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Grand Angle  

Maroc : Ismail Hjila, un dessinateur aux portraits de sel

Du sel et une table. C’est tout ce dont le jeune artiste Ismail Hjila a besoin pour faire des œuvres d’art captivantes, qui disparaissent rapidement pour se reconstituer sous forme d’un autre tableau ou portrait.

Publié
Sur une table de la maison familiale, Ismail Hjila reproduit des portraits en se servant uniquement des grains de sel / DR.
Temps de lecture: 3'

Qui aurait cru que le sel pouvait servir d'ingrédient de base dans la préparation d’une étonnante œuvre d’art ? C’est ce que propose Ismail Hjila, un jeune marocain de 24 ans qui habite à Safi. Après avoir quitté l’école en 2017, sans obtenir son baccalauréat, il a choisi de travailler à son propre compte, d’abord dans la vente de produits cosmétiques naturels sur Internet, puis au sein d’une coopérative locale.

Avec les mesures de confinement sanitaire décrétées au Maroc pour endiguer la pandémie de coronavirus, la coopérative a été contrainte de suspendre son activité. Ismail s’est alors trouvé sans emploi. Mais le temps passé à la maison lui a permis créer des œuvres d’art, à partir de matériaux très simples. «Lenconfinement m’a permis de me redécouvrir. Je suis retourné au dessin après l’avoir interrompu il y a environ un an, faute de temps», déclare-t-il à Yabiladi.

Un confinement qui s’est avéré salvateur

En effet, la crise sanitaire actuelle a permis à Ismail de renouer avec un passe-temps qui lui a tenu à cœur depuis ses douze ans. Au départ, Ismail a commencé par des portraits, en utilisant les outils connus dans le dessin. Par la suite, il a commencé à «chercher des choses créatives au lieu de dessiner au stylos ordinaire, comme le riz, la farine, les lentilles…», nous confie-t-il. Mais avoir le coup de main n’a pas été facile, comme il le souligne : «Tous ces matériaux ne m’ont pas aidé ; ils m’ont même rendu les choses plus difficiles, jusqu’à ce que je découvre que dessiner avec du sel est facile et amusant.»

Pour laisser libre court à son talent, l’artiste a ainsi trouvé ses outils de base fétiches : une table de la maison et un demi sac de sel. «Cela me coûte 50 centimes pour dessiner un portrait, le prix d’un sac de sel valant un dirham ; mais en retour, cela me demande un gros effort, de deux heures et demie à cinq heures par jour», détaille Ismail. Petit geste d'économe : il se sert du même sachet de sel pour plusieurs tableaux.

Ainsi, la modeste table ronde de la maison est devenue pour lui la chose la plus précieuse et un objet d’amusement pour ses parents. «Mon père me taquine en me disant qu’il la mettrait aux enchères publiques ou bien qu'il me demandera de la lui louerpour travailler dessus», s’amuse-t-il à rappeler.

«En raison de mon travail quotidien à base le sel ces jours-ci, j’ai demandé à ma mère de ne plus m’en mettre dans la nourriture. Je commence à avoir la sensation de goûter du sel dans mes doigts !»

Ismail Hjila, dessinateur autodidacte

Bien qu'il ait partagé ses précédents travaux artistiques sur les réseaux sociaux auparavant, Ismail n’a pas eu le même succès qu'aujourd'hui. Pour lui, ce serait l’un des «effets du coronavirus».

Comment conserver des portraits éphémères ?

D’ailleurs, et pour attirer l’attention des internautes, confinés comme lui pour la plupart et dans différentes régions du pays ou du monde, ce dessinateur dit avoir «choisi de dessiner des personnalités célèbres pendant cette crise». Ainsi, certaines de ces œuvres d’art reprennent des portraits de la caïda Houria, connue à Safi, ou encore du médecin qui a découvert le covid-19 à Wuhan, en Chine».

Mais tous ces efforts minutieux à façonner des portraits peuvent disparaître en un coup de vent, ou littéralement «d’un revers de la main», puisqu’Ismail n’a qu’une seule table. «Je n’ai pas beaucoup d’outils et de matériel qui m’aideraient à préserver ce que je dessine, en particulier avec la quarantaine, comme les plaques de bois ou la colle», décrit-il.

La conservation revêt une importance grandissante, d’autant plus qu’il commence désormais à recevoir des demandes de vente pour les portraits dont il met les photos sur les réseaux sociaux et qui jouissent d’un franc succès.

Ismail, qui aspire à se faire un nom dans le domaine du dessin à travers son art et sa créativité, encourage les jeunes marocains à profiter de cette période de quarantaine pour cultiver et renforcer leurs talents. Avec beaucoup de détermination et d’espoir, il est sûr que «nous pouvons transformer des choses simples en choses de grande valeur», conclut-il. Que chacun y mette son grain de sel !

Article modifié le 24/04/2020 à 18h51

Septime
Date : le 29 avril 2020 à 16h52
Purée c’est Impressionnant ! Et enfin des portraits de marocains vivant au Maroc. C’etait ennuyeux à la longue ces portraits de marocains vivant à l’étranger. Comme si un Marocain ne pouvait développé de talent ou que ses compétences n’étaient reconnues que s’il quittait le pays. En tout cas respect à cet artiste ! C’est pas rien !!
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