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Grand Angle

Cour des comptes : L’audiovisuel public marocain, un secteur en perpétuelle souffrance

A l’instar d’un secteur médiatique privé en souffrance, la situation de la SNRT et de Soread 2M, deux composantes du pôle audiovisuel public, ne prête pas à l'optimisme. C’est ce qui ressort du rapport annuel 2018 de la Cour des comptes.

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Image d'illustration. / DR
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Les maux et les défaillances du secteur audiovisuel public au Maroc ont été au cœur du dernier rapport de la Cour des comptes. Publié mercredi, le document qui revient sur les faits saillants de 2018 et qui a été présenté précédemment au roi Mohammed VI, énumèrent un bon nombre d’observations relatives à la Société nationale de radiodiffusion et de télévision (SNRT) et de la société Soread 2M.

Pour la première, qui se taille la part du lion de ce chapitre, la Cour des comptes n’y va pas par quatre chemins. Evoquant une société «sans document définissant ses orientations stratégiques», le rapport regrette que cette question ait pourtant été soulevée lors de la réunion tenue du Conseil d’administration de la SNRT, le 30 juin 2005.

Et les observations négatives se succèdent pour la structure siégeant à Dar El Brihi. Les sages de Driss Jettou regrettent, en effet, le non renouvellement du contrat programme entre la SNRT et l’État, la non tenue d’une comptabilité analytique de la société, la «quasi-absence de manuels de procédures formalisées» ou encore la non-actualisation du règlement des achats.

La situation financière fragile de la SNRT

Sur la gestion financière et budgétaire de la société, la Cour des comptes met en garde contre une «situation fragile» de la SNRT, avec notamment la prédominance des subventions accordées par l’État comparées aux ressources propres. Des subventions qui, encore faut-il le rappeler, «sont d’ailleurs octroyées sans cadre contractuel à partir de 2012» et s’inscrivent dans une tendance haussière, précise-t-on.

Pour ce qui est de la gestion des recettes publicitaires de la SNRT, celle-ci dispose, selon la Cour, d’un potentiel publicitaire non vendu capable de générer des recettes importantes et d’augmenter son chiffre d’affaires annuel. «En effet, les taux de remplissage prévisionnels retenus par la régie publicitaire restent largement en-deçà des réserves des écrans publicitaires dont dispose la SNRT», ajoute le document.

En outre, les recettes générées par la vente des espaces publicitaires de la SNRT ont enregistré une «tendance baissière». A cela s’ajoute un déséquilibre criant entre les recettes générées par les supports TV (principalement Al Aoula et Arriyadia) et celles des supports radios.

Mais là où le bât blesse, c’est la gestion de la production des programmes de télévision. Le rapport fustige «l’accumulation d’année en année de programmes non-diffusés» ou encore l’absence d’une commission de visionnage des programmes livrés qui n’a pas été instituée.

De plus, le rapport critique aussi des problèmes liés à la gestion de l’approvisionnement en électricité pour le fonctionnement des stations de la télédiffusion. La Cour parle même, à cet égard, de «problèmes de raccordement des stations en électricité» et l’accumulation des factures d’électricité impayées.

Le document regrette aussi qu’après 12 ans, le pôle audiovisuel public tel que préconisé par le Conseil supérieur de la communication audiovisuelle de la HACA, regroupant la SNRT et Soread 2M n’a toujours pas été mis en place.

2M, la situation financière est également alarmante

D'ailleurs, la chaîne d’Ain Sbaâ n’échappe pas non plus à la mission du contrôle de la gestion des sages de Driss Jettou. Ainsi, le document rappelle que contrairement à la SNRT, la part des subventions de l’Etat dans les produits de la Soread 2M représente en moyenne 7% et ce, depuis 2013. «Bien qu’elle soit une chaine publique, la Soread se finance essentiellement par ses recettes publicitaires», fait savoir la cour, qui considère que «ce modèle économique rend les arbitrages difficiles entre rentabilité financière et obligations du service public telles que définies dans le cahier des charges de la chaine». La Cour tire toutefois la sonnette d’alarme quant à la situation financière de 2M qui «ne réalise que des résultats déficitaires» depuis 2008.

Pour les sages de la Cour, «l’ensemble des agrégats comptables et financiers de la Soread sont alarmants». Une situation qui n’épargne par Radio 2M ni l’activité numérique. Le rapport critique aussi, au passage, les attributions des opérations de publicité à Régie 3, qui est aussi en même temps le régisseur exclusif de Médi1 TV et Radio Medi1.

L’occasion de critiquer aussi le non renouvellement du contrat programme entre l’Etat et la chaîne d’Ain Sbaâ depuis celui couvrant la période 2010-2012 bien que l’Etat ait octroyé des subventions après cette date et la gouvernance de Soread. En effet, la Cour lui reproche notamment l’acquisition de programmes via des contrats de sponsoring bien que son cahier des charges de 2012 exige pour la conclusion des contrats de production externe ou coproduction et le recours à la concurrence à travers des appels d’offres. Les sages de Driss Jettou critiquent aussi le fait que la chaîne ne dispose pas d’une procédure formalisée pour l’acquisition des droits de diffusion.

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