequel les données suggèrent que les conditions environnementales ont favorisé la transmission virale d'un seul individu à plus de 60% ses collègues à une distance de huit mètres, dans une zone de travail où la viande est traitée à des températures d'environ 10°C.
Ainsi, ses résultats «suggèrent que les conditions environnementales des installations, y compris les basses températures, les faibles taux de renouvellement de l'air et la recircularisation constante de l'air, ainsi qu'une distance relativement étroite entre les travailleurs et un travail physique exigeant, ont créé un mélange défavorable de facteurs favorisant une transmission efficace par aérosol du SRAS-CoV-2». «Il est très probable que ces facteurs ou des facteurs similaires soient également responsables des éclosions en cours dans le monde entier et dans d'autres installations de transformation de la viande ou du poisson», ajoute-t-on.
La même source recommande ainsi des mesures supplémentaires telles qu'une ventilation et une circulation d'air améliorées, l'installation de dispositifs de filtrage ou l'utilisation de masques de haute qualité pour réduire le risque d'infection dans ces environnements. «Les employés des installations de transformation de la viande ou du poisson doivent être fréquemment et systématiquement dépistés pour prévenir de futures éclosions de SARS-CoV-2».
Des recommandations qui intéressent particulièrement les usines de transformation de poisson et de conditionnement de fraises au Maroc, où des foyers sont apparus en juin et juillet, compte tenu des conditions similaires qu’elles partagent avec les deux usines allemandes.