La vexation suite à la mise à l'écart de la «République arabe sahraouie démocratique», lors la célébration de la Journée de l’Afrique, est toujours à vif. Ainsi, après les premières réactions de l’Espagne, l’Afrique du Sud et l’Iran, c'est aux principaux concernés de réagir, à savoir le Front Polisario et l’Algérie.
Dans une lettre adressée au responsable de la division nord-africaine au ministère espagnol des Affaires étrangères, le mouvement séparatiste a protesté contre la publication, par le département, d’une carte de l’Afrique sans mention de la «RASD»
Abdulah Arabi, représentant du Front Polisario en Espagne, s’est ainsi attaqué à la cheffe de la diplomatie espagnole Arancha Gonzales, lui rappelant que la «RASD» est «membre à part entière et fondateur de l'Union africaine», oubliant de souligner que la république autoproclamée n'est reconnu ni par l'Espagne, ni par l'ONU. Mais pour le représentant du Front, «la démarche de la cheffe de la diplomatie espagnole constitue une provocation non seulement pour l'État sahraoui mais pour l'ensemble du continent africain».
Le responsable du mouvement séparatiste en Espagne, tout en appelant à «corriger cette erreur», a accusé l’Espagne de vouloir «changer le système international d'un autre continent» et «saper les relations de bon voisinage». Et d’insister sur le fait que «le continent africain entretient des relations avec l'Union européenne avec ses 55 pays et ses drapeaux nationaux».
Le Front Polisario, à travers la sortie médiatique d’Abdullah Arabi, proteste indirectement contre sa non-convocation à une visio-conférence organisée à l’occasion de la célébration, le 25 mai, de la Journée mondiale de l’Afrique. Une occasion habituellement saisie par les ministres des Affaires étrangères et présidents d’adresser des messages de félicitations au continent, et de fêter la solidarité et la communion avec l'Afrique, auprès des ambassadeurs accrédités des différents pays africains.
C’est dire combien la démarche d’Arancha Gonzales, cadrant parfaitement avec la politique adoptée par l’Espagne ces derniers mois, et considérée comme proche des positions du Maroc, irrite le mouvement séparatiste et son parrain algérien.
Sabri Boukadoum rassure le Polisario
D’ailleurs, le voisin de l’Est n’a pas raté l’occasion pour attaquer le Maroc sans jamais citer l'Espagne. Mardi, le ministre algérien des Affaires étrangères a regretté que «la dynamique souhaitée dans le dossier du Sahara occidental n’a pas été atteinte, notamment depuis la démission de l'envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies, Horst Koehler, en mai 2019». Sabri Boukadoum a ajouté que cette démission a rendu la voie de la paix internationale «pleine d'obstacles», appelant à la nécessité de «faire des efforts sincères» pour trouver une solution à cette question.
Le chef de la diplomatie algérienne a qualifié ce dossier de «dernière question de de décolonisation sur le continent africain». Et de critiquer, au passage, des «tentatives désespérées d'imposer une politique du fait accompli en violation flagrante du contrat fondateur de l'Union africaine et de la doctrine des Nations Unies dans le domaine de la décolonisation».
«Ces manœuvres ne compromettront pas la juste cause sahraouie», a martelé le diplomate algérien, dans un message qu’il semble adresser tant au Maroc qu’à l’Espagne, tout en rassurant le Polisario.