La situation est tendue à l'hôpital Mohammed VI de Tanger, malgré les récentes promesses du ministère de la Santé et les autorités locales d’augmenter ses effectifs. Ainsi, après des vidéos relayées sur les réseaux sociaux et reprises par des médias locau, relatives aux longues files d’attente devant l’hôpital tangérois pour subir des tests de dépistage, le chaos touche désormais l’intérieur même du centre de soin, destiné à accueillir les cas urgents.
Une vidéo publiée hier par le média local Tanja24, montrent la salle de réanimation dudit hôpital débordée par des patients, au point que certains se sont mis par terre en attendant leur prise en charge. Des «images qui rappellent les hôpitaux d’Italie au moment du pic de la première vague du virus», commente le média local Tanja 7.
Des sources médicales locales, contactées par les médias, ont confirmé la véracité des tristes images, évoquant une «forte demande» sur l'hôpital, qui souffre lui-même d’une «faible capacité du service de réanimation et du manque de ressources humaines».
Et d’annoncer qu’un comité sera dépêché pour s’enquérir de la situation et tenter de parvenir à des solutions. «Pour les professionnels, il est possible de contourner le problème en ouvrant de nouveaux centres pour le dépistage du coronavirus et soulager ainsi l'hôpital Mohammed VI», conclut-on.
Une campagne de dépistage massif qui tourne mal
Le représentant du syndicat national des médecins du secteur public à Tanger, Choukri Mesrar déclare à Yabiladi que la ruée vers l'hôpital peut également s’expliquer «par la volonté de certains citoyens d'effectuer de tests de dépistage, vu que deux laboratoires seulement existent à Tanger».
«Le lancement d’une campagne de dépistage massif s’est heurtée au fait que seulement deux laboratoires effectuent ces tests. Cette situation est donc normale et la comparaison avec l’Italie comme avancent certains est exagérée.»
Le chirurgien ajoute aussi qu’«il y a de plus en plus de nouveaux cas du coronavirus et le staff dudit hôpital, notamment en réanimation comme ailleurs, est fatigué et surmené».
Interrogé sur le déplacement d’une inspection du ministère de la Santé à Tanger, il y a quelques jours et des promesses du ministère, le syndicaliste rappelle que le ministère de tutelle «a promis de dépêcher 40 professionnels en renfort, mais que rien n'a été fait pour le moment». «Rien n’a changé depuis cette visite, ni le protocole ni le système de soin», complète-t-il.
Un déficit des ressources humaines reconnu par le ministère
Il assure que cinq syndicats de médecins ont demandé à rencontrer la directrice régionale de la Santé à propos de cette situation, mais qu'elle n'a pas encore fixé de date. En attendant, les médecins pensent à prendre attache avec le nouveau délégué préfectoral de Tanger, Dr. Noureddine Aachibat, nommé lundi pour ce poste assurée jusque-là par la directrice régionale elle-même.
La situation à l’hôpital Mohammed VI de Tanger est à mettre en lien avec les propos tenus, mercredi soir, par ministre de la Santé Khalid Ait Taleb. Invité d’une émission diffusée sur la chaîne TV Al-Maghribia, il a assuré que «le système de santé se place aujourd'hui au centre des préoccupations».
Tout en reconnaissant les «insuffisances» du secteur, notamment sur le plan des ressources humaines, il a estimé qu’afin de surmonter le déficit constaté, il est «nécessaire de mettre en place un programme en la matière dans le droit fil de la politique régionale dans laquelle s'engage le Royaume».