L’Institut Français d’Opinion Publique, a récemment réalisé un questionnaire auto-administré en ligne. Mené en Allemagne, aux Pays-Bas, en France et au Royaume-Uni, le sondage s’était basé sur des échantillons de 600 à 800 personnes par pays.
Interrogé sur la présence de la communauté musulmane dans leurs pays, une majorité relative des participants estime que l’attachement de celle-ci aux us islamiques représente une menace pour leur identité européenne (notamment en Grande-Bretagne avec 47 % des réponses et aux Pays-Bas avec 44 %). Toutefois, l’Ifop rappelle que «ces résultats cachent une réalité plus nuancée». En effet, plus de 50 % des personnes interrogées dans chaque pays expriment soit de l’indifférence à l’égard de cette question (entre 34 % en Grande-Bretagne et 37 % au Pays-Bas) soit l’idée que la présence d’une communauté musulmane est plutôt un facteur d’enrichissement (19 % des Néerlandais et des Britanniques, 22 % des Français et 24 % des Allemands).
S’agissant des quatre pays européens où la population musulmane est la plus importante, ledit sondage révèle qu’il est intéressant de noter que les interrogations qui se posent ne portent plus sur l’origine géographique des personnes issues de l’immigration mais sur leur appartenance culturelle et religieuse. Aussi, les sondeurs constatent-ils que la terminologie «population d’origine musulmane» a pu remplacer en France celle de «population d’origine maghrébine», aussi bien du côté des dirigeants que des citoyens.
L’Ifop a choisi d’interroger les 4 pays européens où la population musulmane est, en proportion, la plus importante. Toutefois, l’institut de sondage fait le distinguo : «le Royaume-Uni et les Pays-Bas d’un côté, qui ont longtemps promu un modèle multiculturaliste débouchant sur un communautarisme récemment remis en cause». Quant à l’Hexagone:«la France a maintenu une politique républicaine de cohésion nationale reposant sur un modèle d’assimilation qui ne cesse de montrer ses limites et ses échecs».
Pour ce qui est de l’Allemagne, récemment passée d’un pays d’immigration provisoire vers un pays d’immigration permanente, elle reste très regardante sur les fondements de la nation allemande en tant qu’entité ethnico-religieuse, avec la conception du “droit du sang”, longuement défendue.
Les signes ostentatoires…
Ce n’est plus un secret pour personne : la question de la barbe, du port du voile, du niqab et de la burka est devenue intrinsèquement liée à l’intégration au sein du pays européen hôte. Parmi les symboles les plus emblématiques de l’islam en Europe, l’Ifop a choisi de tester le voile, la présence de mosquées et la possibilité de partis musulmans. Résultat : 90 % des sondés s’opposent au port du voile islamique à l’école en France, 62 % aux Pays-Bas (70 % en Allemagne et 64 % au Royaume-Uni).
Cependant, dans la rue, l’indifférence reste le seul mot d’ordre en Allemagne, tandis que les Néerlandais se montrent les plus bienveillants sur ce point (20 % sont favorables au port du voile, 38 % y sont indifférents lorsque 42 % y sont hostiles). En revanche, les Français sont les plus nombreux à s’y opposer et ce, à 59 % des voix. Quant à la possibilité de partis politiques ou de syndicats ayant une référence à l’islam, en France le rejet est unanime : 74 % des Français y sont hostiles (contre 32 % des Allemands). Mais 33 % des Français seulement s’opposeraient à l’élection d’un maire musulman dans leur commune.
De même, la perception d’un échec de l’intégration des musulmans dans la société européenne est largement partagée parmi les citoyens du continent blanc, constate l’Ifop. Toutefois, interrogés sur leur perception des raisons de cet échec, les sondés mettent en avant le refus de ces populations de s’intégrer, très loin devant les causes économiques ou sociales.
En outre, l’attitude des jeunes n’est pas forcément très différente de celle de leurs aînés à cet égard : en France et en Grande-Bretagne, une forte proportion des moins de 35 ans tend à considérer la présence d’une communauté musulmane comme un facteur d’enrichissement culturel. Par contre, en Allemagne et aux Pays-Bas, cette génération est beaucoup plus critique à l’égard de l’islam que leurs aînés», notent les sondeurs.