Plusieurs voyageurs en partance pour le Maroc, depuis des ports du sud de l’Europe, sont pris dans de longues files d’attente. En plus de l'affluence après plusieurs mois de calme, ce sont les contrôles sanitaires relatifs à la pandémie du nouveau coronavirus qui ont semé la pagaille.
C’est notamment le cas à Gênes, où la presse locale a décrit une saturation des passages autoroutiers menant au port. «Le trafic dans la zone portuaire est complètement paralysé du fait des contrôles à l’embarquement des ferrys, ralenti en raison des procédures liées à l’urgence sanitaire, notamment sur les lignes à destination du Maroc et de la Tunisie», rapporte ce jeudi Genova24.
Ce renforcement des procédures sanitaires a été annoncé dès mercredi par la compagnie italienne GNV, conformément aux directives sanitaires des pays de départ et d’arrivée à ce sujet. Au cours des derniers mois, le transporteur indique à Yabiladi avoir conçu une «Charte de Sécurité et de Services». Il s’agit de «la mise en place de procédures strictes pour réduire la capacité des passagers à bord et une optimisation du flux organisationnels», note l’entreprise. En outre, ces mesures permettent d’appliquer les règles de distanciation physique à bord et une gestion plus rigoureuse des flux dans les parties communes (hall, points de restauration, etc.).
Passage au compte-goutte vers le port de Gênes
Mais pour arriver à la zone d’embarquement, il faudra faire avec de longues files «partant du port de San Benigno jusqu’à la sortie de l’aéroport de Gênes et l’autoroute A10, traversant la Canepa et la route Guido Rossa, en direction de Levante», décrit Genova24. Face à cette situation, des Marocains sur place se sont inquiétés de voir des ferrys longtemps restés à quai, en raison de la lenteur des contrôles sanitaires. Une situation de blocage qui a ravivé la panique des passagers croyant à une annulation de la traversée.
De longs bouchons ont bloqué les voies d’accès en direction du port de Gênes / Ph. Genova24
Sur les réseaux sociaux, des voyageurs ont rapporté ce matin le retard d’un départ en direction de Tanger, à cause d’un cas suspect Covid+. Pourtant, «le premier navire de Gênes pour Tanger part cet après-midi, il n’est donc pas possible qu’il soit prévu en matinée alors même que les contrôles de sécurité étaient en cours», explique une source au sein de GNV en Italie, contactée par Yabiladi. De plus, conformément à «la procédure, les passagers suspectés de symptômes covid-19 ne peuvent pas embarquer», précise la compagnie.
C’est ce que confirme à notre rédaction aussi l’associatif Amine Bouchaib, qui suit la situation des MRE en Italie : «Les autorités sanitaires et portuaires sur place nous ont indiqué elles-mêmes qu’il n’était pas possible qu’un voyageur, qui de surcroît aurait déjà fait des analyses et qui s’avèreraient positives, soit laissé en libre-circulation jusqu’à arriver au port.»
«Si un test s’avère positif, la coordination entre les services de laboratoire, les autorités locales et les structures hospitalières se fait immédiatement, de manière à retrouver et prendre en charge tout de suite le patient infecté et remonter les cas contacts.»
Malgré la lente cadence de passage des voyageurs, cette opération de départ «a été suivie ce jeudi de près par les services consulaires marocains à Gênes, ainsi que par l’ambassade du royaume», souligne-t-il.
La compagnie GNV se veut également rassurante sur les contrôles sanitaires, même pour les passagers muni d'un test Covid négatif : «Durant l’enregistrement et l’embarquement, nous procédons au contrôle de la température pour tous les passagers. En cas de symptôme suspect, le voyage du passager est annulé.»
Selon Genova24, la cadence du suivi sanitaire a particulièrement été intense, ce jeudi, en raison de «la présence simultanée de deux ferrys partant pour l’Afrique du Nord, le Tanit pour Tunis qui embarque 400 voitures et le GNV Excellent pour Tanger, avec 300 voitures».
Pagaille observée aussi en France
La situation à Gênes, ces derniers jours et ces dernières heures, rappelle celle de Sète, point de passage portuaire important pour les MRE voyageant vers le Maroc en été. Si le royaume a en effet annoncé la réouverture des frontières pour ses ressortissants comme pour les étrangers résidant au Maroc, nombre de passagers arrivés sur place mercredi ont été en proie à un cafouillage au niveau de la communication.
Un bateau GNV au port de Sète / Archive - Ph. Yabiladi
«Selon un représentant de la compagnie GNV venu apporter des explications à tous ceux qui patientent à l’entrée de la gare maritime Orsetti, ‘un ferry devrait partir de Gênes, rejoindre Sète le 15 juillet, puis se diriger vers Nador’», rapporte Libération. Mais cette version est confrontée à celle d'un agent portuaire qui annonce des dates différentes.
Comme à Gênes, la situation a donné lieu à de nombreuses rumeurs. «Des candidats au voyage se sont entendu dire dans une agence sétoise qu’il n’y avait encore aucune date certaine et soupçonnent des reventes à la sauvette, à prix d’or», indique le média français.
A Sète, la situation est d'autant plus délicate, qu'il y a parmi les passagers de nombreux professionnels du transport et de l’import-export, restés depuis mars dernier en France après leur arrivé à bord de camionnettes. La tension est rapidement montée d'un cran face aux informations contradictoires. Au niveau des bateaux, le démarrage de l'opération spéciale décidée par le Maroc s'annonce donc tendu.