Le vote, par le Conseil de sécurité de l’ONU, de la résolution 2494 sur le dossier du Sahara occidental, a fait réagir le Maroc et le Front Polisario, quelques heures seulement après l’adoption du nouveau texte onusien.
Mercredi, l’ambassadeur représentant permanent du Maroc auprès de l’ONU, Omar Hilale, a exprimé la satisfaction du pays de cette nouvelle résolution. Lors d’une déclaration à la presse, le responsable a affirmé que le nouveau texte consacre pour la première fois les tables rondes en tant que «voie» dans laquelle les quatre participants (le Maroc, l’Algérie, la Mauritanie et le Polisario) doivent s’engager de manière constructive, complète et responsable jusqu’à sa conclusion.
Il a souligné que cette résolution consacrait et renforçait «l'élan positif généré par les deux tables rondes de Genève, qui ont une nouvelle fois été saluées par le Conseil de sécurité». Et d’ajouter que cet élan a balisé le terrain à la reprise, par le prochain envoyé personnel du prochain secrétaire général des Nations unies au Sahara, du processus politique là où l'ancien envoyé personnel Horst Koehler s'est arrêté.
Omar Hilale a également qualifié la résolution de «plus qu'un simple renouvellement technique» de la mission de la MINURSO car elle «affirme, renforce et consacre les paramètres fondamentaux» d'une solution politique.
Cette fois, la satisfaction du Maroc contraste avec la réaction du Front Polisario. Mercredi soir, dans un communiqué de son secrétariat général, le mouvement séparatiste a considéré que l'adoption de cette résolution «constitue un retour profondément regrettable et inacceptable au ''statu quo''» et «porte un coup sérieux à l'élan politique». Pour le Front, la nouvelle résolution reste «sans aucune action concrète pour faire avancer le processus de paix des Nations unies».
«Le Conseil de sécurité a manqué une autre occasion d'empêcher l'effondrement du processus de paix des Nations unies. Face aux échecs du secrétariat de l'ONU et du Conseil de sécurité d’empêcher le Maroc de dicter les termes du processus de paix et le rôle de l'ONU au Sahara occidental, le Front Polisario n'a d'autre choix que de reconsidérer son engagement dans le processus de paix dans son ensemble.»
Une fuite en avant à la veille du 15e congrès du Front
Fustigeant «l'intransigeance, l'obstructionnisme et le chantage du Maroc», le mouvement de Brahim Ghali rappelle avoir «toujours fait preuve de retenue» et d’«énormes concessions» pour que le processus de paix de l’ONU puisse avancer et réussir. «Nous nous réservons le droit légitime d'agir en réponse à toutes les actions déstabilisatrices du Maroc, puissance occupante au Sahara Occidental», peste-t-il.
Ce communiqué de presse du secrétariat général du Front Polisario trahit la déception des partisans de Brahim Ghali de la nouvelle résolution. Le mouvement semble, en effet, avoir épuisé tous ses moyens pour faire pression sur les Quinze, à commencer par la lettre adressée aux membres du Conseil de sécurité la semaine dernière pour appeler à la fermeture du poste-frontière d'El Guergarate.
De plus, cette menace, qui constitue une fuite en avant du mouvement, est également destinée à rassurer les soutiens du Front au sein même des camps de Tindouf, à un mois et demi du 15ème congrès du mouvement, prévu le 15 décembre prochain. Un rendez-vous que le mouvement séparatiste entame dans un contexte particulier, marqué par son affaiblissement diplomatique, ses échecs successifs sur le plan diplomatique ainsi que l’impact du Hirak qui capte toute l’attention des pouvoirs algériens.