Tout près de l’actuelle ville de Cordoue (Espagne), Madinat al-Zahra révèle de nouveaux mystères. Détruit en 1010 par les armées de la Reconquista (722 – 1492), le portail par lequel elle a été accessible au niveau de la Plaza de Armas a été reconstitué par une équipe pluridisciplinaire. Cette reconstitution couronne des mois de recherches en collaboration avec l’Institut allemand d’archéologie (IAA), l’Ensemble archéologique de Madinat al-Zahra (CAMaZ) et l’Université autonome de Madrid (UAM).
Plus grande entrée à cette citée mythique, ce portail mesure près de quatre mètres de large et trois de hauteurs. L’équipe explique à El Pais que la porte originale était constituée de bois, recouvert de métal clouté et gravé, tournant sur de grandes charnières. Aussi, cet accès nouvellement reconstitué est aligné avec un premier, précédemment identifié à l’ouest de la Plaza de Armas. Il est encastré dans des structures à arcades, au milieu de murs et d’un plafond recouvert de plâtre et de motifs floraux, décrit la même source.
Les restes de ses matériaux qui résisté aux flammes ont été analysés au laboratoire, permettant de mieux connaître les composantes de l’architecture et du bâtiment de ce monument parti en fumée, il y a plus de mille ans, au cours des guerres acharnées entre califes musulmans et rois chrétiens. Leur qualité dénote du fait que ces détails centraux dans la construction ont bénéficié d’un intérêt particulier chez les califes omeyyades, qui ont façonné l’architecture de Madinat al-Zahra à l’image de leur pouvoir : robuste, fascinant et pratiquement impénétrable.
Des excavations grandeur nature
C’est dans cet esprit qu’Abderraman III (912 – 961) a ordonné l’édification de cette citée mythique en 936, sur une centaine d’hectares incluant palais califal, dépendances administratives et annexes militaires.
Fief des califes omeyyades (630 – 1031) à Al-Andalus, Madinat al-Zahra est accessible à travers plusieurs entrées. Mais la principale reste celle-ci, sise à la Plaza de Armas, orientée vers l’est et ouverte sur un grand espace devant l’ancien palais califal. Ce portail est stratégique puisque c'était celui que les cavaliers du calife empruntaient.
Les recherches menées sur ce site font partie de plusieurs autres, menés depuis des mois dans différents endroits de l’Andalousie. En effet et depuis le début du 20e siècle, «seulement 10% de la cité entière a été fouillé», indique El Pais, qui rapporte que ce travail dans le cadre d’une restaurations de grande envergure devra toucher à sa fin en 2022, avec une ouverture au public.
Mais Cordoue n’est pas la seule cité au passé arabo-musulman qui est en travaux. A Murcie, un groupe d’archéologues ont découvert, en avril dernier, les vestiges d’un ancien palais califal du XIIe siècle, ce qui leur a permis de retracer des pans encore méconnus de l’histoire d’Al-Andalus.
Grâce à des fouilles entreprises depuis le mois de mars et étendues sur près de 5 000 m², ce site a été exhumé au pied de Castillejo de Monteagudo, avec un grand espace de jardin, de nombreux vergers et une piscine palatine. Les premiers éléments de cette trouvaille inédite indiquent une architecture étroitement apparentée à celle, unique, de la «ville resplendissante» où des émirs omeyyades de Cordoue ont élu domicile de 978 à 1009.
En septembre dernier, les vestiges de la colline d’Alarcos ont par ailleurs donné l’espoir aux chercheurs de dévoiler les mystères de tombes musulmanes oubliées qui remontent au XIIIe siècle. Célèbre pour avoir été le théâtre de la bataille éponyme, le lieu est en effet un point stratégique où les Almohades (1121 – 1269) et soldats du Royaume chrétien de Castille (1035 – 1516) ont croisé le fer, le 18 juillet 1195.
L’analyse de ces caveaux permettra d’en savoir plus sur les conditions de vie des populations locales de l'époque.