Alors qu’ils sont tenus, par la Constitution et par le code déontologie de rester au chevet des citoyens, plusieurs médecins du secteur privé ont fermé leur cabinet, et certaines cliniques n'acceptent plus de malades, même les cas urgents. Or, dans une lettre adressée lundi à Saadeddine El Othmani, le président du Conseil national de l’ordre des médecins du Maroc (CNOM), Mohammadin Boubekri a réclamé une aide financière et des exemptions fiscales pendant l’état d’urgence sanitaire.
«Il est regrettable de vous annoncer, qu’en cette période sensible par laquelle passe notre pays, les médecins du secteur privé se trouvent piégés, entre le devoir et la loi qui les obligent à maintenir leurs cliniques et leurs cabinets ouverts au public malgré la baisse de fréquentation, ainsi que le spectre de leur faillite et de pertes matérielles graves qui menacent leur sécurité économique», écrit-il dans la lettre parvenue à Yabiladi.
Le président du CNOM dit ainsi vouloir «attirer l’attention» de Saadeddine El Othmani sur cette situation. Il évoque, d’un côté, «l’ouverture de cliniques et de cabinets et que cela implique comme engagement financier devant lourdement peser sur les médecins, surtout que s’ils ferment, ils ne bénéficieront pas de l’aide accordée pour ces cas». «D’un autre côté, la fermeture de clinique entrainera une pénurie dans les services sanitaires, en plus du fait que ces médecins se trouvent en infraction par rapport à la loi et risquent des mesures punitives pour cette situation», abonde-t-il.
Cliniques et cabinets veulent bénéficier d’exonération et de mesures de la CNSS
Mohammadin Boubekri exhorte encore le chef du gouvernement à «prendre cette position exceptionnelle en considération». Il lui demande de «trouver des solutions efficaces pour que les cliniques et les cabinets médicaux bénéficient d’exonération et de facilités fiscales ainsi que les mesures de la Caisse nationale de sécurité sociale et toute autre mesure et ce, bien qu’ils restent ouverts au public, compte tenu de la demande et de l’intérêt».
Cette demande de soutien financier de l'Etat prend ainsi la forme plus ou moins subtile d'un chantage à la fermeture en pleine urgence sanitaire. Pourtant, plusieurs médecins du secteur privé et plusieurs cliniques au Maroc ont déjà fermé leurs portes aux citoyens depuis la déclaration de l’état d’urgence sanitaire au Maroc.
A rappeler que le président du CNOM nous avait assuré vendredi que «quiconque ferme volontairement son cabinet s'expose à des sanctions». Cette déclaration a provoqué l'ire de plusieurs médecins. Les pressions ont, semble-t-il, réussi à infléchir la position du Dr. Mohammadine Boubekri. Pris dans l'urgence sanitaire et sociale du au confinement, le gouvernement El Othmani cédera-t-il ?