Quelques jours après l'annonce par Oliver Bienkowski que son ONG construisait un mémorial de l’Holocauste à Ait Faska, un village proche de Marrakech, les autorités ont très rapidement réagi en démolissant le projet, arguant qu'il ne disposait pas des autorisations requises.
Si le mémorial a été réduit en poussières, la polémique n'est pas éteinte. En effet, des voix marocaines anti-normalisation continuent de dénoncer ledit projet après avoir exhorté les autorités à intervenir pour empêcher ces monuments commémorant les crimes nazis contre les juifs et rendant hommage également à la communauté LGBTQ+. Plusieurs activistes et personnalités islamistes ont ainsi pris position sur les médias sociaux pour dénoncer le projet de «Mémorial de l'Holocauste à Marrakech», lancé par PixelHelper.
Les militants anti-normalisation souhaitent un mémorial pour Sabra et Chatila
Dans un post Facebook, Aziz El Hannaoui de l'Observatoire marocain contre la normalisation avec Israël a dénoncé la mise en place de ce mémorial. «Pourquoi ne construisons-nous pas un mémorial pour les victimes du véritable terrorisme sioniste qui visait les Palestiniens depuis 70 ans ?», s'est-il interrogé. «Pourquoi n'y a-t-il pas de mémorial pour les personnes tuées par les sionistes en 1967», a-t-il continué en mettant en exergue «l’absence d’un mémorial pour les victimes de l'Holocauste israélien contre les enfants de Sabra, Chatila, Deir Yassin, Jénine, Gaza et Qana». Et d’affirmer que le Maroc n'avait rien à voir avec l'Holocauste pour «accueillir l'un de ses monuments commémoratifs».
Après le communiqué des autorités informant que le mémorial d’Ait Faska a fait l’objet d’une démolition, Aziz El Hannaoui s’est à nouveau exprimé sur le sujet. «Cela ne sert à rien de détruire le mémorial de l'Holocauste... sans révéler les tenants et les aboutissants de ce scandale : comment, quand, où et comment a-t-il été en chantier pendant un an», dénonce-t-il.
D’autres militants pro-palestiniens ont dénoncé le projet, dans des déclarations accordées à des médias nationaux et internationaux, tout en insistant sur son «caractère normatif» avec l'entité sioniste.
Islamistes et salafistes contre le mémorial
De son côté, le salafiste marocain Hammad Kabbaj s’est aussi exprimé au sujet du mémorial de l’Holocauste, qualifiant le projet de «triste nouvelle». «Comment l'Etat peut-il permettre cela, sachant que nous n'avons pas encore construit de mémorial pour les Palestiniens et les atrocités de l'Etat sioniste», a-t-il déclaré. Pour le salafiste proche du PJD, tolérer un mémorial pareil est un «crime et une violation grave de la souveraineté nationale», et une tentative visant à «affecter notre histoire, notre civilisation et les éléments de notre identité».
De son côté, le salafiste marocain Hassan Kettani a qualifié ce projet de «moquerie», rappelant que le Maroc «n'a rien de commun avec l'Holocauste pour abriter un mémorial» de ce type.
Le mouvement islamiste Al Adl wal Ihsane a lui aussi condamné la construction du mémorial de l'Holocauste, via sa page Facebook. «Saviez-vous que la ville de Marrakech, connue pour son histoire et sa civilisation, est la ville des martyrs et des justes conquérants ?», a-t-il rappelé, notant que la ville ocre a été le lieu «d'où partaient les soldats et les Marocains à bord de la plus grande flotte pour soutenir Salaheddine El Ayoubi contre les croisades et pour libérer Al Qods en 1187».
Ces vives réactions interviennent après que les autorités d'Al Haouz aient déclaré dans un communiqué que le mémorial de l'Holocauste à Ait Faska et l'association responsable du projet n'avaient pas reçu les autorisations nécessaires pour ce projet. Lundi, dans une vidéo live sur Facebook, l'associatif responsable du projet a filmé la démolition du mémorial et ses monuments.