La croissance de l’économie marocaine devrait atteindre 3,5% en 2020 après avoir atteint un taux estimé à 2,7% pour l’année 2019, prévoit la Banque mondiale dans son rapport sur les perspectives économiques mondiales, publié mercredi. De plus, l’économie marocaine continuera à accroître, pour atteindre 3,6% en 2021 et 3,8% en 2022, selon les prévisions de l’institution financière.
Dans son analyse, la banque rappelle que les prix élevés du pétrole et les pressions budgétaires ont encouragé quelques pays de la région MENA, dont le Maroc, à réformer les contrôles des prix et les subventions liées à l'énergie entre 2010 et 2014. «Ces réformes ont été associées à l'amélioration du climat des affaires. Dans les deux ans suivant la réforme, les entreprises des trois pays ont signalé un accès plus facile à certains programmes», salue la banque. De plus, en termes d’efficacité pour les entreprises, «les premières réactions du marché à ces évolutions suggèrent que des gains ont été générés», fait remarquer l’institution financière.
Des réformes à saluer, mais l’effort doit se poursuivre et viser les PME
Toutefois, «la portée de ces programmes et leur rapidité de mise en œuvre différaient considérablement» d’un pays à l’autre. «Ils variaient également en ce qui concerne les transferts compensatoires aux groupes de population défavorisés», explique-t-on.
Pour le cas du Maroc, la Banque mondiale rappelle que le royaume «a réduit la charge fiscale des subventions pétrolières, tout en évitant de graves conséquences négatives sur la pauvreté et les inégalités». «À partir de 2013, le gouvernement est passé pour la première fois à l'indexation des prix des produits pétroliers et s'est progressivement engagé à libéraliser pleinement la plupart des produits énergétiques», rappelle le rapport. Pour ce dernier, «les réformes ont été mises en œuvre sans déclencher d'agitation sociale malgré l'absence de transferts monétaires aux ménages», alors que «les économies budgétaires de la réforme ont plutôt été utilisées pour financer d'autres réformes».
Mais cela ne semble pas profiter aux petites entreprises, car selon la Banque mondiale, celles-ci «hésitent à intensifier leurs opérations et bénéficient peu de l'intégration de la chaîne de valeur mondiale». «Pour la région de l'Afrique du Nord, les données provenant de l'Égypte et du Maroc suggèrent que les gains de productivité intra-sectoriels ont été la principale source de croissance de la productivité pour leurs économies», déplore-t-elle.
A cela s’ajoute aussi «la concurrence du secteur informel» qui constitue «un obstacle majeur pour les entreprises du secteur formel dans plusieurs grandes économies», dont le Maroc, tout comme la «proportion plus élevée de travailleurs informels dans les PME», qui engendre des salaires plus bas et un potentiel d'exportation plus limité».
Une activité favorable du tourisme pour supporter les exportations d’énergies
Toujours selon le rapport, «l'alignement des systèmes fiscaux sur les meilleures pratiques internationales (par exemple, les systèmes de dépôt électronique harmonisés au Maroc) et la réduction des obstacles réglementaires pour les entreprises peuvent aider à attirer les entreprises informelles vers une activité formelle plus productive tout en augmentant la collecte des revenus». Globalement, pour les importateurs d'énergie, comme l'Égypte et le Maroc, «l'élargissement de la portée des exportateurs sur le marché mondial et l'amélioration de la qualité des exportations pourraient contribuer à améliorer la productivité», suggère encore le rapport.
En attendant, l’institution financière affirme que l'activité touristique favorable continuera à soutenir la croissance des importateurs de pétrole, comme le cas du Maroc, bien que la production agricole devienne moins favorable et pèse sur l'activité du royaume, notamment à cause de l'affaiblissement de la demande mondiale, notamment de la zone euro.
Mais les réformes politiques et l'activité touristique résiliente doivent toutefois «soutenir une reprise de la croissance du Maroc et de la Tunisie, respectivement à 3,5% et 2,2%, en 2020», prévoit-on. Le tourisme, aidé par les initiatives de promotion du gouvernement et l'amélioration de la sécurité, devrait continuer de soutenir l'activité dans les deux pays» dans une région MENA où la croissance reste au ralenti, à environ 0,1% en 2019, ajoute le rapport.
Globalement, la Banque mondiale a légèrement réduit ses prévisions de croissance pour 2019 et 2020. La croissance mondiale va toutefois légèrement augmenter en 2020 grâce à une poignée d'économies émergentes et en développement, bien que des risques demeurent, avertit-elle enfin.