Né probablement vers 1839 et décédé, selon son arrière-arrière-petit-fils, Roland Benzaken, vers 1918 à l’âge de 79 ans, Rabbi Chalom Zaoui est considéré comme un symbole de la communauté juive à Rabat.
Bien qu’il soit difficile de retracer sa biographie, il était un Rabbin respecté et vénéré par sa communauté, selon les récits. Durant son vécu, Rabbi Chalom Zaoui gérait une synagogue qui porte aujourd’hui son nom, tout comme une rue du Mellah de la capitale. Ancienne maison de ce tasdik, le lieu de culte témoigne aujourd’hui, au côté du Mellah de la capitale, d’une période spéciale de la communauté juive marocaine.
«Par la cour (peinte d’un) rouge vif, on pénètre dans la synagogue, dont le style mauresque est visible à travers les formes trilobes sur les fenêtres, les lampes ressemblant aux lampes de mosquée et les carreaux de céramique aux formes géométriques», décrit la plateforme Diarna.
L’histoire d’un saint, d’une synagogue et d’un Mellah
L’histoire du Mellah de Rabat reste, d’ailleurs, particulière car moins récent que ceux de Marrakech, de Fès ou des autres villes du Maroc. «Il a été planifié et construit à un moment singulier entre 1806 et 1807, lorsque le sultan Moulay Slimane a ordonné sa création pour abriter la population juive de Rabat, qui vivait auparavant dans la médina», explique-t-on. Le Mellah de la capitale a ainsi été construit sur le site de vergers fruitiers. «Le site a été choisi car il était à l'intérieur des murs de la médina. Il avait une double fonction de séparation et de protection des Juifs», ajoute-t-on.
C’est dans cette atmosphère générale que Rabbi Chalom Zaoui aurait vécu au sein de la capitale, dans une communauté dont le nombre variait entre 5 000 juifs en 1881 et 15 000 vers 1947, avant que ce chiffre ne baisse drastiquement avec les vagues de migration.
L'intérieur de la synagogue de Rabbi Chalom Zaoui. / Ph. Roland Benzaken
Selon le récit de son arrière-arrière-petit-fils, Roland Benzaken, la maison de Rabbi Chalom Zaoui, transformée en synagogue, était spéciale. «Il y avait une veille mézouza (objet de culte juif apposé au chambranle de l’entrée d’une demeure) à la porte de la maison. Tous les Juifs qui passaient par là posaient respectueusement leur main sur [cet objet] et la porte ensuite sur leur bouche», raconte le descendant de ce tasdik dans une série d’articles.
«Plus d'une fois, il y avait des enfants, tout jeunes, qui courent vers cette mézouza et presque automatiquement faire le même geste que les [adultes], embrasser pieusement la mézouza bénie du Saint du mellah de la ville», ajoute-t-il.
«Les Juifs fêtent les jeunes mariés à côté de cette mézouza. Ils se réunissent à la porte du Rabbi Chalom Zaoui, embrassent la mézouza, chantent et réclament leur "ange", il apparaît, majestueux. Il regarde un instant la foule, sourit, bénit les mariés et se retire discrètement.»
Une veille mézouza. / Roland Benzaken
Une ambiance festive pour la Hiloula du tasdik
Après son décès, Rabbi Chalom Zaoui a été inhumé dans la partie ancienne du cimetière israélite de Rabat, situé au quartier l’Océan. Mais il aurait «opéré des miracles». «Tout ce qu’on peut savoir, c’est qu’il a guéri des infirmes qui ont prié sur sa tombe ou dans sa synagogue au mellah de Rabat. On cite, en particulier, le cas d’une femme européenne aveugle qui l’avait imploré toute une nuit et qui serait guérie», raconte-t-on.
Une version confirmée par le Rabbin Menahem Dahan, vivant à Rabat depuis 1958, dans une inlerview accordée à Jeune Afrique en 2013. «Les malades venaient autrefois dormir quelques nuits près de sa tombe, et beaucoup d’entre eux guérissaient miraculeusement, des juifs mais aussi des musulmans», avait-il assuré.
Portrait du tasdik à l'intérieur de la synagogue de Rabbi Chalom Zaoui. / Ph. Roland Benzaken
Sa synagogue de Rabbi Chalom Zaoui a aussi symbolisé les célébrations de la communauté juive à Rabat. «On ne célèbre plus que des veillées de prières pour l’anniversaire de Rabbi Chalom Zaoui», avait assuré Menahem Dahan.
«Beaucoup de juifs marocains se souviennent des samedis soirs à la synagogue Rabbi Chalom Zaoui au Mellah de Rabat dans les années 50 et 60. Etaient assis les notables de Rabat et de Salé, tous chantaient des magnifiques pyoutims par cœur de leurs belles voix», décrit Roland Benzaken, dépeignant une ambition «chaude et vibrante» d’une «communauté juive qui priait, qui chantait et qui se souhaitait mutuellement les meilleurs vœux».
La Hiloula de Rabbi Chalom Zaoui est célébrée le 29 Kislev correspondant au 23 décembre de chaque année, bien que sa tombe est visitée aussi lors du jour de kippour correspondant au 28 septembre.