Dans son nouveau rapport sur la situation au Sahara occidental, le secrétaire général reste convaincu qu’une solution du conflit est «possible» à condition que «les deux parties et la communauté internationale aient une forte volonté politique». Un optimisme toutefois prudent ; Antonio Guterres regrette «l’absence de confiance» entre le Maroc et le Polisario.
Il constate néanmoins que «dans l’ensemble la situation sur le terrain est relativement calme». Les violations du cessez-le-feu relevées dans son rapport d’avril dernier et attribués aux Forces armées royales ont été en grande partie réglées. Aussi, les casques bleus «n’ont pas enregistré davantage de violations des deux côtés du mur de sable», indique-t-il.
C’est dans ce contexte de calme précaire que la MINURSO a proposé aux deux parties la création d’un mécanisme militaire devant se réunir une fois par mois pour suivre les incursions observées des deux côtés. Les FAR et le Polisario ont salué l’initiative. Néanmoins, ils ne sont pas tombés d’accord sur le lieu devant accueillir les réunions de ce mécanisme, indique-t-il.
El Guerguarate fragilise le calme précaire
Le passage d’El Guerguarate reste «une source de tension entre les commerçants, des protestataires et des fonctionnaires de la douane marocaine», reconnait le secrétaire général. Depuis avril dernier, les éléments de la MINURSO ont compté «54 opérations entravant la circulation». Ils interviennent parfois dans un «cadre non-officiel» pour libérer la route ou apporter de l’aide à des touristes en situation de détresse.
Le secrétaire général se dit, par ailleurs, préoccupé par «les derniers développements à El Guerguarate. La hausse des activités commerciales et civiles ont conduit à «des tensions dans cette zone sensible». Aussi il invite à «garantir la libre circulation civile et commerciale» et exhorte les «deux parties à s’abstenir de commettre des actes à El Guerguarate et dans toute la zone tampon et de les dénoncer publiquement».
Violations des droits de l’Homme : un certain équilibre
Sur la question des droits de l’Homme, le rapport du secrétaire général de l’ONU a visiblement instauré un certain équilibre entre le Maroc et le Polisario. Le texte cite notamment les manifestations de commerçants sahraouis des camps de Tindouf contre les restrictions à la circulation imposées par la direction du Front et les protestations des proches du disparu Khalil Ahmed, l’ancien conseiller de Mohamed Abdelaziz.
Guterres a brièvement évoqué l’arrestation «d’un défenseur des droits de l’Homme» et d’un «bloggeur» dans les camps de Tindouf mais sans donner leurs noms ni faire mention de l’interpellation d’un autre opposant, ni évoqué leur incarcération depuis juillet. C'est sa manière toute en prudence pour aborder le cas des trois activistes sahraouis : Moulay Abba Bouzeid, Fadel Breika et Mahmoud Zeidan.
Sur le volet consacré au Maroc, le secrétaire général a fait savoir que la Commission des Nations unies des droits de l’Homme «est préoccupée» de rapports faisant état de la «poursuite de restrictions systématiques imposées par les autorités marocaines sur les droits à la liberté d’expression, de manifester pacifiquement et de création d’associations au Sahara occidental». La Commission, souligne-t-il, a eu des informations sur des «détentions arbitraires d’avocats, de bloggeurs, de journalistes et de défenseurs des droits de l’Homme» et «d’expulsions forcées» de ressortissants européens qui visitent la province. L’instance onusienne continue de recevoir des lettres de la part d’avocats portant sur «la torture de prisonniers sahraouis dont le groupe de Gdim Izik».
Le secrétaire général indique que le représentant permanent du royaume à l’ONU lui a adressé, le 9 septembre, un message. Dans lequel, Omar Hilale fait état des «efforts du Maroc dans la consolidation et la protection des droits de l’Homme» et apporté des réponses sur certains incidents ayant secoué les villes du Sahara.