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Grand Angle

Rabat : Mahi Binebine qualifie de coup de théâtre le transfert de «Capitales de la culture africaine»

Prévu à Marrakech dès le 31 janvier, soit dans une semaine, le rendez-vous continental «Capitales de la culture africaine» a été déplacé à Rabat sur décision du ministère de la Culture. Ce dernier estime que l’infrastructure de Rabat serait plus apte à cet effet, ce qui offusque le président d’honneur, le plasticien, peintre et écrivain Mahi Binebine.

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Marrakech a été déclarée capitale de la culture africaine / DR.
Temps de lecture: 3'

Imaginez une parade grandeur nature sur la Place Jemaâ El Fna à Marrakech pour annoncer en grande pompe l’ouverture du rendez-vous culturel continental «Capitales de la culture africaine», avec des artistes venus des quatre coins d’Afrique. C’est finalement un mirage lointain dont les contours s’estompent, maintenant que le ministère de la Culture a décidé de déménager à Rabat les festivités de cette rencontre annoncée en grande pompe dès 2018.

Cette année-là, la ville ocre a été déclarée «capitale africaine de la culture 2020», en marge du huitième somme Africités. Cité par l’AFP, un responsable ayant requis l’anonymat explique que «les autorités marocaines ont décidé de choisir Rabat en faisant valoir que ses infrastructures étaient plus adaptées». Ainsi, il y a trois jours, le comité d’organisation rattaché aux Cités et Gouvernements Locaux Unis (CGLU Afrique) s’est vu notifier officiellement la délocalisation de l’événement.

Jeudi à l’issue du conseil de gouvernement, cette version a été confirmée par Hassan Abyaba, ministre de tutelle et porte-parole de l’exécutif. Selon lui, le transfert des «Capitales africaines de la culture» est «dicté par des considérations managériales et techniques, l’objectif étant de réunir toutes les conditions de réussite d’un événement de telle envergure et à dimension internationale».

Le président d’honneur de l’évènement et le gouvernement à couteaux tirés

Selon le ministre Hassan Abyaba, «le Maroc dispose d’un programme culturel international que n’importe quelle ville peut abriter» et «toute manifestation africaine organisée dans une ville marocaine est un acquis» pour le pays. Ce à quoi le président d’honneur de l’événement, Mahi Binebine, rétorque que ces «arguments» sont du «n’importe quoi» et, en somme, des déclarations qui brillent par leur «langue de bois». Contacté par Yabiladi ce vendredi, il confie avoir «tombé des nues».

«Cela fait un an que je travaille sur ce projet comme un fou et ces six derniers mois encore plus», soutient fervemment le plasticien. Faisant part de son «incompréhension totale», il fustige : «Tout était bouclé ; les réservations d’hôtel et les billets d’avions des artistes invités ont été faites, puis le ministère nous informe que ce ne sera finalement pas à Marrakech.»

«Quel manque d’infrastructure reproche-t-il à Marrakech pour de pareils événements? Nous avons même des espaces pour des manifestations culturelles en plein air et dans l’espace public ouvert. Si Rabat était plus adéquate, le ministère de la Culture aurait dû nous le dire il y a deux ans.»

Mahi Binebine

Et d’ajouter qu’entre temps, «c’est à Marrakech que se sont déroulés à chaque fois les rendez-vous internationaux clés» que le Maroc a abrités, dans le domaine culturel, sportif ou même politique.

A une semaine du lancement des festivités, «c’est donc une décision incompréhensible qui ne tient pas la route», selon Mahi Binebine. D’ailleurs, il regrette que cette mesure desserve la crédibilité du Maroc sur la scène internationale plutôt que de la renforcer.

Rabat en course effrénée vers une «folie des grandeurs»

La réaction suscitée par cette démarche auprès du président d’honneur de l’événement rejointdes recommandations de l’UNESCO, qui a estimé que la ville de Rabat gagnerait à revoir sa «folie des grandeurs» et sa course à se positionner comme un gros pôle financier. Début décembre 2019, l’agence de presse EFE a révélé que la ville, déclarée patrimoine mondial en 2012, avait des comptes à rendre à l’organisation onusienne.

Cette dernière met en cause les projets annoncés en grande pompe, entre de nouveaux musées, un grand théâtre, des gares ferroviaires entièrement refaites, des ponts flambant neufs ou encore la plus haute tour d’Afrique. Selon la même source, les responsables locaux n’ont pas anticipé que le classement de leur ville impliquait une communication en amont sur tous ces chantiers et leur impact.

«Le gouvernement marocain a reçu une lettre du Comité du patrimoine mondial dans laquelle ce dernier, dans des termes inhabituellement difficiles, a déclaré ''regretter vivement que tous les détails de ce grand programme (l’urbanisme à Rabat) et que les projets accessoires ne [lui] ont pas été annoncés préalablement''», explique l’agence de presse espagnole.

Pour sa part, Mahi Binebine dit passer à autre chose. «J’ai suspendu mes expositions, mon livre sur lequel je suis en train de travailler. Je me suis occupé du projet par amour pour ma ville, mais maintenant je m’occuperai de ma personne», affirme-t-il à Yabiladi. Au programme des prochains mois, il envisage notamment de se concentrer sur l’évolution des Centres culturels Les Etoiles, dont deux ouvriront prochainement.

UnChamaliBack
Date : le 24 janvier 2020 à 19h08
Pourquoi les journalistes aiment accompagner le t travail de sape ? Des couacs il y en a dans tous les évènements du monde... Vous ne devriez pas faire autant écho a ceux qui se plaignent ou alors d'équilibrer en interrogeant une personne qui est favorable au nouvel emplacement
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