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Grand Angle

Affaire Lissasfa : Face au retrait de plaintes, la peine d’un pédophile pourrait s’alléger

Alors que le nombre d’enfants qui auraient été victimes d’un pédophile multirécidiviste au quartier Lissasfa dépasserait la vingtaine, 16 des 18 parents ayant porté plainte ont fini par se rétracter. Les associations qui se sont saisies du dossier pour la partie civile déplorent la «corruption» de certains parents.

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Photo d'illustration / DR.
Temps de lecture: 3'

En octobre dernier, l’affaire a créé un tollé. Mais des associations sont inquiètes que d’ici janvier prochain, elle pourrait devenir un non-événement. Pourtant, les accusations sont graves et le nombre de victimes présumées est conséquent. Il s’agit de l’affaire du pédophile présumé du quartier Lissasfa (Casablanca), poursuivi notamment pour détournement de mineur et de viol répété sur des enfants de 6 à 11 ans, monnayant argent.

Depuis mardi, les associations qui ont proposé leur accompagnement auprès des plaignants s’inquiètent, en effet, de voir la peine du prévenu allégée, d’autant plus que 16 des 18 plaintes déposées ont été retirées.

«Certains parents des victimes ont été soudoyés par les proches du pédophile», nous confirme ce mercredi Hind Laidi, présidente de l’association Jood qui a accompagné l’une des familles dont les deux enfants disent avoir été victimes des sévices répétés du pédophile. L'objectif étant de les pousser à abandonner leurs plaintes.

«C’est très dommage et déplorable pour les enfants victimes qui vivront avec ce traumatisme, sans pouvoir bénéficier ni d’un procès équitable ni d’un accompagnement individuel», regrette Hind Laidi, confirmant des observations de Khadija El Omari, présidente de l’Association des jeunes nationaux pour la solidarité qui a révélé l’affaire en octobre dernier.

Les enfants doublement victimes à cause d'un «marchandage»

Dans le temps, Khadija El Omari a confié à Yabiladi qu’une fille de 15 ans aurait été violée et le suspect l’aurait forcée à avorter, dans l’impunité totale, profitant d’une forme d’omerta autour de ses agissements. «L’année dernière, il a déjà fait l’objet d’une plainte à cause de cela. La victime n’est plus revenue à l’école et l’affaire est restée sans suite», nous a-t-elle affirmé. «A sa demande, elle lui ramenait des fillettes de 6 et 7 ans, 11 ans tout au plus, depuis l’école», nous explique-t-elle encore.

L’impunité autour des actes du concerné, un ouvrier dans la maçonnerie âgé de la cinquantaine, est d’ailleurs un fait consternant pour Khadija El Omar et Hind Laidi. «Depuis le début de l’affaire, nous avons eu échos que la famille du pédophile a tenté de démarcher avec des mamans, sans que ces négociations ne passent par la justice. Il s’agit d’un marchandage et non pas d’une caution», dénonce d’ailleurs la présidente de Jood.

«On profite de la pauvreté des familles et de leur situation mais l’on oublie que les conséquences sur les enfants sont immédiates et seront touchées sur le long terme», dénonce pour sa part Khadija El Omari, tout en pointant les proches du prévenu d’avoir tenté de soudoyer tout autant les associations qui se sont saisies du dossier en appui à la partie civile.

«C’est catastrophique pour les enfants qui ont subi un viol, dans un milieu où les fillettes victimes sont traitées de tous les noms par le voisinage et les camarades d’école, et qui voient leurs parents retirer la plainte portée contre ce pédophile pour alléger sa peine», déplore encore Hind Laidi.

«Quel que soit le temps qu’il passera en prison, il sortira et reproduira certainement les mêmes actes puisqu'il est déjà récidiviste et c’est scandaleux.»

Hind Laidi, présidente de l’association Jood

Entendu dès octobre dernier dans le cadre de cette affaire où il est poursuivi en état d’arrestation, le pédophile présumé est passé aux aveux et a reconnu les faits qui lui ont été reprochés vis-à-vis de deux des victimes.

Avocate parmi ceux de la partie civile contactée par Yabiladi, Chaimaa Mekkaoui nous fait part de son intention de formuler une requête pour la requalification des faits, afin que le dossier incluse aussi l’aspect répétitif et systématique de ces agissements, ainsi que la possibilité d’établir des chefs d’accusation sur la base de la loi relative à l’exploitation et à la traite des êtres humains.

Pour leur part, les représentants du ministère public requièrent les plus lourdes peines, compte tenu que l’individu est multirécidiviste.

kaloupile
Date : le 26 décembre 2019 à 19h19
Apparemment c'est plus rapide de se retrouver en prison pour adultère ou relations sexuelles sans mariage que pour pédophilie. La police des mœurs à des critères qui m'échappent.
Hansnatter
Date : le 26 décembre 2019 à 13h54
Il y a une différence entre une personne majeure libre de ses choix qui veut se prostituer et un enfant vendu
Anonyme2.0
Date : le 26 décembre 2019 à 13h41
Exactement, ça ou la prostitution tolérée c'est la même chose. C'est plus que triste.
Citation
Jazari1136 à écrit:
Les pédophiles sont protégés dans notre société. De plus, au Maroc il y a de grands réseaux puissants. Et puis c'est comme la prostitution tolérée et soutenue parfois par la famille même. C'est triste.
Jazari1136
Date : le 26 décembre 2019 à 13h13
Les pédophiles sont protégés dans notre société. De plus, au Maroc il y a de grands réseaux puissants. Et puis c'est comme la prostitution tolérée et soutenue parfois par la famille même. C'est triste.
Anonyme2.0
Date : le 26 décembre 2019 à 10h34
Si la corruption touche même les parents d'enfants violés alors on peut être sûrs que le pays sera corrompu à vie. La pauvreté n'excuse pas tout. Comment des parents peuvent-ils accepter de l'argent en échange du silence suite aux atrocités que leur enfant a vécu ?! Ça équivaut à avoir vendu leur fille/garçon, selon moi. Je répète, la pauvreté n'excuse pas tout.
Dernière modification le 26/12/2019 19:19
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