Comme prévu, la Commission des Affaires étrangères, de défense et des MRE à la Chambre des représentants a dédié, ce mercredi, une réunion consacrée à l'examen de la situation des milliers des Marocains bloqués à l’étranger et au Maroc en présence de la ministre déléguée aux Affaires étrangères.
Dans une longue intervention devant les députés, Nezha El Ouafi a couvert d’éloges la gestion de la crise par le département de Nasser Bourita, rappelant que les consulats et les ambassades se sont engagés à prendre en charge les frais de logement. Elle a annoncé que les réseaux d’avocats et de médecins d’origine marocaine en Europe ont été mobilisés pour apporter conseils et soins aux Marocains bloqués. La ministre a par ailleurs révélé que «dès demain, ils bénéficieront d’une assistance médicale et psychologique».
El Ouafi a abordé le problème du rapatriement des dépouilles des Marocains décédés dans ces circonstances exceptionnelles, saluant au passage la gestion des ambassades et consulats. Et d'affirmer que 90% des dépouilles ont été enterrées dans des carrés réservés aux musulmans dans les pays d’accueil. La ministre s’est engagée à accompagner les familles pour faciliter le transfert des restes des défunts pour les inhumer au Maroc une fois l’urgence sanitaire levée.
«Donner des raisons d’espoirs», réclament les députés
Tout au long de son intervention, Nezha El Ouafi n’a cessé de demander aux «18 260 Marocains de s’armer de patience et de présenter des sacrifices». Un chiffre qui dépasse de loin les 7 500 annoncés par Saadeddine El Othmani, lundi 13 avril à la Chambre des représentants.
Visiblement, ces appels à la «patience et aux sacrifices» n’ont pas eu l’adhésion de députés, y compris ceux du PJD. Ainsi, le président du groupe de l’USFP, Chakran Imam a invité le gouvernement à donner des raisons d’espoir aux Marocains. «Cela fait plus d’un mois qu’ils attendent. Il est temps de leur apporter des réponses concrètes», a-t-il souligné. Le parlementaire a saisi l’occasion pour plaider le retour immédiat des Marocains bloqués à Ceuta et Melilla.
Le député islamiste Khalid Boukarii a même embarrassé la ministre déléguée au sujet du budget alloué par la diplomatie marocaine pour l’inhumation des Marocains décédés en ces temps de Covid-19. «Un million de dirhams est un montant dérisoire et ne mérite pas d’être cité. Il couvre à peine l’inhumation de 14 dépouilles, sachant que chaque opération coûte 7 000 euros», a regretté l’ancien secrétaire général de la jeunesse de la Lampe.
Pour sa part, la députée du PAM a déploré que l’intervention de Nezha El Ouafi n’ait apporté aucune réponse. «Notre parti sollicite la programmation d’une autre réunion pour l’examen de ce dossier. Nous aurions souhaité la présence du ministre des Affaires étrangères pour éclairer notre lanterne», a-t-elle réclamé. La même requête a été formulée par le député du groupe RNI-UC. «Donnez-nous un délai pour le retour de ces Marocains. C’est ce que nous vous demandons», a-t-il plaidé.
Presque tous les députés ayant pris la parole ce mercredi se sont interrogés sur les raisons qui empêchent le gouvernement de procéder aux rapatriements de ses ressortissants alors qu’il autorise des pays européens à affréter des avions au Maroc pour le transport de leurs citoyens bloqués.
Reprenant la parole, la ministre a réitéré ses appels aux milliers de Marocains à «s’armer de patience», soulignant que le rapatriement ne sera opérationnel que lorsque «les conditions de sécurité sanitaire seront garanties». Et Nezha El Ouafi de préciser qu’elle ne peut aborder les questions techniques.
Au terme de la réunion, le président de la Commission des affaires étrangères a annoncé avoir reçu un SMS de Nasser Bourita l'informant de sa disposition à répondre, la semaine prochaine, aux questions des députés sur le dossier des Marocains bloqués. Le débat reste ainsi ouvert.