«Azzeddine Rouissi en est à son 92ème jour de grève de la faim. Celui qui a envoyé une lettre ouverte à ses concitoyens a su mobiliser l’opinion publique étrangère mais pas les autorités locales», témoigne Soumaya Elouali, amie d’Azzedine. Contactée par nos soins, la jeune étudiante en droit privé à l’université des sciences juridiques de Taza interpelle l’attention du gouvernement marocain et l’exhorte à faire cesser ce qu’elle qualifie de barbarie policière. De même, elle juge la détention de Rouissi et sa condamnation à 5 mois de prison d’ «absurde» et de «systématique». Selon ses termes : «pour avoir côtoyé Azzeddine et les autres, je peux affirmer qu’ils ne demandent pas plus qu’une prise en considération gouvernementale des soucis socio-économiques des habitants de la ville de Taza et de ses communes et villages limitrophes». En cette fin d’après-midi, à l’heure de l’entretien téléphonique réalisé avec Soumaya par Yabiladi.com, elle était à quelques centaines de mettre d’une houleuse manifestation au centre-ville de Taza. «Les huées et les cris se font entendre à cent lieues à la ronde, rien n’arrête les forces auxiliaires. Ces derniers jours, il ne se passe pas une demie journée sans qu’il y ait une guéguerre de matraque entre étudiants manifestants et agents de la sûreté nationale. Cependant, le climat de consternation est plus révolté aujourd’hui», entrevoit-elle.
«Aujourd’hui à midi, la famille d’Azzeddine Rouissi a entendu parler d’une information non-vérifiée selon laquelle un gardien de prison a essayé de mettre un terme à la vie d’Azzeddine en l’assommant à coup de bâton. D’autres personnes interrogées sur place mentionnent qu’il a été agressé suite à une houleuse dispute entre les deux personnes», continue Soumaya et ce, avant d’ajouter qu’il n’y a pas eu moyen de vérifier ces informations pour le moins inquiétantes. Car le corps médical de l’hôpital qui accueille le jeune homme interdit les visites de son entourage à cause de son état lamentable. «La tentative de meurtre de Azzeddine n’est pas vérifiée, mais les coups qu’il a reçu au niveau du crâne ont malheureusement été confirmés», augmente-t-elle.
Parvenue à notre rédaction, la lettre ouverte d’Azzeddine mentionne qu’il continuerait sa grève de la faim jusqu’à sa libération ainsi que celle de tous les prisonniers désormais catégorisés comme «détenus politiques». Ceux-ci militaient entre autre, jusqu’au moment de leur détention, pour la prise en considération des droits étudiants de la ville de Taza.