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Grand Angle

Maroc : Les arnaques du hrig, ou la vie de jeunes partie en fumée

Depuis quelques jours, des corps de Marocains sont repêchés au large des côtes entre Mohammedia et Casablanca. Ces drames rappellent la douloureuse réalité de jeunes, de plus en plus nombreux à tout sacrifier pour une traversée vers l’Europe, au péril de leur vie.

Publié
Photo d'illustration / Ph. DR.
Temps de lecture: 3'

Samedi matin, les corps de sept citoyens marocains ont été découverts sur la plage de Aïn Harrouda, dans la préfecture de Mohammedia. Lundi matin, les autorités locales et la police ont retrouvé cinq nouveaux corps sans vie, au large de Casablanca, au niveau de la plage Nahla dans la commune de Sidi Bernoussi. Ces drames alertent sur le retour en force de la tentation pour le hrig chez des jeunes prêts à tout pour rejoindre l'eldorado européen. Les réseaux mafieux en profitent parfois pour vendre de fausses traversées qui se révèlent parfois dramatiques.

Mohamed Benaïssa, président de l’Observatoire du nord pour les droits de l’Hommes (ONDH), explique à Yabiladi que cette tendance est relativement nouvelle et «encore peu connue des acteurs concernés par la question migratoire, car on entend encore peu parler des victimes». Il nous rappelle d’ailleurs que «la problématique a été révélée l’an dernier, avec un premier drame au large de Kénitra». 

Pour le militant, l’émergence des traversées depuis l’Atlantique est symptomatique d’une détresse de plus en plus répandue chez les jeunes qui, d’une part, rêvent d’une vie meilleure et d’autre part, se confrontent à des injustices quotidiennes, à un difficile accès à leurs droits et à des horizons fermés. Il ajoute que «la demande de migration s’est tellement accrue chez les jeunes, par l’échec de l’éducation et de l’emploi, qu’ils ne réalisent pas que les réseaux de trafic en profitent pour s’enrichir et innover dans des entreprises périlleuses.»

Des nouvelles formes de migration coordonnée

«Il existe des canaux dits traditionnels de trafic, où ce voyage s’opère en échange d’une grosse somme d’argent, par le biais d’embarcations pneumatiques, en bois, ou d’autres matériaux plus sophistiqués, en coordination avec un réseau organisé de passeurs. Mais aujourd’hui, de nouvelles formes ont émergé», constate le président de l’ONDH. On assiste à une «industrialisation» des opération de hrig. «Nous remarquons désormais un phénomène de trafic par le biais des réseaux sociaux, où des personnes prennent contact avec les jeunes pour leur proposer ce voyage, sur des pages spécialement dédiées, où on leur explique les conditions, on leur propose de ne payer qu’une fois arrivés à destination, etc.», nous explique encore Mohamed Benaïssa.

«Dans certains cas, ces réseaux peuvent prendre en otage des jeunes en pleine forêt dans le nord du Maroc et faire croire à leurs parents qu’ils sont arrivés en Europe afin de leurs soutirer de l’argent.»

Mohamed Benaïssa - ONDH

Très souvent, les victimes «ne font pas part de leurs mésaventures aux autorités locales ou même aux associations», constate le militant en évoquant «une omerta sur ces situations que les associatifs tentent en tout cas d’accompagner». «Par le passé, nous avons pris connaissance de cas de Marocains et même de Subsahariens qui ont été arnaqués en étant transportés d’une côte marocaine à l’autre avec l’ordre de rester cachés durant la nuit, mais ils découvrent au final être restés dans le pays», souligne encore Mohamed Benaïssa.

Détournement de la détresse des jeunes

Coordinateur de l’association Pateras de la vida, Fouad Akhrif nous fait part de «situations humaines pires encore». «Il existe des passeurs qui prennent l’argent des jeunes candidats à la migration mais au lieu de les conduire à destination, ils les livrent à la police», nous affirme-t-il. «D’autres encore s’organisent entre eux pour se procurer une petite embarcation pneumatique, voler un moteur dans le port ou l’acheter et entreprendre le voyage par eux-mêmes», explique le militant.

«Des mafias actives dans plusieurs villes recueillent les candidats à la migration et organisent des traversées qui tournent mal en pleine nuit, lorsque le conducteur somme parfois certains locaux de redescendre à cause de la surcharge, sous la menace d'un arme blanche et sans remboursement.»

Fouad Akhrif

En espérant limiter les conséquences de cet investissement basé sur le trafic des jeunes, Fouad Akhrif nous explique travailler sur la sensibilisation. «Nous entreprenons ces actions auprès des enfants, des adolescents, dans les écoles, les petites villes et les villages», explique-t-il à Yabiladi. «Nous travaillons aussi avec les centres de mineurs en Espagne, les migrants subsahariens au Maroc, ...», ajoute-t-il.

Mais cet accompagnement et cette sensibilisation se heurent à une grande détermination des jeunes, convaincus de trouver une vie meilleure ailleurs même en partant de rien. «Il est pratiquement impossible aujourd’hui de convaincre un Marocain que la migration n’est pas une solution», affirme Fouad Akhrif. Et d’ajouter que «beaucoup restent persuadés que partir en Europe peut se faire facilement, du moment qu’une pateras, un kayak ou même une moto aquatique est disponible pour rallier le continent européen, perçu comme le bastion des droits humains, où les injustices sociales vécues ici n’existeraient pas ou peu».

