Au Maroc connu pour ses chaînes montagneuses, l’Atlas a accouché d’une souris. Si la majorité des Marocains se sont plus souciés des retards des pluies que du remaniement ministériel, quelques irréductibles ont vraiment cru à l’espoir d’une nouvelle dynamique gouvernementale faite de compétences, d’hommes et de femmes providentiels. Le souffle nouveau ressemble étrangement aux gouvernements du passé avec une majorité relative de ministres sans appartenance politique.
Il faut tout de même reconnaître qu’il y a moins d’incompétents, non pas par la présence providentielle des technocrates mais tout simplement par la simple loi de mathématique : le nombre de maroquins a été presque divisé par deux. Ne cachons pas notre bonheur de voir partir Lahcen Daoudi, Mohammed Sajid, Bassima Hakkaoui, Mohamed Aujar, Mohamed Laâraj, Lamia Boutaleb, Mohamed Yatim ou encore Abdelkrim Benatiq.
Ce dernier intéresse tout particulièrement notre lectorat composé d’une majorité de Marocains résidant à l’étranger, puisqu’il s’est illustré par son inconsistance sur le dossier qui le concernait. Il a réussi à éclipser les piètres passages de ses prédécesseurs, notamment Anis Birou (RNI) ou Abdellatif Maâzouz (Istiqlal), et se retrouve loin, très loin, du bilan de son collègue de l’USFP - critiquable mais respectable - Mohammed Ameur.
Abdelkrim Benatiq, cet ancien syndicaliste toujours fier d’afficher ses talents de tribunicien, n’a laissé pour seul fait d’armes, que son effacement lorsque des milliers de Marocains étaient bloqués sur l’autoroute menant au port de Tanger Med, ou pire encore, sa communication précipitée suite à la mort d’un couple de MRE dans un accident de voiture près de Bilbao.
Des conséquences de l’incompétence
Si le nouveau gouvernement El Othmani qui s’est vu imposer une cure minceur, s’est allégé de l’incompétence au sein du ministère des MRE, a-t-il pour autant recruté un «numéro 10 dans la team» ? Nezha El Ouafi n’est pas une nouvelle venue dans l’équipe gouvernementale, puisqu’elle déménage du secrétariat d’Etat chargée du Développement durable. De plus, son profil a le mérite de répondre à une vieille doléance de nombreuses associations de MRE : un ministère dirigé par une personne qui connaît intimement leurs problématiques. Pour avoir vécu plusieurs années en Italie, Nezha El Ouafi peut se dire légitime si l’on considère ce seul critère.
Pour autant, suffit-il d’être membre de la diaspora pour bien gérer le ministère des MRE ? L’appartenance fait-elle la compétence ? Si Nezha El Ouafi a depuis longtemps montré un intérêt certain pour ce maroquin, en tissant notamment des liens avec plusieurs associations lorsqu’elle était députée, elle a aussi fait la preuve de ses graves lacunes.
Lorsqu’on a des responsabilités politiques, il ne suffit pas de vouloir pour pouvoir, et être bien intentionné ne suffit pas. Pire, afficher son incompétence peut plomber durablement les dossiers dont on a la charge. C’est le cas de la question des droits sociaux des retraités chibanis en France pris en charge par celle qui était à l’époque députée. En 2015, Nezha El Ouafi avait tenu à communiquer sur «son travail» en faveur des chibanis : un mémorandum transmis au gouvernement français.
L’intention était bonne, si ce n’est la forme du document indigne d’être transmis de manière officielle, à un Etat étranger qui doit statuer sur le sort de nos compatriotes. Un memorandum truffé de fautes, plagiant un billet de blog d’un parlementaire français, et cerise sur le gâteau, signé par les présidents des huits groupes parlementaires marocains. Dès lors, il ne faudra pas s’étonner de voir nos compatriotes à l’étranger remettre en question la notion de compétence pour qualifier ce nouveau gouvernement.
De son côté, Nezha El Ouafi, qui ne manquait pas de critiquer les précédents ministres des MRE, devra prouver par les actes qu’elle est capable de faire mieux qu’eux mais aussi laisser une empreinte plus marquante que son bilan au secrétariat d’Etat chargé du Développement durable. Il serait tout de même absurde que le seul ministère chargé d'identifier les compétences marocaines à l'étranger soit dirigé par une personne taxée d'incompétence.