L’état d’urgence sanitaire entre dans sa deuxième semaine, tandis que les familles démunies, travaillant dans le secteur informel, se trouvent privées d’emploi. Comment pourront-elles tenir dans ces conditions aussi longtemps ?
C'est un réel problème social auquel font face les catégories vivant dans la précarité et qui sont obligées de sortir chaque jour pour subvenir à leurs besoins. Il est lieu de citer ici les cas des femmes qui vendent de simples objets dans les marchés populaires, des cireurs de chaussures et ceux ayant des emplois précaires.
Cette importante catégorie du peuple marocain, du point de vue numérique, vit au jour le jour. Néanmoins, elle a démontré une adhésion totale aux mesures du confinement décrétées par les autorités publiques. Un engagement qui appelle à une solidarité sans limites de la part des personnes aisées et de l'Etat.
Un confinement qui s’installerait dans la durée pourrait-il être à l’origine d’une crise ?
Nous ne pouvons pas prédire de la durée du confinement et il en est de même pour l’éclatement de possibles formes de contestation. Sans oublier que jusqu’à présent, la protestation est inexistante.
La pandémie étant universelle, sa propagation est suivie presque minute par minute par tous les citoyens. Je pense que cette attention particulière pourrait chasser toute protestation. Dans l’ensemble, les citoyens ont fait montre d'un patriotisme exemplaire. Il faut juste que l’Etat puisse ouvrir ses bras à la catégorie des démunis en ces temps difficiles.
Les formes de solidarité auxquelles on assiste aujourd’hui pourront-elles, en attendant, alléger le fardeau du nouveau coronavirus pour cette catégorie ?
Il y a incontestablement un élan de solidarité remarquable. D’un côté, l’Etat a mis en place le Fonds de gestion de la pandémie du coronavirus et d’un autre côté, nous observons une hausse des actions caritatives menées par certaines personnes. Néanmoins, les demandes sont énormes dans cette conjoncture. L’heure est plus que jamais à la solidarité avec cette catégorie de la part de société et l’Etat. Nous sommes tous sur le même bateau, d’autant que le nouveau coronavirus ne fait pas de distinction entre un cireur de chaussures et un ministre.
L’acheminement des aides aux familles démunies ne pose-t-il pas de problèmes logistiques ?
Sans doute l’Etat a une vision et un plan pour la distribution des aides. Les autorités s’appuient en effet sur les Moqaddams et Chioukhs qui connaissent parfaitement leurs régions et leurs habitants. Ils ont une base de données suffisante pour faciliter l’acheminent des subventions.
Par ailleurs, il est dans l’intérêt de l’Etat d’opérer dans la fermeté et la vigilance afin d’éviter tous dysfonctionnements ou détournements.
Cet élan de solidarité peut-il être mis service d’intérêts politiciens ?
La règle dit que chaque réunion est un acte politique alors que même l’Etat fait de la politique. La pandémie crée elle aussi de la politique. Au-delà de ces considérations, ce dont nous avons le plus besoin actuellement est d’une campagne de concurrence pour répondre aux besoins des citoyens et non une opération de troc, c’est-à-dire des voix en échange des aides alimentaires.