Elle a atterri à l’aéroport Mohamed V de Casablanca, en provenance de Cotonou, au Bénin, il y a quelques heures à peine quand nous la rencontrons. Siham El Habti revient de la 7e édition du Festival des stars de l’intégration culturelle africaine (SICA), où elle a été nommée «Ambassadrice de l’art et de la culture de l’Afrique». La styliste, qui ne cache pas sa fierté d’avoir été ainsi gratifiée, a volontiers accepté de nous ouvrir les portes de Dream Caftan, une maison de couture située en plein quartier Mâarif, à Casablanca, une affaire de famille.
Fouzia Berriah
Siham El Habti n’est autre que la fille de Fouzia Berriah. Styliste marocaine, elle a très tôt fait de la couture traditionnelle sa spécialité. Fouzia a initialement fondé la maison Dream Caftan en 1978. Siham grandit, donc, naturellement dans un univers submergé de couleurs, tissus, perles, et broderies traditionnelles. Sa passion démesurée pour le caftan, dont elle estime qu’il fait partie intégrante du patrimoine culturel marocain, se lit sur son visage. «Depuis que je suis petite, j’aime beaucoup le dessin. Je suivais ma mère partout dans les défilés au Maroc et à l’étranger», confie-t-elle.
Son avenir semblait tout tracé et pourtant, après l’obtention d’un baccalauréat scientifique, en 1994, Siham se laisse, d’abord, tenter par une formation dans le domaine paramédical avant de s’envoler vers la France, où elle poursuivra des études d’optique.
De l’optique à la couture
«Après avoir passé six années à étudier en France, je suis rentrée au Maroc. C’est là que je me suis rendue compte que l’univers de la mode me manquait vraiment», avoue-t-elle. « Quand ma mère s’en est aperçue, elle m’a encouragée à prendre les choses en main. Elle m’a conseillée de suivre des études de stylisme, pour faire les choses correctement», raconte Siham. Elle décide alors d’intégrer le Collège Lasalle, école canadienne installée au Maroc.
Avec cette formation, Siham a pu développer son savoir-faire pour le caftan en y apportant une nouvelle touche. Convaincue par son talent, sa maman décide de lui léguer la gestion de Dream Caftan, en 2003. C’est avec ce nom qu’elle tente sa chance, en 2005, en se présentant au concours de pré- sélection de «Caftan», événement phare des stylistes de caftans haute couture, organisé chaque année par le magazine féminin «Femmes du Maroc».
Défilé «Caftan»
Pari gagné pour Siham, elle est sélectionée pour y présenter son travail. Depuis, Siham El Habti n’a plus quitté les planches de «Caftan». Elle revient chaque année pour exposer ses nouvelles réalisations toujours aussi innovantes. Lors de la 15e édition de Caftan, organisée en mai dernier à Marrakech, Siham El Habti a même été choisie pour inaugurer le défilé des créateurs confirmés.
Si Siham est très présente sur la scène nationale de la haute couture traditionnelle, elle est aussi conviée régulièrement à venir présenter ses collections à l’étranger. «Dans mon travail, j’essaie de mêler la tradition à la modernité, pour que le caftan soit accessible à tout le monde. Certains vous diront que c’est déformer le caftan. C’est faux». Pour Siham, c’est sans doute grâce à «cette évolution que la culture du caftan a pu s’exporter à l’étranger». La styliste a notamment représenté le Maroc, au Festival de design et de mode de Carthage, à l’Oriental Fashion Awards à Bruxelles, ainsi qu’aux célèbres Salons Hoches de Paris. Ses caftans ont également été présentés en Égypte, au Sénégal et au Liban. Je fais beaucoup de défilés à l’étranger mais pas pour vendre. Dans la majorité des cas, la clientèle étrangère n’aime pas beaucoup investir dans le caftan. Je ne peux pas baisser les prix de mes tenues, cela ne représente pas une bonne affaire pour moi», explique-t-elle avant de préciser que le seul et unique but de ses déplacements à l’étranger «est de dévoiler la richesse du caftan».
Stars. Si ses caftans sont beaucoup appréciés par le public connaisseur, ils sont aussi convoités par de nombreuses célébrités de passage au Maroc. Siham El Habti a habillé, entre autres, l’actrice et réalisatrice française Sandrine Bonnaire et la top-modèle danoise Heidi Albertsen. Plusieurs vedettes de la chanson orientale se sont également laissées séduire par ses caftans, à l’instar de Shirine Abdelwahab, Nawal Al Zoghbi, Carole Samaha ou encore Assa- la Nasri. La dernière en date est l’actrice turque Tuba Büyüküs- tün Saylak, plus connue par le public marocain sous le prénom de Lamiss. Mission accomplie pour Siham El Habti.