Le coordinateur de Pateras de la vida estime que cet état d’esprit traduit «l’urgence d’investir sur les capacités de ces jeunes pour les sortir de leur désoeuvrement». Dans ce sens, Fouad Akhrif insiste sur «l’impératif de la lutte contre le chômage chez les jeunes pour leur permettre d’avoir un toit, un accès aux services publics, une possibilité d’améliorer leur niveau d’instruction et donc une dignité».

Article modifié le 02/10/2019 à 21h50

najab75
Date : le 03 octobre 2019 à 16h34
le problème est beaucoup plus profond.en vérité on forme vraiment une nation . la vie s arrête a la famille le drapeau l hymne ce que de folklore
stinky
Date : le 03 octobre 2019 à 15h51
J'en connais beaucoup aussi nike au pied et bière à la main, cheveux gomminés, qui ne respecte pas les gens sortant du métro, surtout les demoiselles... les choses sont plus compliquées que ça...
Citation
boutfounaste76 à écrit:
Quand ont a un pays blindé par des vipères Le pays et ruiner par ces voleurs de tous horizons alors que voulez vous faire. Je côtoie pleins de jeune qui sont ici sans papier qui travaille pour sans sortir et que des personnes de notre communauté profite de leurs sort sa me Rand fou de rage???
Btof
Date : le 03 octobre 2019 à 15h06
dire que tout va bien au maroc, en algerie ou en tunisie c'est criminel. les politiciens continuent a se remplir les poches en meprisant le peuple. ces jeunes ne meritent pas de mourir comme des moins que rien pour cause de gens corrompus jusqu'a la moelle qui volent et detruisent le pays et l'avenir de tant de millions de gens. ils detruisent la nature, l'economie, la sante, la justice et les reves. ces politiciens font courrir un risque aux 3 pays qui vont se retrouver comme la lybie dans un merdier pas possible. les politiciens sont des traitres a la nation
Rio de oro
Date : le 03 octobre 2019 à 13h04
Qu'ils prennent cette réussite réalisée ailleurs ,comme Un exemple à faire ici au Maroc, Tous les « ingrédients » sont disponibles même ici, il suffit Que choisir ce que l'on veut faire de son avenir, Quand on est un bosseur ,tamara existe partout, les bricolages aussi, Apprendre des metiers etc... Regarder la réussite des autres oui pour l admirer et faire La même chose au pays , ne pas imiter l instinct mouton, Dire que ça n existe qu'à l étranger. Au Maroc,il y a beaucoup de chose à faire,la réussite est Au rendez vous,pour ceux et celles qui veulent vraiment Travailler au pays. L'eldorado a longtemps changé de camp pour le Maroc. Une importante communauté européenne s installe au Maroc. Restez chez vous,contribuer à la construction de votre Pays, Déserter ses racines pour aller bosser ,faites_le chez vous La réussite chez soi reste la meilleure. Pour l Europe,venez y comme touriste en règle carte bancaire dans la poche. Un point de vue , d un constat.
Sifaw30
Date : le 03 octobre 2019 à 11h38
Ça serait bien qu'il n'attende pas trop longtemps. On a suffisamment souffert comme ça. Stop
Citation
Yazinadirilatay à écrit:
Qu'Allah vienne en aide à tous ces jeunes qui pensent que le hrig est la seule solution pour sortir de leur misère sociale.
Pistachia
Date : le 03 octobre 2019 à 10h55
Exactement. Et ca me tue ça. Comment oser faire ça. C'est juste une honte ! Du coup c'est normal et légitime que ces jeunes veulent quitter le Maroc quand ils voient toutes ces belles "réussites" venant d'Europe.
Citation
stinky à écrit:
" Malheureusement certains ont quitté le Maroc et rentrent l'été montrer leur "réussite". Alors ca attirera encore et toujours des jeunes qui seront prêt à tout." Le pire, c'est ceux qui sont au rsa, bouffent des pates tous les jours et rentrent 1 mois par an pour briller et en mettre plein la vue.. La pire espèce On aura tous des comptes à rendre là dessus sad smiley
Rio de oro
Date : le 03 octobre 2019 à 10h50
Je suis d'accord ,c'est un peu à l'Etat que ça incombait,le devoir de les encadrer etc... mais ,soyons justes, pourquoi ces jeunes qui n'ont pas eu leur chance d'encadrement par cet Etat, ne prennent-ils pas leur avenir en main ,et aller apprendre un métier et de là monter un petit atelier ,petit à petit un commerce,contracter un petit prét bancaire pour se faire, il m'a été donné de voir un jeune courageux ,bien déterminé ,qui a commencé d'acheter des cageots de poisson dans le gros et revendre en détail dans la Médina,et ça a marché merveilleusement bien pour lui. ce ne sont pas les occasions qui manquent, mais les méninges à faire remuer.
Marok92
Date : le 03 octobre 2019 à 10h25
Je les vois souvent tous ces marocains de 15/16 ans dans le 18e, ils font de la peine ...
Etretat76
Date : le 03 octobre 2019 à 10h04
Quand ont a un pays blindé par des vipères Le pays et ruiner par ces voleurs de tous horizons alors que voulez vous faire. Je côtoie pleins de jeune qui sont ici sans papier qui travaille pour sans sortir et que des personnes de notre communauté profite de leurs sort sa me Rand fou de rage???
stinky
Date : le 03 octobre 2019 à 08h07
" Malheureusement certains ont quitté le Maroc et rentrent l'été montrer leur "réussite". Alors ca attirera encore et toujours des jeunes qui seront prêt à tout." Le pire, c'est ceux qui sont au rsa, bouffent des pates tous les jours et rentrent 1 mois par an pour briller et en mettre plein la vue.. La pire espèce On aura tous des comptes à rendre là dessus sad smiley
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