C’est une pièce de théâtre qui raconte l’espoir suscité par une quête de soi, et son aboutissement. Interprétée par un Belgo-marocain et ses deux camarades comédiens, la pièce est une version comique du «Lion des Flandres» («De leeuw van Vlaanderen»), un roman historique de l’écrivain belge d’expression néerlandaise Hendrik Conscience, paru en 1838 et retraçant la bataille franco-flamande des Eperons d’or.
La pièce a été écrite et interprétée par le comédien belgo-marocain Latif Ait, le Belgo-turc Erhan Demirci et le Belge originaire de Flandre-Occidentale, Han Coucke. Elle revient sur les défis que doivent relever les réfugiés et les migrants en Belgique, ainsi que les Belges binationaux. En somme, elle s’intéresse à ces «nouveaux arrivants» qui veulent découvrir le pays, tout en restant attachés à leurs origines. «C’est ce que je me suis toujours efforcée de faire», déclare Latif Ait à Yabiladi.
Né en Belgique de parents marocains originaires de la région de Tafraout, le comédien de 46 ans basé à Anvers dit avoir traversé, plus jeune, une «crise d’identité» durant laquelle il a essayé de «choisir», parmi ses deux cultures, «celle dont [il devait] être le plus fier».
A la recherche de son identité
«Je cherchais le sens de la vie et j’essayais de savoir qui j’étais», se souvient le comédien. C’est la raison pour laquelle il a décidé de se lancer dans ce projet artistique. «La pièce est principalement destinée aux Belges qui entrent pour la première fois en contact avec la culture belge et flamande car elle raconte une partie de l’histoire du pays», nous explique-t-il.
Avec sa pièce de théâtre, dont les premières représentations ont eu lieu mardi 4 février, Latif Ait rassemble différentes composantes de la communauté belge pour prouver à ses membres que même s’ils sont issus d’horizons différents, ils peuvent encore trouver un terrain d’entente pour coexister.
Une quête de soi qui a d’abord nécessité une prise de conscience. «D’abord, sachez recueillir de vos parents et ancêtres votre culture ; c’est quelque chose de très précieux. Mais n’oubliez pas que vous êtes aussi belge», dit-il. Et d’ajouter : «Il est bon de savoir qui vous êtes pour évoluer et rapprocher deux cultures.» A l’image de ses deux compères comédiens, c’est à travers l’art et plus précisément la comédie que Latif Ait a tenté de répondre aux questions qu’il se posait sur son identité. «Nous avons tous les trois eu du mal dans la vie ; nous avons partagé les mêmes douleurs. C’est la raison pour laquelle nous avons adapté cette pièce», dit-il.
«Nous avons connu les mêmes luttes; nous sommes partis à la recherche de nos identités. C’est ce que nous essayons de dire à notre public.»
Le comédien n’en est pas à sa première pièce de théâtre. Après avoir suspendu sa carrière de dessinateur, il s’est tourné vers la scène, un lieu où il «[peut] dire ce [qu’il] aime et déteste» avec humour et sans offenser les autres. Latif Ait nous dit également espérer venir un jour au Maroc pour y jouer ses pièces et spectacles en chleuh afin d’honorer ses racines amazighes.