Au Maroc, les initiatives se multiplient pour faire front uni contre le nouveau coronavirus. Des jeunes marocains ont ainsi créé un réseau de spécialistes dans divers domaines pour regrouper leurs expériences et concevoir des équipements capables de lutter contre la pandémie. Khalid Ezzemani, 27 ans, ingénieur d'État arts et métiers, et membre de ce groupe livre pour Yabiladi, les détails de l'initiative.
Comment avez-vous eu l’idée de mettre en place cette initiative ?
L'idée est venue, après la déclaration d'une urgence sanitaire dans notre pays, qui impose à ce que nous restons tous chez nous. Ainsi, nous avons voulu profiter de cette période pour mettre en place des initiatives qui peuvent nous aider et aider notre pays à surmonter cette épreuve. L’objectif est aussi de bénéficier des expériences et capacités des uns et des autres. Le but de l'initiative n'est pas lucratif, mais plutôt volontaire et financé par nos propres fonds.
Avez-vous contacté d'autres personnes pour rejoindre l'initiative ?
Au départ, nous avons lancé un appel à toutes les personnes qui peuvent contribuer. Nous avons identifié les capacités de chacun. Nous avons pu former un réseau qui comprend des médecins, des ingénieurs, des entrepreneurs, des programmeurs et des techniciens de plusieurs disciplines, dont le seul objectif est de trouver des solutions rapides, préventives et efficaces destinées aux Marocains qui doivent quitter leurs domiciles tels que le personnel médical, les employés de banque...
Ensuite, nous avons développé le modèle initial, pour déterminer les choses que nous pouvons fabriquer, comme les masques de protection, des masques visières «Shield Masks», ainsi que des respirateurs et des ventilateurs. Il a fallu avons également recenser les matériaux disponibles chez chacun d’entre nous ou au Maroc pour fabriquer ces équipements, tels que les imprimantes 3D et les machines laser, le matériau plexiglas, le tissu, etc.
Nous avons constaté que nous pouvions commencer au début à fabriquer des Shield Mask, car faciles et ne nécessitant pas beaucoup de matériel.
Nous travaillons de manière décentralisée, car nous distribuons sous forme de cellules dans des villes marocaines, afin de réduire les déplacements, respecter les règles de confinement, mais aussi profiter des ressources et capacités de chaque région.
Quelle est votre ambition future ?
Nous aspirons à pouvoir, d'ici la fin de cette semaine ou la semaine prochaine, communiquer avec des usines pour nous aider à produire ces masques visières, que nous souhaitons distribuer à différents hôpitaux, en grande quantité. De plus, ces usines devraient être en contact direct avec le ministère de la Santé.
Nous prévoyons de passer à la fabrication de masques 3D, suivis des respirateurs artificiels pour lesquels nous sommes en train de faire du rétro-ingénierie, en utilisant les modèles disponibles au Maroc ainsi que ceux développés à l'étranger, tout cela avec l'aide de spécialistes en réanimation.
Avez-vous reçu de l'aide ?
Nous avons encore besoin d'un tas de matériel, et aussi de personnes expérimentées qui peuvent aider, et ainsi faire de cette initiative un succès. Plus nous sommes nombreux, plus vite nous pourrons atteindre notre objectif d'aider notre pays à surmonter cette épreuve. Nous avons donc lancé un appel à tous ceux qui pourraient aider. Nous sommes ouverts à toute suggestion et sommes également à la disposition du ministère de la Santé et de celui de l'Industrie.