Ce vendredi, des sources médiatiques ont rapporté que le spectre d’une nouvelle paralysie plane à nouveau sur l’aéroport international Mohammed V de Casablanca. Après plusieurs mois de grèves, c’était en juillet quand bagagistes et autorités de l’aéroport (composées de l’ONDA, RAM Handling, la préfecture de Nouaceur et la direction régional de l’emploi) ont conclu un accord social, mettant fin à la première grève. Ce vendredi, les tensions auraient repris au sein du plus grand aéroport du Maroc, poursuit-on de mêmes sources.
Contacté par Yabiladi ce vendredi, Noureddine Soulaik, secrétaire général adjoint et membre du secrétariat national de l’UMT, chargé du dossier des services terrestres dément toute grève en vue. «Même s’il y a des événements particuliers au sein de l’aéroport, le travail se poursuit et le personnel assurant les services terrestres de l’aéroport effectuent ses missions», nous assure-t-il. «Il n’y a pas de grève et ceux qui l’affirment sont des menteurs et présentent des informations erronées», fustige-t-il.
Le maintien de la situation comme elle était au lendemain de la conclusion de l’accord social interviendrait, toutefois, dans des conditions «fragiles». Car, «depuis sa signature en juillet, aucun article de l’accord social n’a été appliqué», peste Noureddine Soulaik pour qui «la RAM Handling, la RAM et l’ONDA en sont responsables».
«La poursuite du travail à l’aéroport dépend de trois composantes essentielles : qu’il y ait des bagagistes, qu’il y ait des chefs d’équipe appartenant à Ram Handling pour des raisons de sécurité ainsi que les outils de travail. Et il y a des dysfonctionnements dans chacune de ces composantes.»
Les bagagistes s’estiment menacés dans leurs acquis
Evoquant des «conditions de travail très mauvaises», il dénonce que «les droits sociaux et économiques évoqués dans l’accord n’aient pas, non plus, été mis en œuvre dont la déclaration des salaires par l’entreprise sous-traitante aux caisses de sécurité sociale».
«Nous sommes pour la continuité des services de l’aéroport et nous volons que notre aéroport soit une vitrine à l'international, mais les droits socio-économiques des employés doivent être également garantis», ajoute-t-il. Et d’indiquer que les moyens pour réagir à cette situation sont «discutés actuellement» au sein de la centrale syndicale.
Noureddine Soulaik précise aussi que ce vendredi, RAM Handling aurait fait appel à un personnel pour assurer les services terrestres. «Nous nous posons la question car la filiale de la RAM avait déclaré ne pas pouvoir recruter 100 personnes alors qu’actuellement elle mobilise des centaines de personnes pour assurer ces missions en cas d’urgence», conclut-il.
De son côté, Youness Rafaî, secrétaire général du syndicat des travailleurs des services terrestres évoque la situation de ce vendredi. «La programmation qu’on utilisait jusque-là a été changée aujourd’hui par la RAM Handling, sans nous avertir. Elle vient de nous imposer son propre-programme», nous déclare-t-il. Grand point de changement selon lui, les bagagistes doivent travailler «six jours et se reposer un seul jour contre quatre jours de travail et deux jours de repos auparavant».
De plus, «ceux venus ce matin ont été surpris de voir qu’ils ne figurent pas sur la liste. Nous ne savons pas s’ils ne travailleront pas qu’aujourd’hui ou s’ils ne travailleront plus jamais», ajoute-t-il, inquiet. «Non seulement ils ne nous ont pas donné nos droits mais ils ont même porté un coup à nos acquis», regrette Youness Rafaî.
La fin de l’auto-programmation et le pointage à l’origine de la polémique ?
Pour sa part, RAM Handling apporte un tout autre son de cloche. Contactée par notre rédaction, une source autorisée de RAM Handling rappelle qu’elle «oblige toute entreprise de sous-traitance d’avoir les mêmes conditions, de respecter le code du travail et veiller à la préservation des acquis du personnel». Elle ajoute que «ce personnel travaille sous des contrats CDI» et que «personne ne travaille dans des conditions précaires».
Rappelant que le personnel des services terrestres «ont eu une augmentation plus qu’honorable de 30% de leurs salaires et des avantages», notre interlocuteur précise que l’employeur sous-traitant de RAM Handling, s’est engagé à mobiliser une enveloppe de 50 millions de dirhams supplémentaire.
«Mais on leur a dit d’arrêter de faire la programmation et de s’auto-planifier car ce n’est pas leur travail et d’accepter un système de pointage, ce qu’ils refusent toujours», déclare-t-il.
«Si l’entreprise ne contrôle rien et ne gère rien, elle ne sait pas si le personnel a effectivement fait ses heures ou s’il était présent tel jour», nous confie notre source, rappelant que «les heures supplémentaires coûtent 4 millions de dirhams de plus par mois». Quant au personnel travaillant ce vendredi à l’aéroport, notre source déclare :
«On a eu recours à du personnel, un peu formé à l’activité de bagages. Ce sont le personnel de la RAM et de RAM Handling. Des cadres, des agents et même des directeurs de la compagnie nationale qui font cet acte volontairement.»
Et de rappeler, quant aux réactions des bagagistes à ce qu’ils considèrent comme «retard dans l’application de l’accord social» que l’entrée en vigueur de celui-ci «n’est prévue que le 1er octobre selon le document signé entre les parties en juillet».
De plus, sur le système de pointage évoqué, une source proche de ce dossier nous a déclaré que «c’est la commission de l’Intérieur chargé de ce dossier qui aurait décidé d’instaurer le pointage». «On ne peut pas laisser l’aéroport dans cette situation donc l’Etat a pris les choses en main. Ceux qui veulent travailler vont rentrer mais ceux qui refusent le pointage ne pourront pas accéder à l’aéroport», tranche-t-elle.